David Cronenberg 1966 – 1999 – Biofilmographie commentée

Cinéaste visionnaire, David Cronenberg revient au cinéma, huit ans après Maps to the Stars, avec Crimes of the Future, l’événement de l’année et de la 75e édition du Festival de Cannes. Son premier chef-d’œuvre : Videodrome, réapparaît, en version intégrale, accompagné par Transfer, From the Drain, Stereo et Crimes of the Future (1970), dans une magnifique édition d’Eléphant Films. De quoi revenir sur une immense carrière, commentée, au fil du temps, par le maître.

David Paul Cronenberg est de nationalité canadienne. Il est né le 15 mars 1943 à Toronto (Ontario – Canada). Son père Milton Cronenberg était écrivain, éditeur et journaliste, et sa mère Esthel pianiste. Denise, sa sœur ainée, était chef costumière sur la plupart de ses films. Elle est décédée en 2020. David Cronenberg est divorcé de Magaret Hindson (1970-1977, un enfant) et est marié depuis 1979 à Carolyn Zeifman Cronenberg (trois enfants). Carolyn est décédée en 2017. Son fils, Brandon Cronenberg (né en 1980) a réalisé deux films dans son sillage : Antiviral (2012) et Possessor (2020). Sa fille, Caitlin Cronenberg (née en 1984), photographe de plateau, à co-réalisé avec lui, The Death of David Cronenberg, en 2021, court métrage d’une minute, où David observe son cadavre ! Sa fille ainée, Cassandra Cronenberg (née en 1972) est assistante-réalisatrice, elle a réalisé un premier court-métrage, Candy, en 2013. David Cronenberg est l’un des cinéastes les plus influents du cinéma moderne.

« Mon père est mort d’un cancer. Il est mort très lentement : cela a duré trois ans. Pendant tout ce temps, son esprit est resté lucide. Il y avait en cela une part d’horreur très réelle qui est inhérente à la vie humaine. » David Cronenberg

1966 TRANSFER (court-métrage)

« Transfert, mon premier film, était un court-métrage surréaliste avec deux personnages – un psychiatre et son patient – qui dînent dans un champ recouvert de neige. » David Cronenberg

1967 FROM THE DRAIN (court-métrage)

« C’est un film d’horreur surréaliste – l’histoire d’une chose qui sort des égouts pour attaquer les gens -, cela anticipe sur Frissons. » David Cronenberg

1968    STEREO

1969-70 CRIMES OF THE FUTURE

1971 TOURETTES (court-métrage – TV)

Film sur le petit village français où résida Cronenberg grâce à une bourse du gouvernement canadien.

LETTER FROM MICHELANGELO (court-métrage – TV)

Une lettre de Michel-Ange.

JIM RITCHIE SCULPTEUR (Jim Ritchie Sculptor) (court-métrage – TV)

Portrait, sans commentaire sur le sculpteur canadien Jim Ritchie qui à l’époque vivait en France. Il servira de modèle au héros d’un scénario qui aboutira à Faux-Semblants.

1972 DON VALLEY / FORT YORK / LAKESHORE / WINTER GARDEN SCARBOROUGHS BLUFFS / IN THE DIRT (courts-métrages – TV)

SECRET WEAPONS (Téléfilm pour le Programme X)

1974 FRISSONS (Shivers – Frissons – They Came From Within – Paradise  Murders)

1975 THE VICTIM et THE LIE CHAIR (Téléfilm pour le programme Peep Show)

1976 THE ITALIEN MACHINE (Téléfilm pour le programme Teleplay)

« C’est plutôt une histoire autobiographique traitant d’un groupe d’hommes obsédés par des motos. » David Cronenberg  

1977 RAGE (Rabid)

« Je ne suis pas porté sur l’abstraction, les concepts sociologiques ou les concepts technologiques ou les délires cosmiques. Je me concentre sur le corps et sur l’individu. Quand je dis « corps », je pense à un corps, un individu, un personnage, ce qui donne forcément des films très viscéraux et intimes. Je pense de Frissons et Rage l’illustrent bien. » David Cronenberg

1978 FAST COMPANY (Inédit en salle en France)

1979 CHROMOSOME 3 (The Brood)

1981 SCANNERS (Idem)

1982-83 VIDEODROME (Idem)

« Nous-mêmes nous utilisons les médias pour nous transformer et nous en faisons une réalité, par exemple je n’ai jamais été au Liban, mais en marchant dans les rues de Toronto je regarde autour de moi, pas de fusils, de tirs, de violences, ou de meurtres. Pourtant dans ma tête je pense à Beyrouth parce que je viens de la voir aux actualités, ça me perturbe, me dérange beaucoup. Dans ma tête il y a une réalité qui vient des médias qui est encore plus réelle que l’actualité. » David Cronenberg

