Snowpiercer, le Transperceneige – Bong Joon-ho

Libre adaptation, violente et engagée, de l’une des plus grandes séries de science-fiction en bande dessinée jamais écrites, Le Transperceneige de Jacques Lob (scénario), Jean-Marc Rochette (dessin) et Benjamin Legrand (scénario après la disparition de Lob), Snowpiercer, cinquième long métrage du talentueux cinéaste coréen Bong Joon-ho, est une œuvre digne de la BD française culte des années 80.

Le Transperceneige.jpg

2031. Une nouvelle ère glaciaire. Dans un monde post-apocalyptique où il ne reste plus rien, les derniers survivants ont pris place à bord du Snowpiercer, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter. Dans ce microcosme futuriste de métal fendant la glace, s’est recréée une hiérarchie des classes contre laquelle une poignée d’hommes entraînés par l’un d’eux tente de lutter. Car l’être humain ne changera jamais…

Produit par son confrère et compatriote Park Chan-wook, réalisateur de l’immense « Trilogie de la vengeance », Sympathy for Mr. Vengeance (2002), Old Boy (2003) et Lady Vengeance (2005) mais également de Je suis un cyborg (2006), Thirst (2009) ou encore Stoker (2013), Snowpiercer est le premier film en langue anglaise de son auteur. Projet international titanesque d’une ampleur considérable, la conception de ce film a été une véritable odyssée de près huit années. La présence de Park Chan-wook à la production du film a été précieuse auprès des investisseurs du film mais c’est surtout sa complicité artistique et amicale avec le réalisateur qui a provoqué des discussions, des débats et des décisions productives.

City.jpg

C’est en hiver 2005, dans une librairie spécialisée de Séoul qu’il fréquente que le réalisateur Bong Joon-ho découvre par hasard la bande dessinée française : Le Transperceneige. Il a toujours été obsédé par les trains, ces véhicules longilignes qui serpentent sur des rails et aux déplacements magnifiques et graphiques. De L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat (1895) des frères Lumière à A bord du Darjeeling limited (2008) de Wes Anderson, en passant par Runaway Train (1985) de Andreï Konchalovsky, le film référence de Bong Joon-ho sur un train fou écrit par Akira Kurosawa, ou encore traversant les filmographies de grands cinéastes tels que Sergio Leone ou Alfred Hitchcock, le train (le chemin de fer, la voie ferrée) a toujours inspiré l’Art cinématographique dont il est très proche par le rythme et le mouvement. De plus, le train est un espace confiné et représente un véritable challenge en termes de mise en scène. Fasciné par le caractère cinématographique que lui évoquent les multiples parties métalliques d’un train gigantesque, grouillant d’activité humaine et se déplaçant tel un serpent, il lit la BD d’une traite et sent qu’il doit la porter à l’écran.

A ce moment là, il travaille à la pré-production de The Host quand Moho Films, la maison de production créée par le réalisateur Park Chan-wook lui propose de réaliser un film. Aussitôt il suggère Snowpiercer. C’est alors que commencent les démarches pour obtenir les droits d’adaptation de la BD et le projet. Ces derniers sont signés l’année suivante, en 2006, mais ce n’est qu’en 2010, après le succès critique et public de Mother que débute le travail sur le scénario qui durera toute l’année. Il écrira deux versions du scénario en coréen puis, pour la traduction en anglais, séduit par la noirceur et l’acuité dans les relations filiales et familiales de 7h58 ce samedi-là (2007) de Sidney Lumet, il fera appel au scénariste Kelly Masterson. La pré-production à Séoul s’effectue au cours de l’année 2011 et se sont les studios Barrandov (les plus grands d’Europe) en République Tchèque qui sont choisis comme lieu de tournage. Tournage qui se déroulera durant trois mois au printemps 2012.

Bong Jung-ho

Bong Joon-ho s’est fait un nom et une excellente réputation dans le cinéma en général et en Corée en particulier en seulement quatre films ayant chacun obtenu une flopée de récompenses dans les festivals de cinéma à travers le monde entier : Barking Dog (2000), Memories of Murder (2003), The Host (2006) et Mother (2009). Il a également réalisé Shaking Tokyo (2008), l’un des films du triptyque Tokyo !, avec Michel Gondry et Leos Carax, présenté au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard.

