David Cronenberg 2000 – 2022 – Biofilmographie commentée

Le XXIe siècle a rattrapé la science-fiction, « nous vivons une époque très dangereuse et elle va l’être de plus en plus » prophétisé J.G. Ballard au printemps 2006. Comment vivre dans un monde d’où la magie à disparu, comme ouvrir encore des portes sur l’imaginaire quand le monde se réduit à des médias de masse où « La guerre, c’est la paix », monde inversé, la folie paranoïaque à tous les étages. David Cronenberg est le plus important cinéaste de la transformation, de la mutation physique et psychologique des êtres englué dans les fils d’une double société : réelle et virtuelle.

« Dès que vous acceptez le fait que la première chose caractérisant l’homme est le corps, vous devez admettre qu’il est limité, fini, et surtout périssable. C’est une pensée insupportable à assumer. Nous sommes les seuls êtres vivants à être conscients de notre « finitude ». Le seul sens que nous puissions donner au monde vient de nous : une pensée intolérable pour ceux qui tentent de mettre un absolu au-dessus de nous. » David Cronenberg.

2000    CAMERA (Court-métrage – pour le 20ème anniversaire du Festival du Film de Toronto)

2002 SPIDER (Idem) d’après le roman de Patrick McGrath.

« La folie est un phénomène intérieur, elle a plus à voir avec un homme seul dans une pièce qu’avec un homme criant dans la rue. D’ailleurs, je n’ai pas tellement considéré l’état de Spider comme de la folie… Il s’agit plutôt du portrait d’un homme angoissé, qui a des problèmes d’identité et qui fait des efforts pour se reconstruire. » David Cronenberg

2004-05 A HISTORY OF VIOLENCE (Idem) d’après un roman graphique de John Wagner & Vince Locke.

« D’une manière indirecte, c’est un film assez proche de Spider dans la mesure où il s’agit de deux histoires de famille et de deux caractères principaux qui s’inventent une fausse identité qui devient réelle. J’aimais aussi le côté drame américain classique. J’apprécie les films dont la complexité émerge progressivement de la simplicité. Comme dans un western de John Ford, il s’agit d’un homme qui protège sa famille avec un fusil contre d’autres hommes armés. Et cela m’intéressait de parler du rêve américain de la petite ville tranquille. Surtout aujourd’hui. » David Cronenberg

2006 LE SUICIDE DU DERNIER JUIF DU MONDE DANS LE DERNIER CINEMA DU MONDE (At the Suicide of the Last Jew in the World in the Last Cinema in the World)sketch du film « CHACUN SON CINEMA, LE FILM DU 60ème ANNIVERSAIRE »

2006-07 LES PROMESSES DE L’OMBRE (Eastern Promises)

« Dans Les Promesses de l’ombre, de nombreux personnages sont prisonniers. Naomi, qui mène une vie ordinaire, ennuyeuse, fade, est fascinée par le monde du restaurant russe débordant de vie, de musique et d’enfants. Mais ce lieu est aussi une cage où les gens sont pris au piège. L’une des prisons les plus terribles, c’est celle de la famille. Celle qui est dirigée par le père incarné par Armin Mueller-Stahl, comme celle formée par la fraternité criminelle. Les individus cherchent à s’intégrer à des structures dont ils ne peuvent s’échapper. Parmi celle-ci, l’identité nationale est l’élément le plus fort. Chaque structure à son propre code. Les tatouages, on a l’impression que le corps raconte une histoire. Ils en sont l’élément visuel le plus important. Et la métaphore de l’engagement absolu pour un code et une idéologie. » David Cronenberg

2011 A DANGEROUS METHOD

 “…je ne crois pas que l’on puisse psychanalyser une œuvre car, précisément, il manque la relation essentielle entre l’analyste et le patient. Freud considérait que l’art ne faisait qu’anticiper la vérité de la psychothérapie. Ainsi toute la mythologie grecque finissait par se retrouver dans la psychothérapie, comme le complexe d’Œdipe. Et l’écrivain Nabokov, qui estimait que Freud dévaluait l’art au profit de la psychothérapie, le détestait et l’avait surnommé “le charlatan viennois”.” David Cronenberg

2012 COSMOPOLIS d’après le roman de Don DeLillo

Je voulais vraiment que les dialogues de Don DeLillo soient à l’écran, même quand c’est une sorte de monologue méditatif et philosophique. Il n’y avait aucun doute, jamais, dans mon esprit que je ferais des compromis pour le rendre « plus accessible », parce que je pensais que cela détruirait simplement la raison de faire le film en premier lieu.” David Cronenberg

2013 THE NEST (court-métrage)

2014 MAPS TO THE STARS

On peut voir Hollywood comme une famille, étrange, difficile, mais c’est une communauté où tout le monde se connaît. Chacun à Hollywood comprend les règles du jeu et les gens y sont en connexion les uns avec les autres. C’est le macrocosme d’une famille normale, ou plutôt d’une famille normalement dysfonctionnelle. Et c’est une famille très dure, particulièrement envers les enfants.” David Cronenberg

2014 CONSUMED trailer pour le roman de David Cronenberg

2021 THE DEATH OF DAVID CRONENBERG coréalisé par Caitling Cronenberg

2022 LES CRIMES DU FUTUR (Crimes of the Future)

Sources des commentaires

L’Ecran Fantastique n°2, entretien avec David L. Overbey (traduction Christian de Ferrin), 1979. Mad Movies n°30, entretien avec Marcel Burel & Jean-Pierre Putters – 1984. Positif n°373, entretien avec Karen Jaebne (traduction : Hubert Niogret) -1992. L’Ecran Fantastique n°39, entretien avec Randy et Jean-Marc Lofficier (traduction : Solange Schnall) – 1983. Texte de présentation de David Cronenberg, Programme officiel du Festival International du Film de Cannes – 1996. Les Inrocks n°88, entretien avec Frédéric Bonnaud – 1996. Les inrocks n°217, entretien avec Vincent Ostria – 1999. Les Inrocks n°505, entretien avec Serge Kaganski – 2002. Entretien avec David Martinez, Metropolitain Filmexport/SevenSept – 2003. Les Inrocks n°633, entretien avec Patrice Blouin – 2005. Le Monde, entretien avec Jean-François Rauger – 2007. Paris Match, entretien avec Christine Haas – 2011. Rotten Tomatoes, entretien avec Luke Goodsell – 2012. Critikat, entretien avec Théo Ribeton – 2014.