PIFFF 2018 – Jour 4

Vendredi 07 décembre 2018

Au programme aujourd’hui : Une Remise de Prix ; la fin du monde en Suède ; une incontournable Séance Culte pour un western horrifique ; une satire horrifique survivaliste et féministe ;  un samouraï punk.  

11h00 : Le Grand Prix Climax

Le Grand Prix Climax a pour objectifs de valoriser et de faire émerger les scénaristes et scénarios de genre, de constituer un vivier de talents francophones et de favoriser la production française de films de genre. Après une compétition très disputée et la rencontre de notre Comité de sélection, 5 scénarios sont finalistes du Grand Prix Climax 2018 :

Fortes Têtes de Pierre Cachia et Johan Rouveyre / Le Palais de Désirée Deboës / Manzagarost de Jean-Baptiste Garnier / Sang Famille de Paul et François Guérin / Sois un homme de David Villemin.

Cette année, Le Grand Prix Climax 2018 sera donc une épopée celtique avec des têtes qui parlent, une jeune fille qui fuit son kidnappeur jusqu’au plus profond de son esprit, un voyage mystique vers la folie en compagnie d’un homme-taupe, un drame féministe post-apocalyptique et une comédie familiale… de cannibales ! Les auteurs devront pitcher leurs scénarios devant un jury de choc, composés des scénaristes, réalisateurs et producteurs : Coralie Fargeat (scénariste et réalisatrice), Sabrina B Karine (scénariste), Léo Karmann (réalisateur), Dominique Rocher (réalisateur), Arnaud Malherbe (scénariste, réalisateur et vainqueur du Grand Prix Climax 2017). A l’issue de la remise des prix, le jury se prêtera à une Master class qu’ils illustrent à merveille : « Premier film : film de genre ».

14h30 : The Unthinkable (Den Blomstertid nu Kommer) – Suède – En Compétition – Première Française

Après une attaque supposée terroriste sur Stockholm, les membres d’une famille décomposée gèrent les événements et la situation chacun à leur façon tout en luttant ensemble pour survivre. Alex (Christopher Nordenrot) s’en retourne dans son village natal, retrouver son amour de jeunesse (Lisa Henni). Björn, son père bouffé par la paranoïa et la colère, est persuadé que la Suède va subir d’autres assauts d’une puissance frontalière.

Le collectif Crazy Pictures se compose de cinq amis d’enfance cinéphiles, qui se partagent de manière égale l’écriture, la réalisation, la production, les effets spéciaux et le montage. Après une série de courts plébiscités, les voilà qui s’attellent au long-métrage, fort d’une expérience à même de capitaliser de façon sidérante sur leur maigre budget. Fin du monde en Suède, The Unthinkable est un film catastrophe produit grâce au financement participatif qui démarre comme un drame familial touchant avant de prendre des airs de véritable blockbuster d’anticipation, écho politiquement fort et efficace au cinéma d’exploitation américain de la Guerre Froide. Premier long-métrage réalisé par Victor Danell, The Unthinkable devrait sortir dans les salles en France distribué par Wild Bunch.

17h00 : Vorace (Ravenous, 1999) – États-Unis – La Séance Culte

Au cours du violent conflit qui opposa les Etats-Unis au Mexique, à la suite d’un morceau de bravoure accompli paradoxalement grâce à sa lâcheté, le Capitaine John Boyd (Guy Pearce) est placardisé à Fort Spencer, un avant-poste isolé de la civilisation aux confins enneigés et sauvages du pays où sont envoyés les rebuts de l’armée américaine comme le commandant Hart (Jeffrey Jones), le major Knox (Stephen Spinella) , Cleaves (David Arquette), le cuistot et Georges, un éclaireur indien  La routine du camp est perturbée par l’arrivée d’un certain Colqhoun (Robert Carlyle), un colon écossais transi de froid en quête d’un refuge. Hagard, le convalescent commence à raconter comment il a survécu à l’hiver et déclare que ses compagnons de voyage ont été victimes d’un militaire cannibale rendu fou par le froid et la faim…

« Je ne tenais pas à ce que mon histoire de cannibalisme soit exclusivement liée au désir de continuer à vivre, à survivre coûte que coûte. Le dilemme de l’anthropophagie se pose en d’autres termes. En termes de volonté. Volonté de transcender un interdit. Mais je ne voulais pas, malgré la gravité des faits évoqués, aboutir à une intrigue déprimante, voire dépressive. Je tenais à écrire un scénario riche en surprises, en coups de théâtres propres à secouer, à surprendre le public. » Ted Griffin.

