La sortie en vidéo de Bons Baisers d’Athènes est l’occasion de revenir sur les débuts d’un acteur devenu l’un des visages les plus populaire et emblématiques du petit et du grand écran des années 70/80 : Roger Moore. Avant d’être Simon Templar dans Le Saint, ou l’agent 007 dans sept James Bond à partir des années 1970, Roger Moore a connu une ascension lente et sinueuse.
Formé à la Royal Academy of Dramatic Art, il y fait la rencontre de Lois Maxwell, future Miss Moneypenny dans quatorze James Bond, de Dr No à Dangereusement vôtre (A View to a Kill, 1985). Ils joueront ensemble dans deux épisodes du Saint et un d’Amicalement vôtre. Leur complicité perdurera toute leur vie. Après avoir effectué son service militaire en Allemagne de l’Ouest, Roger Moore débute au cinéma avec un petit rôle de soldat non crédité dans Perfect Strangers, film réalisé et produit par Alexander Korda avec Robert Donat et Deborah Kerr. Il enchaîne de petites apparitions dans des productions britanniques modestes, mais c’est la télévision qui lui offre ses premiers rôles consistants. Dès 1949, il joue un jeune mineur dans une dramatique en direct. Cela n’est pas suffisant pour vivre, il gagne sa vie comme mannequin et se retrouve à faire l’article dans de nombreuses publicités.
En 1954, il décide de tenter sa chance à Hollywood. La MGM lui fait signer un contrat de sept ans. Il a un petit rôle aux côtés d’Elizabeth Taylor dans La Dernière Fois que j’ai vu Paris (The Last Time I Saw Paris) de Richard Brooks. Suivent quelques rôles secondaires dans des productions de peu d’ampleur, jusqu’à Diane de Poitiers (Diane, 1956), où il incarne le prince Henri aux côtés de Lana Turner. Ce film ambitieux en CinémaScope de David Miller, écrit par Christopher Isherwood, devait lancer sa carrière. Mais son échec commercial pousse la MGM à rompre son contrat.

Roger Moore multiplie alors les apparitions dans des productions télévisées américaines, sans grand éclat. Coup de chance, on lui propose d’incarner Ivanhoé, le célèbre chevalier créé par Walter Scott, dans une série télévisée diffusée entre 1958 et 1959. Le succès est considérable : Moore devient une vedette du petit écran britannique, puis européen. Sa notoriété lui vaut d’être choisi pour un épisode d’Alfred Hitchcock présente en 1959, The Avon Emeralds, avec Hazel Court, réalisé par Bretaigne Windust. Ce regain d’intérêt attire l’attention de la Warner Bros., qui le signe pour plusieurs années. Le studio lui confie des rôles aussi bien dans des séries que dans des films de bien meilleure facture que ceux de la période MGM.
Particulièrement convaincant dans l’univers du western, Roger Moore tourne dans une très populaire série américaine Maverick, mais qui ne connaîtra pas d’exploitation en Europe. Il y incarne Beauregarde Maverick. Robert Altman, le dirige dans l’épisode Bolt From the Blue en 1960. Durant cette période, il partage l’affiche avec Clint Walker dans Le Trésor des sept collines (Gold of the Seven Saints, 1961) réalisé par Gordon Douglas, un film solide, où l’élégance naturelle de Moore s’allie à un registre plus viril et aventurier. Il fait alors un petit détour par l’Italie, comme nombre d’acteurs, et incarne Romulus dans L’Enlèvement des Sabines (Il ratto delle Sabine, 1961) de Richard Pottier. Il est entouré dans ce péplum par Mylène Demongeot, Jean Marais, Rosanna Schiaffino et Francis Blanche.