Comme dans ses précédents films, qu’il s’agisse d’un tueur en série, de l’unité d’une famille dysfonctionnelle lors de l’apparition d’un monstre dans la rivière Hangang ou encore d’une mère qui sombre dans la folie, dans Snowpiercer Bong Joon-ho sonde la nature humaine dans des circonstances extrêmes. Cette histoire lui était destinée. La bande dessinée n’ayant pas la même grammaire que le cinéma, les deux Arts étant très différents dans le rythme, le réalisateur l’a donc adaptée en évitant les pièges et en trouvant une histoire entièrement nouvelle avec de nouveaux personnages afin de créer son Snowpiercer, dynamique, personnel et chargé d’émotions cinématographiques.

CEvans

Essentiellement attaché à la métaphore sociale du train et à l’environnement, le réalisateur a changé l’intrigue du film. Certains personnages et péripéties ont disparu pour être remplacés par d’autres. Les éléments principaux sont toujours présents mais ses enrichissements sont importants. Il s’est concentré sur le premier volume en termes d’intrigue : Un héros, Curtis (Chris Evans), solitaire, qui remonte du fond du train jusqu’au premier wagon et dont le parcours va être explosif et destructeur. Un road movie de deux heures à l’intérieur d’un train. Sa révolte enflamme un peuple entier et il devient une sorte de Che Guevara ou de Spartacus suivi par la foule. En offrant à Chris Evans un rôle d’anti-Captain America, Bong Joon-ho permet à ce dernier de bousculer son image publique pour son plus grand bien. Curtis, le leader de la révolution, prépare depuis longtemps la révolte des passagers de la queue du train, convaincu que Gilliam devrait remplacer Wilford qui est à l’origine de la tyrannie, de la dictature et des inégalités régnant dans le train. Ici, la progression intellectuelle du héros est liée à sa progression physique dans l’histoire, donc, à sa progression dans le train. Les figures tutélaires du début de l’odyssée en queue de train puis en tête de train à la conclusion, polarisent l’évolution du héros. Gilliam, le leader spirituel de la queue du train est un sage, une sorte de Mahatma Gandhi que seul un grand acteur de la classe de John Hurt (Midnight Express (1978), Alien (1979), Elephant Man (1980), 1984 (1984), Melancholia (2011),…) pouvait incarner afin de transmettre aux spectateurs la spiritualité du personnage.

John Hurt

 Wilford, le concepteur du train et gardien de la Machine Sacrée est perçu comme le mal absolu, celui à vaincre, par ceux qui vivent en queue, mais, comme un demi-dieu par ceux qui vivent à l’avant. Il est l’autorité absolue du train. Grand ordonnateur de ce nouvel ordre mondial. Le peuple, adepte d’une pensée unique, est endoctriné dès le plus jeune âge par des contes, des chants partisans et autre vidéos de propagande. Le « système » est en bout de course, obsolète, il exploite les enfants, opprime le peuple, mais est maintenu artificiellement en place par toute sorte de fable et autre artifice. Ed Harris (Abyss (1989), Les Anges de la Nuit (1990), Nixon (1995), Rock (1996), Les Pleins Pouvoirs (1997), The Truman Show (1998), A History of Violence (2005), Gone Baby Gone (2007), Appaloosa (2008), Shérif Jackson (2013),…) apporte au personnage de Wilford une dimension plus complexe et pleine d’ironie.

ed harris

Ce sont donc ces deux figures paternelles qui structurent la progression psychologique du héros en même temps que la structure narrative du récit. A partir de ce socle dramatique, de cette mise en place, chaque wagon se transforme alors en étape symbolique où chaque expérience se double d’une rencontre décisive. Snowpiercer ressemble à une fable. L’illusion du réel reflète parfaitement notre monde. Nous sommes ici à la base, à l’essence même du récit de genre. Le train est évidemment une métaphore mais nous présente également une configuration qui se retrouve dans notre société. Ce film a une portée universelle. Il évoque les classes sociales, les oppressions et les résistances. Ici, la pyramide sociale est horizontale, la plèbe étant reléguée à la queue du train et chaque porte symbolisant un barreau de l’échelle sociale. Il commente la violence généralisée dans l’Histoire de l’humanité. Les survivants de cette Arche de Noé venant des quatre coins du monde lui confère une dimension intrinsèquement universelle. Le film incarne une ode universelle à la résistance dans laquelle chacun peut se projeter avec sa propre culture. La remarquable maîtrise du mélange des genres par son auteur permet à la violence de côtoyer l’humour et le surréalisme. Le traitement de ce film audacieux est à mille pieds au-dessus du traitement infantile au manichéisme puéril de ce que l’industrie cinématographique en général et Hollywoodienne en particulier ont l’habitude de nous servir.

