Starship Troopers – Paul Verhoeven

Dans un futur lointain, une puissante fédération fait régner l’ordre et la morale sur Terre en incitant inlassablement la jeunesse à lutter et l’encourageant au devoir, à l’abnégation et au sacrifice de soi. Mais aux confins d’une galaxie inconnue, une armée d’arachnides géants menace l’humanité et rase la ville de Buenos Aires de la surface de la planète en à peine quelques secondes. Cinq jeunes à peine sortis de l’école, pleins de courage et d’illusions s’engagent dans l’armée et se portent volontaires pour partir en mission dans l’espace combattre l’envahisseur.

Starship Troopers Paul Verhoeven

Ereinté par la mésaventure de son film précédent Showgirls, pour cette libre adaptation du roman de Robert A. Heinlein, Verhoeven retrouve le scénariste Edward Neumeier et le producteur Jon Davison avec lesquels il avait travaillé sur Robocop. Il signe avec ce film un retour à la science-fiction empreinte d’ironie cinglante. Derrière la façade de blockbuster que donne de prime abord le film, le scénario « jouant de l’imagerie fasciste pour pointer certains aspects de la société américaine », le réalisateur détourne en fait délibérément le livre vers la satire antimilitariste et sociétale.

Paul Verhoeven Starship Troopers

Redoutablement efficace et d’une causticité sans pareil, Verhoeven et Neumeier n’y sont pas allés de main morte. Le message politique subversif du film qui met en parallèle l’impérialisme américain et le national-socialisme est sans appel pour le pays. De nombreux éléments du film, comme les uniformes militaires rappelant ceux des SS, et autres symboles, comme par exemple le drapeau de la Fédération, sont basés sur l’esthétique nazie. Le réalisateur a poussé jusqu’à faire référence aux codes visuels et aux mises en scène des films de propagande de l’époque tel que Le Triomphe de la volonté, le documentaire tourné par Leni Riefenstahl sur le congrès nazi de Nuremberg en 1934, dont il copiera même certains plans. Ces références intégrées à un film de genre à la violence cartoonesque et au casting volontairement caricatural digne d’un sitcom, va provoquer l’incompréhension chez beaucoup de critiques et de spectateurs qui ne percevront pas l’ironie du film et son discours satirique et antimilitariste, comme s’ils n’avaient jamais vu ou compris les films précédents, le travail et l’œuvre du cinéaste.

Pendant les deux années de travaux qu’a nécessités Starship Troopers, le studio qui le produisait a connu pas moins de cinq directeurs différents dont aucun n’a jamais pris le temps de regarder les images du tournage du film. C’est pour cette raison que Verhoeven a pu faire son film tel qu’il le voulait. Une fois qu’il a été terminé et que le studio l’a vu, les personnes ont été sidérées de voir un film dont les jeunes et beaux héros puissent aussi être, peut-être, fascistes. Pas assez manichéen à leur goût, ils n’ont pas aimé, ou plutôt, ils ont détesté l’ambiguïté du film mais heureusement pour son réalisateur, heureusement pour nous et heureusement pour le cinéma, c’était trop tard.

Steve Le Nedelec

STARSHIP TROOPERS

Starship Troopers un film de Paul Verhoeven avec Casper Van Dien, Dina Meyer, Denise Richards, Jake Busey, Michael Ironside, Neil Patrick Harris, Clancy Brown, Marshall Bell. Scénario : Edward Neumeier d’après le roman de Robert A. Heinlein. Directeur de la photographie : Jost Vacano. Décors : Allan Cameron. Montage : Mark Goldblatt & Caroline Ross. Musique : Basil Poledouris. Producteurs : Jon Davison & Alan Marshall. Production : TriStar Pictures – Touchstone Pictures – big Bug Pictures – Digital Image Associates. Etats-Unis.  1997. 129 mn.  Couleurs (Technicolor) Format image : 1.85 :1. DTS. Dolby Digital. Interdit aux moins de 12 ans.