La chance lui sourit. Lew Grade et Stanley S. Baker lui proposent d’incarner Simon Templar dans l’adaptation des roman de Leslie Charteris. Le Saint. Roger Moore qui avait tenté d’acquérir à son compte les droits, accepte avec enthousiasme l’offre. La série est diffusé à la télévision par ITV, le succès est immédiat, non seulement en Angleterre mais aussi à l’international. Il y peaufine un personnage au charme aristocratique et à l’humour pince-sans-rire. Roger Moore à 35 ans, a acquis une épaisseur et une présence qui font merveille. 118 épisodes au total de très bonne qualité, avec des scénarios bien ficelés et une réalisation inventive, fait de Roger Moore un acteur populaire. Le succès est tel que deux films sont monté à partir des plusieurs épisodes pour une exploitation dans les cinéma, Le Saint : Les créateurs de fiction (The Fiction-Makers) réalisé par Roy Ward Baker en 1968 et Vendetta pour le Saint (Vendetta for the Saint) réalisé par Jim O’Connolly, l’année suivante. L’élégance et le style de Roger Moore ne pouvaient qu’attirer l’attention des producteurs de James Bond, Harry Saltzman et Albert R. Broccoli. Cela tombe bien : Sean Connery envisage alors d’abandonner le rôle de 007. Mais Roger Moore, déjà sous contrat, doit — à son grand regret — décliner l’offre. C’est finalement George Lazenby qui tourne dans l’excellent Au service secret de Sa Majesté (On Her Majesty’s Secret Service, 1969). Si le film convainc, la prestation de Lazenby, elle, divise. Saltzman et Broccoli n’abandonnent pas, et proposent à nouveau le rôle à Roger Moore. Mais celui-ci a déjà un nouvel engagement.
Moore vient de signer pour une nouvelle série télévisée. Stanley S. Baker lui propose un concept original : une série réunissant deux personnages aux caractères et aux origines radicalement opposés — un Anglais et un Américain — embarqués dans des intrigues policières. Roger Moore incarne Lord Brett Sinclair, un aristocrate de la haute société britannique, face à Danny Wilde, interprété par Tony Curtis, un self-made-man issu des bas-fonds new-yorkais. Portée par un générique d’anthologie sur une musique de John Barry, Amicalement vôtre (The Persuaders!, 1971-1972) rencontre un immense succès en Europe… mais un échec aux États-Unis. La série ne compte que 24 épisodes, devenus cultes grâce aux innombrables rediffusions depuis 1972.

Avec l’arrêt de la série, Roger Moore est enfin disponible pour endosser le costume de l’agent secret le plus célèbre de l’histoire du cinéma. Sean Connery vient tout juste de signer son dernier James Bond sous la bannière EON avec Les diamants sont éternels (Diamonds Are Forever, 1971), un épisode particulièrement inventif.
Vivre et laisser mourir (Live and Let Die, 1973) marque l’entrée en scène de Roger Moore dans la peau de 007. Réalisé par Guy Hamilton (Goldfinger, Les diamants sont éternels), le film mêle espionnage, blaxploitation, vierge prophétique, vaudou, cascades spectaculaires et un humour singulier. Moore y bondit littéralement d’alligator en alligator pour échapper à ses poursuivants… chaussé de mocassins en croco ! Roger Moore, en grande forme, s’impose avec style : répliques à double sens, jeux de mots, élégance flegmatique — tout y est. La chanson du générique, signée Paul et Linda McCartney, est devenue un classique, portée par les arrangements de George Martin, le « cinquième Beatles ». Vivre et laisser mourir est une réussite critique et commerciale. Le jeu de Roger Moore, plus léger et ironique que celui de Connery, apporte un souffle nouveau à la série. Le public adhère pleinement : ce 8ᵉ opus est un succès mondial. À 46 ans, Roger Moore devient enfin une star du grand écran.

Les années 1970 seront les plus riches de la carrière de Roger Moore. Entre deux James Bond, il s’illustre dans plusieurs films de série B, souvent intéressants, qui exploitent son charisme et son élégance. Il retrouve ainsi à deux reprises Peter Hunt — ancien monteur de la saga 007 et réalisateur d’Au service secret de Sa Majesté — pour deux longs-métrages tournés en Afrique du Sud : Gold (1974) et Parole d’homme (Shout at the Devil, 1976).
Dans Gold, drame industriel situé dans l’univers des mines d’or, Moore incarne un ingénieur confronté à la corruption et aux accidents meurtriers. Si le récit souffre de quelques longueurs, certaines scènes marquent durablement, notamment ses échanges avec Susannah York, troublante en femme adultère. La séquence finale, haletante, dans les galeries d’une mine submergée, demeure un grand moment de tension et de mise en scène.