Snowpiercer

Dans un train, impossible de faire des détours, il faut avancer. Ici les corps se heurtent et la sueur se mêle au sang. Dans ce train lancé à toute vitesse, tout le monde est emporté par une course en avant, héros et spectateurs. La mise en scène épouse la fuite en avant du sombre héros qui elle-même répond au mouvement perpétuel du train. Dans un contexte de fureur apocalyptique, nous sommes les témoins de l’énergie produite par le désir d’êtres humains, réunis par des circonstances exceptionnelles, de s’unir pour créer un monde nouveau. Bong Joon-ho montre cette énergie et la sensation cinématographique que cela provoque de manière spectaculaire et brutale. La forme de sa mise en scène inspirée vient faire écho à celle du récit avec maestria. Les possibilités de mouvements étant très limitées, il est parti de cette simple réflexion : « Pour se rendre du premier wagon au troisième, il faut fatalement traverser le second. Les raccourcis et les détours n’existent pas. » Il va donc créer la variété à l’intérieur même du mouvement qui s’oriente toujours dans la même direction: vers l’avant. Cette idée est le cœur même du processus de sa réalisation et fait toute la force du film et de sa narration linéaire. Ainsi, le spectateur progresse avec le héros sans pouvoir anticiper ce qui va se passer. De plans séquences virtuoses en scènes très découpées, sa mise en scène est remarquablement fluide et rythmée. On avance ! Le tout mené à un train d’enfer sans artifices scénaristiques (pas besoin de flashback ni d’ellipse explicatives). C’est non seulement par son intelligence mais aussi par sa modestie et sa « simplicité » que ce film force l’admiration.

Le tranceperceneige2.jpg

 La mise en scène met également l’accent sur l’ironie et l’absurde de cette histoire noire, froide et pessimiste. Dans ces décors baroques superbes, l’enchaînement des scènes délirantes fait immanquablement penser aux univers de Jules Verne et de George Orwell. Mais les références cinématographiques qui viennent à l’esprit sont Metropolis (1927) de Fritz Lang, 1984 (1984) de Michael Radford, Soleil Vert (1973) de Richard Fleischer et bien évidemment l’œuvre et l’univers de Terry Gilliam avec Brazil (1985) en particulier. Snowpiercer s’inscrit parfaitement dans la pure tradition des grands films de science-fiction post-apocalyptique et d’anticipation. Véritable satire au second degré de l’Humanité en général, cette lutte des classes dans la glace dénonce le cynisme du pouvoir et affiche clairement son refus d’accepter la médiocrité de notre société. Le parcours du train autour du monde évoque l’effrayante logique du cercle vicieux, l’éternel recommencement, le Mythe de Sisyphe. L’Humanité est condamnée à tourner sans cesse autour de la Terre. L’Humanité tourne en rond. Elle pense avancer mais revient sans cesse à son point de départ. Le fait que la lutte des classes survivra à l’apocalypse est d’un pessimisme absolu. L’ironie et le comique grotesque des personnages viennent subtilement contrebalancer la noirceur et la violence de l’histoire (voir l’imprévisible et jouissive scène de la célébration du nouvel an; la classe avec l’institutrice; le spécialiste sur qui tout repose qui carbure à la drogue avec sa fille…). Le réalisateur pousse le vice jusqu’à ironiser sur le sens même et l’existence de cette révolution, qui, programmée, ne serait en fait qu’un élément parmi les autres, nécessaire au maintient de cet écosystème et faisant partie intégrante du système même. Le héros libérateur ne serait-il en fait qu’un pion manipulé ? Vertigineux et glacial ! L’ironie est également présente dans les dialogues du film comme dans ce discours sur la prédétermination sociale avec cette image de la chaussure et du chapeau.

