Showgirls – Paul Verhoeven

Nomi rêve d’être danseuse et arrive à Las Vegas tenter sa chance. Talentueuse et ne souffrant d’aucune pudeur elle est très vite engagée comme danseuse nue dans un club de strip-tease. Elle intègre alors les grands shows de la ville qui ne dort jamais et découvre les affres du monde impitoyable et immoral de la nuit.

Showgirls

Porté par le succès trois ans plus tôt de Basic Instinct, Paul Verhoeven retrouve le scénariste Joe Eszterhas pour ce film plus explicitement sexuel et critique que ne l’était  Basic Instinct sous sa couverture scénaristique de thriller.

Avec Showgirls le sulfureux duo pousse donc encore plus loin sa charge à l’encontre de l’hypocrisie du puritanisme américain et critique ouvertement le milieu de l’industrie du spectacle. Trop cru pour certains, critique trop violente pour d’autres, à sa sortie aux Etats-Unis, Showgirls est strictement interdit aux moins de 17 ans (NC-17) en salle et connait un échec commercial sans appel. Quinze ans après Spetters aux Pays-Bas, le réalisateur est donc confronté aux Etats-Unis aux mêmes problèmes de censures et aux mêmes reproches avec Showgirls.

Verhoeven Showgirls

Reconnaissant lui-même que son film est trop personnel et trop européen pour un large public, Verhoeven va alors se retrouver à nouveau face aux difficultés de productions. Il déclare à ce sujet : « Aux Etats-Unis, tant que vos films fonctionnent, vous êtes libres. L’argent est roi. Quand un film est un succès au box-office, on peut en faire un autre. Les ennuis commencent quand un film ne marche pas. Financièrement Showgirls a été un échec. A l’époque il n’a rapporté que 20 millions de dollars (alors qu’il en a coûté 45). C’est alors que l’on commence à être critiqué ».

Showgirls Elizabeth BerkleyContre toute attente, c’est en la personne du cinéaste et critique Jacques Rivette que le film trouvera un soutien de poids. Il déclara : « Showgirls est un des plus grands films américains de ces dernières années, c’est le meilleur film américain de Verhoeven et le plus personnel. Dans Starship Troopers, il a mis des effets autour pour faire passer la pilule, alors qu’évidemment, Showgirls est à poil. C’est aussi le plus proche de ses films hollandais. C’est d’une grande sincérité, avec un scénario sans aucune astuce. Et l’actrice est stupéfiante ! ». Il dira également des personnages du film que ces derniers « survivent dans un monde peuplé d’ordures ». Constat ou réflexion que l’on peut étendre aux personnages des autres films du réalisateur en général, et à ceux de Spetters en particulier.

Steve Le Nedelec

Restauré en 4K à partir du négatif original. La restauration image a été effectuée par le laboratoire Technicolor et la restauration son par le laboratoire L.E. Diapason, sous le contrôle de Paul Verhoeven et de Pathé.

Showgirls un film de Paul Verhoeven avec Elizabeth Berkley, Kyle MacLachlan, Gina Gershon, Robert Davi, Glenn Plummer, Alan Rachins, Gina Ravera, Lin Tucci, Greg Travis, Michelle Johnston. Scénario : Joe Eszterhas. Directeur de la photographie : Jost Vacano. Décors : Allan Cameron. Montage : Mark Goldblatt & Mark Helfrich. Musique : David A. Stewart. Producteurs : Charles Evans – Alan Marshall. Production : Carolco Pictures – Chargeurs (Pathé) – United Artists – Vegas Productions. Distribution (France) : Pathé. Etats-Unis. 1995. Couleurs (Technicolor). Format image : 2.35 :1. 132 mn. Interdit aux moins de 12 ans.