Toujours produit par Michael Klinger, Parole d’homme prend des allures d’aventure exotique à la veille de la Première Guerre mondiale. Face à Lee Marvin, en vieux briscard alcoolique et bourru, Roger Moore compose un personnage plus raffiné, mais non dénué de panache. Le point culminant du film est une impressionnante bagarre entre les deux acteurs, d’une rare intensité.
L’Exécuteur (Gli esecutori, 1976) est un pur produit d’exploitation à l’italienne, mêlant mafia, corruption, trafic de drogue et seconds rôles sexy. Roger Moore y tient la vedette face à Stacy Keach, sous la direction efficace mais sans génie de Maurizio Lucidi. Le film, rythmé et sans prétention, est co-écrit par Ernest Tidyman, scénariste de French Connection et créateur de Shaft, auquel collabore aussi Randal Kleiser (futur réalisateur de Grease). Le film est tourné à San-Francisco pour les extérieurs et les intérieurs en studio à Rome.

La même année, Moore surprend en endossant le rôle de Sherlock Holmes dans Sherlock Holmes à New York (Sherlock Holmes in New York, 1976), un téléfilm luxueux réalisé par Boris Sagal. Il y propose une interprétation élégante et personnelle du célèbre détective. Le Docteur Watson est incarné par Patrick Macnee, ami de longue date de Moore et bien connu pour son rôle de John Steed dans Chapeau melon et bottes de cuir. Les deux hommes partageront de nouveau l’affiche dans Le Commando de sa Majesté (The Sea Wolves, 1980) puis dans Dangereusement vôtre (A View to a Kill, 1985). Dans ce Sherlock Holmes au casting prestigieux, John Huston campe un Professeur Moriarty savoureux, tandis que Charlotte Rampling incarne une Irène Adler aussi troublante que mystérieuse.
Mais c’est avec Les Oies sauvages (The Wild Geese, 1978) que Roger Moore renoue véritablement avec les succès populaires. Ce film de commando, genre alors en pleine résurgence, est une production ambitieuse d’Euan Lloyd, mise en scène par l’Américain Andrew V. McLaglen. Roger Moore y donne la réplique à de véritables légendes du cinéma britannique : Richard Burton, Richard Harris, Stewart Granger et Hardy Krüger. Énorme succès à sa sortie, Les Oies sauvages devient le plus gros succès de Roger Moore hors James Bond, confirmant son statut de star internationale capable de briller aussi bien dans l’élégance que dans l’action. Les Oies sauvages est l’une des plus époustouflantes réussites du film de commando des années 70, une véritable référence dans le genre.
Bons baisers d’Athènes (Escape to Athena, 1979) est une comédie de guerre ensoleillée, menée sur un ton léger mais avec un casting impressionnant : David Niven, Telly Savalas, Stefanie Powers, Claudia Cardinale, Richard Roundtree, Elliott Gould et même le chanteur Sonny Bono. Roger Moore y campe un officier nazi amateur d’art, ambigu et pince-sans-rire. À la réalisation, le Grec George P. Cosmatos — futur metteur en scène de Rambo II : La Mission — orchestre cette fantaisie guerrière avec efficacité. Tourné sur l’île de Rhodes, le film mêle aventure, humour et escapades archéologiques, dans un esprit de divertissement typiquement 70’s.