La réussite de Vorace tient du miracle. A l’origine, la réalisation a été confiée à Milcho Manchevski, réalisateur de Before the Rain. Après le départ du réalisateur, déjà dirigé deux fois par la réalisatrice dans Prêtre et Face, c’est Robert Carlyle qui appela lui-même Antonia Bird en catastrophe pour prendre le relais sur le tournage. Les extérieurs devaient se dérouler en Sierra Nevada, mais pour des raisons budgétaires, la production décida d’installer différents plateaux en République Tchèque, en Slovaquie, mais aussi au Mexique. Antonia Bird est parvenue à sublimer de la meilleure façon possible le script vénéneux de Ted Griffin (Ocean’s Eleven, Les Associés,…). Mise en scène impeccablement tenue et élégante. Décors naturels et photo d’une beauté stupéfiante.  Casting prestigieux avec des comédiens hors pair (Guy Pearce, Robert Carlyle, Jeremy Davies, Jeffrey Jones, David Arquette, John Spencer, Stephen Spinella, Joseph Running Fox,…) qui s’en donnent à cœur joie. Une bande originale à l’association aussi inattendue que réussie signée Damon Albarn et Michael Nyman. « Dis-moi qui tu manges, je te dirai qui tu es ». Montrant la conquête de l’ouest comme une douteuse volonté de puissance, dévorer son prochain, Vorace est un film de genre remarquablement original et singulier. Une réussite.

19h15 : Girls With Balls – France / Belgique / Espagne – En Compétition

Jeanne, Lise, Morgane, Tatiana, Hazuki, Cléo et M.A. forment l’équipe de volley des Falcons. Leur mini-van pourri tombe en panne au milieu de nulle part. Elles viennent de tomber dans un piège mortel tendu par une bande de chasseurs qui ont décidé de pratiquer une traque d’un genre particulier. L’équipe de volley féminine est prise pour cible par des dégénérés, émules contemporains du Comte Zaroff. Mais, trop sûrs d’eux et de leur connaissance du terrain forestier, les chasseurs ne se doutent pas une seule seconde que le rapport de force peut s’inverser… Une longue nuit commence pour les volleyeuses, une course pour leur survie qui va autant mettre à l’épreuve leur esprit d’équipe que les liens qui les unissent.

Artisan reconnu du maquillage et des effets spéciaux pour tout ce que le cinéma français compte de projets hors normes comme Grave ou Les Rencontres d’après minuit, Olivier Afonso se lance pour la première fois derrière la caméra avec Girls with Balls, une comédie gore créative au mauvais goût assumé, truffée de caméos savoureux et dont il co-signe également le scénario avec Jean-Luc Cano. Du cinéma de genre, survivaliste et féministe, qui risque de brusquer le cinéma français. Notons la présence au casting de l’extraordinaire Denis Lavant (Boy Meets Girl, Mauvais Sang, Les Amants du Pont-Neuf, Beau Travail, Holy Motors,…). Invités du Festival, le réalisateur et scénariste Olivier Afonso et les actrices Louise Blachère, Margot Dufrene et Anne-Solenne Hatte seront présents lors de la projection du film.

21h30 : Punk Samourai Slash Down (Panku-zamourai,kirarete sôrô)- Japon – Hors Compétition – Première Française

Kake Junoshin est un ronin, un samouraï sans maître. Ce dernier assassine malencontreusement un pauvre hère qui avait la malchance de se trouver sur sa route. Pour justifier son geste aux autorités locales et obtenir une place au sein du clan Kurokaze, il n’hésite pas à mentir et invoque la menace des Bellyshakers, une secte apocalyptique que tout le monde pensait disparue. Très vite, son mensonge va prendre des proportions incontrôlables…

Sogo Ishii (ou Gakuryu Ishii), l’auteur des merveilleux Electric Dragon 80 000 V (2001), Burst City (1982) ou Le Labyrinthe des Rêves (1997), revient avec une œuvre folle, étrange, colorée et délirante à l’équilibre miraculeux dont lui seul a le secret. En sélection officielle au dernier Festival international du film de Shanghai, cette adaptation punk du roman déjà déjanté de Kô Machida  démarre dans l’hystérie la plus totale puis fait mine de s’apaiser pour mieux laisser l’absurdité la plus échevelée contaminer son récit.  Punk Samurai Slash Down est un film que l’on pourrait situer  quelque part entre Le Guide du Voyageur Galactique et l’œuvre de Terry Pratchett à l’époque des samouraïs. Le film bénéficie également d’un casting de choix. Aux côtés Gô Ayano (Love Exposure) dans le rôle du ronin, on retrouve notamment Keiko Kitagawa, Masahiro Higashide (Creepy, Invasion, Avant que nous disparaissions,…) ou encore  Tadanobu Asano (Tabou, Ichi the Killer, Distance, Jellyfish, Zatoichi, Vers l’Autre Rive, Silence, Harmonium,…).

Steve Le Nedelec