Summer – Alanté Kavaïté

Sangailé (Julija Steponaityté) est une jeune fille frêle passionnée par les avions mais transite de peur face à l’altitude. Elle rencontre Austé (Aisté Dirziuté), une fille de son âge pleine de confiance en soi et séductrice qui distribue des billets de loterie au cours d’une fête d’aéronautique organisée dans les faubourgs d’une ville de Lituanie, Elektrénai. Sangailé tire le chiffre 17 qui s’annonce prépondérant tout au long du film. 17 c’est leur âge, l’âge auquel on découvre le désir, son corps qui commence à accepter ses lignes d’adulte et qu’on s’initie à maîtriser, les sensations et les sentiments qui le traversent. Le 17 est aussi un chiffre traversé de souffrances car c’est le nombre des coupes au compas que la jeune Sangailé s’inflige sur se bras sans raison palpable mais qui l’aide à se libérer momentanément de son enfermement.

Summer

Sangailé et Austé sont deux pôles opposés sur lesquels tangue le film, même si les silhouettes des deux adolescentes se ressemblent fortement, pâles et grêles. Elles rappellent les modèles du photographe/cinéaste britannique David Hamilton. Austé, contrairement à sa copine, gagne sa vie en travaillant en tant que serveuse dans le buffet de la centrale d’Elektrenai, elle sait très bien ce qu’elle veut de la vie : elle fabrique des costumes et fait des photos artistiques. Malgré sa vie dans un HLM, Austé a décoré sa petite chambre par un millier de bidules  – fourrure, miroirs, coquillages, une chaise accrochée au plafond à l’envers; sa mère l’entoure d’amour et compréhension, alors que la mère de Sangailé est autoritaire et un peu aigrie à cause de la fin de sa carrière de ballerine. Austé est une combattante quelque peu possessive, elle habille sa copine comme si c’était sa poupée, elle sait comment gagner son attention et amour, alors que Sangailé est renfermée sur elle-même, fragile et suicidaire. Leur désir sexuel va être un moteur afin d’atteindre chacune son objectif : Austé va chercher à assouvir ses fantasmes créatifs et Sangailé – voler dans un avion de voltige en ayant vaincu sa peur, ses angoisses et ses faiblesses. Les deux portraits s’entrecroisent et aident à peindre la ligne générale du film, l’amour pubère n’existe qu’en second plan.

Summer3

Le côté impressionniste que revendique la réalisatrice saute immédiatement aux yeux en regardant Summer : les images de paysages, de forêt, de champ, de lac et les corps des jeunes filles en tant que paysages, soit en gros plans et très gros plans. La mise en scène est basée sur l’émotion, le ressentie, le sentiment, tout comme à l’adolescence les sens sont exacerbés. Le visuel est magnifié par la musique sensuelle et féerique signée JB Dunckel (Virgin Suicides, Lost in Translation).

Summer4

La luminosité et la légèreté du traitement enduit le film de magie irréelle qui laisse un goût de nostalgie et de bonheur passé au spectateur,  ce n’est que le temps d’un été…

Rita Bukauskaite

A lire l’entretien avec Alanté Kavaïté

Summer Affiche

Summer, un film d’Alanté Kavaïté avec Julija Steponaityté, Aisté Dirziuté, Nele Savicenko, Laurynas, Jurgelis, Salkauskaité Inga, Martynas Budraitis.  Scénario : Alanté Kavaité. Directeur de la photographie : Dominique Colin. Décors : Ramunas Rastauskas. Montage : Joëlle Hache. Musique : Jean-Benoît Dunckel. Producteurs : Antoine Simkine – Zivilé Gallego. Production : Les Films d’Antoine – Fralita Films – Viking Film avec le soutien du Lithuanian Film Center – Eurimages – Netherlands Fund for Film en association avec Cofinova 10. Distribution (France) : UFO Distribution (29 juillet 2015). Lituanie – France – Pays-Bas. 2015. 88 mn. DCP. Couleurs.  Sélection Festival de Sundance, 2015. Festival de Berlin – Panorama, 2015. Tous publics.

Une réflexion au sujet de « Summer – Alanté Kavaïté »

Les commentaires sont fermés