La même année, Moore change radicalement de registre avec Les Loups de haute mer (North Sea Hijack, 1979), un film d’action plus tendu réalisé par Andrew V. McLaglen. L’intrigue se déroule en mer du Nord : deux plateformes pétrolières sont prises d’assaut par un groupe terroriste dirigé par un psychopathe, interprété avec une froide intensité par Anthony Perkins. Roger Moore incarne un expert en sabotage naval, un homme bourru à la personnalité excentrique — loin de l’élégance habituelle de ses rôles, et profondément misogyne . À ses côtés, l’excellent James Mason apporte une touche de gravité. Le film est un suspense bien mené, avec un soin particulier accordé à l’authenticité des opérations sous-marines.
Moore retrouve Andrew V. McLaglen pour une troisième collaboration avec Le Commando de Sa Majesté (The Sea Wolves, 1980). Le film est produit par Euan Lloyd. Inspiré de faits réels survenus en 1943, le film suit un commando de vétérans britanniques chargé de couler trois navires allemands dans le port portugais de Marmagoa. Encore une fois, le casting est prestigieux : Gregory Peck, David Niven (fidèle camarade de Moore) et Trevor Howard. Le film, qui mêle aventure et nostalgie, permet à Moore de s’intégrer pleinement dans une distribution d’acteurs chevronnés. Ce type de cinéma d’action à l’ancienne, avec son sens de l’honneur et du devoir, correspond parfaitement à l’image héroïque que Moore véhicule alors dans l’imaginaire du public.
Durant cette période, Roger Moore consolide son incarnation de James Bond. Si Vivre et laisser mourir est une réussite d’entrée de jeu, L’Homme au pistolet d’or (The Man with the Golden Gun, 1974) déçoit quelque peu à sa sortie. Mais à la revision, le film révèle tout son charme : c’est un petit bijou d’humour british, traversé de sous-entendus sexuels et de situations délicieusement absurdes. Face à Moore, l’immense Christopher Lee campe Francisco Scaramanga, tueur d’élite au pistolet doré… et à la particularité anatomique étonnante (trois tétons !). Britt Ekland, James Bond girl naïve et pulpeuse, passe une bonne partie du film en maillot de bain. Roger Moore, tout en flegme ironique, semble s’amuser follement. Cet opus, souvent décrié, est en réalité un sommet de second degré, à redécouvrir.

Mais c’est avec L’Espion qui m’aimait (The Spy Who Loved Me, 1977) que Moore impose définitivement sa marque sur le rôle. Réalisé par Lewis Gilbert, le film est un tournant. Tout y est : action spectaculaire, glamour, humour dosé avec précision, gadgets en pagaille — dont la célèbre Lotus Esprit amphibie — et une mise en scène fluide. La séquence de ski en pré-générique, conclue par un saut vertigineux avec parachute Union Jack, reste l’un des plus grands moments de la saga. Barbara Bach, en agent soviétique au charme glacial, forme avec Moore un duo séduisant et crédible. Caroline Munro, brune incendiaire, joue les pilotes d’hélicoptère avec un aplomb sensuel. Enfin, Richard Kiel entre dans la légende avec son personnage de Jaws, le tueur silencieux à la mâchoire d’acier, figure immédiatement culte. Le film est porté par une utilisation grandiose des décors — signés Ken Adam — et par des extérieurs somptueux, de l’Égypte à la Sardaigne. L’Espion qui m’aimait est l’un des sommets de la période Moore, un Bond d’anthologie et un succès mondial.
Moonraker (1979) marque un tournant dans la saga. C’est alors le plus gros budget alloué à un James Bond, avec un financement spectaculaire en partie permis par la fermeture des bureaux européens des Artistes Associés (United Artists), notamment celui de Paris. Toute l’infrastructure cinématographique d’Île-de-France est mobilisée : studios de Boulogne, d’Épinay, de Saint-Maurice… Bond s’envole littéralement dans cette aventure spatiale pensée dans le sillage de La Guerre des Étoiles. Les effets spéciaux, entièrement réalisés avec les techniques traditionnelles — maquettes, surimpressions, ralentis — confèrent au film un charme singulier. L’humour y est omniprésent, parfois appuyé, avec un ton parodique qui séduit ou divise. Lois Chiles incarne une partenaire scientifique et élégante, et Michael Lonsdale, en Hugo Drax, offre une performance subtile et feutrée en milliardaire mégalomane. Le retour du colosse Jaws ajoute une note burlesque bienvenue. Malgré les critiques, Moonraker est un immense succès commercial, l’un des plus gros cartons de la série jusqu’alors.
Après cette parenthèse cosmique, Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only, 1981) recentre le personnage. John Glen, jusque-là monteur et réalisateur de la seconde équipe sur plusieurs Bond, prend les commandes de la mise en scène et imprime une tonalité plus grave et réaliste. Roger Moore retrouve un registre plus sobre, plus brutal parfois, notamment lors d’une fameuse séquence où Bond précipite froidement un homme dans le vide. Carole Bouquet, magnifique, incarne une James Bond girl à la beauté froide et vengeresse.