1983 DEAD ZONE (Idem) d’après le roman de Stephen King.

« C’est un film qui parle de la douleur et de la difficulté qu’il y a à exprimer un talent ou un don qui n’est pas pleinement compris par la société, ce qui est aussi une sorte de métaphore sur l’art et la créativité.(.) Par certains côtés c’est un film très mélancolique. » David Cronenberg

1985-86 LA MOUCHE (The Fly)

« Ce qui a tout changé, par rapport au premier film, c’est mon approche métaphysique du sujet et la sexualité que j’y ai injectée. » David Cronenberg

1987 FAITH HEALER (TV – épisode 12 de la saison 1 de la série Friday the 13thVendredi 13)

1988 FAUX SEMBLANTS (Dead Ringers) d’après le roman de Bari Wood et Jack Geasland, « Twins ».

1990 REGINA VS HORVATH et REGINA VS LOGAN (pour la série TV Scales of Justice)

1991 LE FESTIN NU (The Naked Lunch) d’après le roman de William S. Burroughs.

« L’anus parlant est une image très littérale du tabou sur les orifices humains. C’est l’une des contributions les plus infâmes de Burroughs à la littérature, qui touche quelque chose de sensible : trouver à travers l’organisation de nos corps et de nos vies, des formes de représentation spécifiques et acceptables. » David Cronenberg

1992 M. BUTTERFLY (Idem) d’après la pièce de David Henry Hwang.

« Butterfly est un hérôs existentiel, il est le créateur de sa propre sexualité. Dans M. Butterfly, vous avez un type qui est cantonné dans sa sexualité, complètement atypique, et il s’acharne à la rendre réelle. » David Croenenberg

1995 CRASH (Idem)

« A mes yeux, la seule chose qui élargisse le paysage du XXe siècle, c’est la psychopathologie, et cette psychopathologie se rit des diktats de la morale. Le narrateur et sa femme ont conquis cette immense liberté qui leur permet de jouer à leurs drôles de jeux sans se soucier des conséquences. Le livre et le film se terminent sur une note d’exultation… »  J. G. Ballard

« Crash est une histoire d’amour futuriste qui se passe de nos jours. J’imagine comment le psychisme déstructuré et pathologique du XXIe siècle pourrait pousser deux personnes à exprimer leur amour et à vivre leur sexualité au travers des accidents de la circulation. L’accident de voiture peut être comme une métaphore de la collision entre la technologie actuelle et le psychisme humain. » David Cronenberg

1998 eXistenZ (Idem) « (.) le film s’inspire en partie de la lutte des intégristes musulmans contre Salman Rushdie. (.) Pour moi, la liberté de créer est absolument nécessaire. (.) Pour les intégristes, la tolérance, la liberté d’expression, la subtilité, la métaphore, l’ironie n’existent pas. En lisant Rushdie, ils se sont sentis immédiatement attaqués, insultés. C’est un vrai conflit de réalité. Pour certains orthodoxes, Dieu a fait l’homme à son image, mais on ne doit pas représenter Dieu. Donc on ne peut pas représenter les hommes non plus. Si l’art ne peut plus représenter les hommes, il est mort. » David Cronenberg

L’Ecran Fantastique n°2, entretien avec David L. Overbey (traduction Christian de Ferrin), 1979. Mad Movies n°30, entretien avec Marcel Burel & Jean-Pierre Putters – 1984. Positif n°373, entretien avec Karen Jaebne (traduction : Hubert Niogret) -1992. L’Ecran Fantastique n°39, entretien avec Randy et Jean-Marc Lofficier (traduction : Solange Schnall) – 1983. Texte de présentation de David Cronenberg, Programme officiel du Festival International du Film de Cannes – 1996. Les Inrocks n°88, entretien avec Frédéric Bonnaud – 1996. Les inrocks n°217, entretien avec Vincent Ostria – 1999. Les Inrocks n°505, entretien avec Serge Kaganski – 2002. Entretien avec David Martinez, Metropolitain Filmexport/SevenSept – 2003. Les Inrocks n°633, entretien avec Patrice Blouin – 2005. Le Monde, entretien avec Jean-François Rauger – 2007. Paris Match, entretien avec Christine Haas – 2011. Rotten Tomatoes, entretien avec Luke Goodsell – 2012. Critikat, entretien avec Théo Ribeton – 2014.