Le réalisme du train a été la priorité absolue du réalisateur. Ce train vaisseau qui fait le tour de la Terre en une année et qui possède tous les attributs d’un bateau de croisière mais sur un même niveau, est une sorte d’Arche de Noé. Volumineux, la configuration de ce train s’approche de celle d’un vaisseau spatial. Les passagers étant séparés en différentes « classes », il a fallu inventer chaque wagon : la queue du train, jadis réservée au transport de marchandises, a été transformée pour accueillir des passagers dans les conditions terribles que représentent surpopulation, pénurie d’eau, de chauffage etc. Elle a été conçue à partir de l’image des bidonvilles que l’on retrouve dans toutes les grandes villes du monde aujourd’hui. Le peuple y est abandonné à son triste sort. Le wagon de la prison qui, avec ses casiers superposés évoque les morgues d’hôpitaux, La serre et ses plantes, la zone de loisirs pour les riches, la salle de classe où « l’enrôlement » commence en apprenant aux enfants à vénérer Wilford, la salle des machines, à l’avant du train, où réside Wilford et où trône la Machine Eternelle idolâtrée aux allures de cathédrale. Chaque wagon s’ouvre sur un nouvel imaginaire et sera une étape dans la progression de l’histoire et celle des personnages. Construit sur un gigantesque cardan permettant au Transperceneige de vibrer et de tourner avec des mouvements réalistes, le spectateur à ainsi l’impression d’être dans un véritable train.

Tilda Switon

Coproduction internationale (mais pas Hollywoodienne !) avec des stars et des techniciens venus du monde entier afin de participer à l’aventure, le chef opérateur Hong Kyung-Pyo qui avait déjà travaillé avec le réalisateur sur Mother, a été le premier à rejoindre l’équipe. Admirative du travail de l’auteur, Tilda Swinton (Orlando (1993) The War Zone (1999), Vanilla Sky (2001), Adaptation (2002), Broken Flowers (2005), Burn After Reading (2008), Limits of Control (2009), We need to talk about Kevin (2011), Moonrise Kingdom (2012),…) est la première actrice de langue anglaise à s’embarquer sur le projet. Méconnaissable, exceptionnelle et complètement allumée dans le rôle de Mason, le bras droit armé de Wilford. Son personnage est une sorte de pasteur, de porte-parole arrogant de Wilford. Elle le représente sur le terrain pour maintenir « l’ordre ». Adorant les défis, c’est elle qui va suggérer le changement physique complet de son personnage. Elle a également déclaré : « Travailler avec Song Kang-ho, qui est vraiment l’un des meilleurs acteurs de tous les temps, est extraordinaire ».

Ko

Song Kang-ho interprète ici Namgoong Minsoo, le spécialiste de la sécurité qui a conçu toutes les serrures et le système de sécurité du train. Il est le seul à pouvoir faire traverser le train aux révoltés. Mais, addict au « Kronol » (la drogue qui circule dans le train, l’opium du peuple qui, ironiquement, s’avérera être plus tard une arme du contre-pouvoir), c’est un personnage perturbateur. Un homme indéchiffrable aux motivations troubles. Il est imprévisible… Impossible d’évoquer le cinéma coréen sans mentionner cet acteur immense qui fait partie de ceux qui ont changé la donne dans la culture du pays. Il est le premier, juste après le tournage de The Host, à avoir confirmé sa participation au film. Son talent est apprécié par les plus grands cinéastes coréens, de Hong Sang-soo à Bong Joon-ho qui l’a également dirigé dans « Memories of Murder (2003) et The Host (2006) en passant par Kim Jee-woon Le Bon, la Brute et le Cinglé (2008), ou encore Park Chan-wook Joint Security Area (2000), Sympathy for Mr. Vengeance (2002), Lady Vengeance (2005), Thirst (2009). Avec Ko Asung qui interprétait déjà sa fille dans The Host, ils sont ici à nouveau réunis et de nouveau père et fille.

Dans cet univers clos, certes, mais riche en symboles, ce train est une allégorie futuriste brillante et effrayante. Ce huis clos d’une noirceur oppressante est divertissant, spectaculaire et indéniablement intelligent. Il offre des niveaux de réflexion multiples tout en laissant une place importante à l’émotion et au spectacle. Éblouissante et transgressive, cette œuvre complexe et politique, questionne sur la société et l’éthique d’aujourd’hui mais aussi sur la nature humaine.