Le film, scénarisé par Richard Maibaum et Michael G. Wilson (futur coproducteur de la saga avec Barbara Broccoli), privilégie l’action physique et des cascades spectaculaires — en Grèce, en Italie, dans les Alpes. Une remise à plat efficace après les excès de Moonraker. Le jeu de Roger Moore dans cet opus est remarquable, il s’écarte par moment du second degré pour une approche plus sombre. Rien que pour vos yeux donne une idée de ce que Roger Moore, dirigé autrement, pouvait faire. Dans cette optique, Il n’est pas surprenant que Fred Zinnemann soit envisagé comme l’acteur pour le rôle du tueur de Chacal.
Octopussy (1983) revient quant à lui à une veine plus fantaisiste, teintée d’exotisme et d’humour. Tourné en grande partie en Inde, il multiplie les péripéties baroques : cirque, déguisements improbables, palais aux allures de harem, explosions et bijoux piégés. Roger Moore s’en amuse visiblement, renouant avec Maud Adams, déjà présente dans L’Homme au pistolet d’or. Le film sort en même temps que Jamais plus jamais (Never Say Never Again), le « Bond hors-série » porté par le retour événementiel de Sean Connery. Ce duel au sommet entre les deux visages les plus populaires de 007 tourne à l’avantage de Moore, dont le film officiel, plus spectaculaire, l’emporte nettement au box-office.
Dangereusement vôtre (A View to a Kill, 1985) marque la dernière apparition de Roger Moore dans le rôle de James Bond. C’est un film inégal, à la fois luxueux et spectaculaire, porté par un Christopher Walken déchaîné en industriel psychopathe, et par la troublante Grace Jones en acolyte brutale. Malgré ces atouts, le film accuse une certaine fatigue de la formule. Roger Moore, alors âgé de 58 ans (et non 60, comme souvent dit), commence à ne plus totalement convaincre en agent d’action. Ce Bond de trop scelle une page. L’acteur choisit de raccrocher, avec élégance. La suite de la franchise connaîtra une période d’instabilité : Timothy Dalton impose un Bond plus froid et sérieux, mais sans véritable adhésion du public. Pierce Brosnan, plus lisse, modernise la série dans les années 1990, sans toutefois en renouveler la profondeur. Il faudra attendre Daniel Craig pour qu’un nouveau souffle, brutal, émotionnel, vienne redéfinir 007.

Pour Roger Moore, Dangereusement vôtre est le dernier film marquant d’une carrière cinématographique déjà largement accomplie. Ses apparitions à partir des années 1990, rares et anecdotiques, relèvent plus de l’amicale figuration que du véritable retour. Mais qu’importe. Roger Moore demeure, pour des générations de spectateurs, un héros indélébile du grand écran et du petit, élégant, drôle, charmeur. Une silhouette reconnaissable entre toutes, entre smoking et sourcil levé.
Sir Roger Moore est né le 14 octobre 1927 à Stockwell, dans la banlieue sud de Londres. Il s’est éteint le 23 mai 2017 à Crans-Montana, en Suisse. Il laisse derrière lui une carrière d’acteur populaire, marquée par une approche moderne du héros : une interprétation empreinte d’ironie et de légèreté, à rebours de la gravité tragique d’un Charlton Heston, par exemple. Gentleman anglais par excellence, ses James Bond résistent étonnamment bien au passage du temps. Roger Moore considérait The Man Who Haunted Himself (1970), réalisé par Basil Dearden, comme sa meilleure prestation. Un film méconnu dans lequel il donne la réplique à Olga Georges-Picot. Roger Moore, un gentleman cool pour l’éternité.
Fernand Garcia
