Sous surveillance – Robert Redford

susan-sarandon-sous-surveillance

Une ex-membre d’un groupuscule gauchiste de la fin des années soixante est arrêtée alors qu’elle allait se rendre.  Intrigué par cette affaire, un jeune journaliste d’un journal local remonte la filière des anciens du groupe et arrive jusqu’à un avocat qui vit sous une fausse identité.

Sous surveillance est film très intéressant jusque dans ses faiblesses sur un groupe américain de la gauche radicale. The Weather Underground est composé de jeunes utopistes, opposés à la Guerre du Vietnam et à la chape de plomb idéologique qui s’était abattu sur le pays. Différents courants se font jour au sein du groupe, soit favorable à la pure action militante soit orienté vers l’action violente. Le film de Robert Redford interroge non pas le passé de ces activistes, mais leurs présents et comment ont-ils pu se fondre dans la société. L’intérêt du film se situe dans les longues scènes de rencontres où les anciens du groupe, activistes ou sympathisants, évoquent leurs actes et surtout ne regrettent rien. Ce qui est assez étonnant dans un film américain de l’après 11 septembre, et au cœur d’une société américaine, qui aujourd’hui les taxe de terrorisme et les apparente à des terroristes. Mais pour l’existence du film, Redford et son scénariste ont dû faire bon nombre de concessions. Premier problème, comment faire un film où les personnages ne peuvent être qu’âgés ? Résultat, Redford y est un avocat en activité, veuf et père d’une jeune fille. L’enquête en parallèle que mène Shia Laboeuf, n’est qu’un procédé et une manière de rajeunir les personnages mais aussi pour le mettre au contact de personnages développant un discours de condamnation consensuelle, concernant les actions passés des activistes.

robert-redford-sous-surveillance-2

Redford en terme de mise en scène adopte un style très années soixante-dix, – très en deçà d’un Pollack ou d’un Pakula -, et laisse un espace aux comédiens de construire leurs personnages. Hélas la dernière partie, la rencontre entre Redford et son ex-amante et militante, Julie Christie, souffre d’un dialogue trop faible et d’une mise en situation scénaristique inintéressante. Le film accuse alors un côté assez poussif et un réel manque de rythme. Malgré ses concessions, atténuation du discours, son orientation commerciale du film et son cachet classique, un tel film, par son point-de-vue pro-activiste, est impossible en France.

August Tino

affiche-francaise-sous-surveillance

Sous Surveillance (The Company You Keep) Un film de et avec Robert Redford, Shia Laboeuf, Julie Christie, Brendan Gleeson, Susan Sarandon, Sam Elliott, Nick Nolte, Stanley Tucci, Chris Cooper, Terrence Howard, Richard Jenkins.  Scénario :  Lem Dobbs d’après le roman de Neil Gordon. Photo : Adriano Goldman. Musique : Cliff Martinez.  Montage : Mark Day. Producteurs : Robert Redford, Nicolas Chartier & Bill Holderman. Production : Voltage Pictures – Wildwood Enterprises – Brighlight Pictures – Kingsgate films – TCYK  North Productions. Distribution (en salles) : SND. Format image : 2,35 :1. Couleur. Dolby Digital. USA. 2012. 121 mn.