Bong Jung-ho photo Steve Le Nedelec.jpg

A l’instar de ses autres œuvres, on observe des thématiques récurrentes dans le cinéma de Bong Joon-ho, à commencer par la lutte des classes mais également les inégalités sociales ou encore les limites extrêmes de la nature humaine. Il a en effet cette tendance à s’orienter vers des sujets de société et des personnages désespérés (une mère qui doit sauver son fils, des policiers incompétents qui doivent arrêter un serial killer,…) qui ne sont jamais en paix, jamais en harmonie avec le monde. Dans sa filmographie, les exclus de la société, les personnes en situation de faiblesse, sont des personnages au potentiel émotionnel et dramaturgique fort. Avec Snowpiercer il conserve son identité artistique aussi bien dans sa forme que dans sa thématique. Il reste intègre. La patte de l’auteur est bien présente. A partir du postulat de cette bande dessinée, il nous livre sa puissante vision âpre et désespérée de la survie de l’humanité tout en proposant au spectateur une réflexion spirituelle et philosophique. Dans ce film, action et philosophie se répondent.

Bien que ce film propose une conclusion aspirant à un peu plus d’espoir que dans ses précédentes œuvres, le pessimisme de l’auteur et probablement son intelligence ont posé problème aux frères Weinstein. En effet, ne considérant pas que son succès critique et public (dix millions d’entrées) en Corée du Sud soit un argument suffisant ni pour plaire au public américain ni pour le distribuer sur le territoire dans sa version originale (director’s cut), ils l’ont amputé de pas moins de vingt minutes à commencer par cette scène bouleversante à la fin du film où Wilford tente de convaincre Curtis du bien fondé de son entreprise. Scène qui rappelle que la vie nous confronte parfois à des évènements qui nous obligent à abandonner notre idéalisme et à accepter la réalité. Mais surtout que certains rêves ne doivent être abandonnés sous aucun prétexte, que certaines situations demeurent inacceptables et ce, quels que soient les arguments que nous oppose la réalité. Une forme d’idéalisme à laquelle il est bon d’être sensible. Même si depuis The Host Bong Joon-ho a un agent à Hollywood et reçoit des scénarios, déçu par cette décision contre laquelle il s’est battu, mais également refroidi par les mauvaises expériences qu’y ont vécues ses confrères Park Chan-wook avec Stoker et  Kim Jee-Woon avec Le Dernier Rempart (The Last Stand), tous ses prochains projets sont coréens. Nous voilà rassuré !

Virulente critique de notre société, ce film visionnaire et radical, d’une maîtrise et d’une beauté à couper le souffle, mélange admirablement les genres et permet au spectateur de vivre une aventure passionnante non seulement visuellement somptueuse, mais également de réfléchir à tout ce qu’il dénonce. Une bouffée d’oxygène dans le morne paysage et le marasme ambiant des divertissements occidentaux qui ne proposent que de fades spectacles, pauvres et vides de toute réflexion, formatés et calibrés pour maintenir le spectateur affable dans une léthargie intellectuelle totale et permanente. Ici le divertissement et la réflexion ne sont pas exclusifs, ils cohabitent.

Avec Snowpiercer, le talentueux et virtuose Bong Joon-ho offre aux cinéphiles une œuvre monumentale de science-fiction. Déjà un Classique !

Steve Le Nedelec

Snowpiercer aff fr

Snowpiercer, le Transperceneige (Snowpiercer) un film de Bong Joon-ho avec Chris Evans, Song Kang-ho, John Hurt, Ed Harris, Tilda Swinton, Jamie Bell, Octavia Spencer, Ewen Bremner, Ko Asung. Scénario : Bong Joon-ho & Kelly Masterson d’après la BD de Jean-Marc Rochette, Jacques Lob et Benjamin Legrand. Photo : Hong Kyung-pyo. Décors : Ondrej Nekvasil. Costumes : Catherine George. Montage : Steve M. Choe. Musique : Marco Beltrami. Producteurs Park Chan-wook, Park Tae-jun, Dooho Choi, Robet Bernacchi, David Minkowski et Matthew Stillman. Production : Moho Films, Opus Pictures, Stillking Films. Distribution : Wild Side Films/Le Pacte. 2013. 125 mn. Interdiction aux moins de 12 ans .