PIFFF 2019 – Jour 6

Lundi 16 décembre 2019

 Au programme aujourd’hui : Le « côté obscur » des super-pouvoirs ; Une Séance Culte pour un classique Britannique ; un polar noir et rouge sang cartoonesque venu de Russie ; un documentaire fascinant sur un artiste de l’ombre ; Sans oublier la Rediff du PIFFF.

12h00 : Les Rediffs du PIFFF : I SEE YOU d’Adam Randall avec Jon Tenney, Helen Hunt, Judah Lewis, Owen Teague… – Etats-Unis – En Compétition.

14h30 SUPER ME (Chao Ji de Wo) de Zhang Chong avec Talu Wang, Jia Song, King Shih-Chieh, Gang Wu… – Chine – En Compétition – Première Française.

Le train de vie de Sang Yu, scénariste raté, change du tout au tout dès lors qu’il réalise qu’il peut ramener des objets de valeur de ses rêves. A lui le relooking, les bons petits plats,… Une certaine confiance s’installe. Seule ombre de taille au tableau, ce mystérieux démon qui cherche à lui faire la peau dès qu’il ferme les yeux…

Sur le schéma classique du super pouvoir envisagé comme une malédiction, le cinéaste Zhang Chong bâtit un univers pop aux règles imprévisibles dans lequel, avec toutes les possibilités que lui offre son rôle, le comédien Wang Talu ne manque visiblement pas de se faire plaisir. Ce dernier se donne à fond dans ce premier long-métrage plus que prometteur. Les effets spéciaux numériques du film comptent parmi les plus originaux vus cette année.

17h00 THEATRE DE SANG (Theatre of Blood, 1973) de Douglas Hickox avec Vincent Price, Diana Rigg, Ian Hendry, Harry Andrews… – Grande-Bretagne – Les Séances Cultes.

Les membres d’un cercle de critiques disparaissent les uns après les autres dans des circonstances rappelant les crimes des grands classiques shakespeariens. Et pour cause : ils sont la cible d’Edward Lionheart dont ils ont ruiné la carrière. Bien décidé à prendre sa revanche sur ces « journaleux », ne jurant que par sir William, pour tuer ses victimes, le comédien a imaginé un plan diabolique inspiré des tragédies dont il fut l’interprète. Jules César, Richard III ou encore Othello deviennent alors prétextes à des mises en scène macabres.

Vilain petit canard de la flopée de films cultes à avoir nourri la carrière du légendaire Vincent Price, Théâtre de Sang n’est pourtant rien moins qu’un chef-d’œuvre du cinéma d’épouvante britannique. Interprété par une brochette de comédiens mythiques du cinéma britannique qui, excentriques à souhait, s’en donnent tous ici manifestement à cœur joie, l’incroyable performance que livre Price avec un plaisir non dissimulé est saisissante et témoigne de son immense talent. Le comédien n’hésite pas à endosser divers costumes et autres déguisements hallucinants et à déclamer les tirades les plus célèbres du dramaturge anglais tout en trucidant de façon délirante des critiques. Grandiose !

 Sur le principe de L’Abominable Docteur Phibes (1971) de Robert Fuest, autre classique du genre toujours avec Vincent Price, avec son humour noir, son esthétique baroque, ses dialogues savoureux, son esprit sarcastique et bien évidemment la folle mise en scène (distorsions focales, cadres alambiqués,…) aussi excessive que réjouissante de l’atypique Douglas Hickox, la comédie horrifique Théâtre de Sang est une oeuvre précieuse du cinéma bis qui se joue des convenances du genre avec un brio incomparable. L’étonnant binôme formé par Vincent Price et Diana Rigg (oui, La Emma Peel de The Avengers !) dans le rôle de sa fille participe au plaisir coupable que prend le spectateur à ce divertissant spectacle grand-guignolesque qui, derrière la farce, invite à la réflexion sur le pouvoir, le sens et le rôle de la critique et sur la place de l’Art véritable au sein du vulgaire formatage pseudo culturel actuel.

19h30 WHY DON’T YOU JUST DIE (Papa, Sdokhni, 2018) de Kirill Sokolov avec Vitaliy Khaev, Aleksandr Kuznetsov, Evgeniya Kregzhde, Michael Gor… – Russie – En Compétition – Première Française.

Vêtu d’un pull Batman et marteau en main, Matvey est déterminé à aller venger Olya, sa petite amie, des mauvais traitements infligés par son père Andrei. Celui-ci, un policier de Moscou plutôt costaud à l’allure grossière, ne va pas se laisser faire. Alors qu’ils font connaissance autour d’un petit-déjeuner, leur conversation est marquée de violents sous-entendus et la situation dégénère bien vite. Les deux hommes s’écharpent dans l’appartement familial, et sont bientôt rejoints par d’autres protagonistes prêts à en découdre.

Premier long-métrage du cinéaste russe Kirill Sokolov, combinant avec maitrise à la fois le polar, la comédie et le gore, Why Don’t You Just Die est un excellent thriller à l’humour noir délectable. A noter que Sokolov a également signé le scénario et assuré le montage du film. Survitaminé et jouissif Why Don’t You Just Die est le parfait divertissement pour les festivaliers adeptes de personnages et de situations cartoonesques. Multipliant les plans épiques et les idées tordues, la mise en scène singulière et jubilatoire du réalisateur « trahit » ses influences qui vont de Sam Raimi aux frères Coen en passant par Tarantino. Why Don’t You Just Die habille son massacre d’une sublime photographie où, dans toutes ses nuances, la couleur dominante est bien évidemment le rouge.

Invité du Festival, le réalisateur et scénariste Kirill Sokolov sera présent lors de la projection du film.

22h00 PHIL TIPPETT – MAD DREAMS AND MONSTERS de Gilles Penso et Alexandre Poncet avec Phil Tippett, Jules Roman, Paul Verhoeven, Joe Dante… – France – Hors Compétition.

 De ses créatures mémorables pour la première trilogie Star Wars, à ses créations dantesques pour Paul Verhoeven ou pour Jurassic Park, l’imaginaire de Phil Tippett imprègne la culture cinématographique mondiale des quarante dernières années. Ce Maître de l’animation en stop motion nous ouvre les portes de son studio.

De Jabba le Hutt aux insectes géants de Starship Troopers en passant par les robots tueurs de Robocop ou encore les dinosaures de Jurassic Park, l’animateur de stop motion, designer et réalisateur, Phil Tippett a donné naissance à mille créatures devenues légendaires. Père de nombreuses créatures cultes de notre imaginaire collectif, Tippett est un inventeur de génie, un artiste véritable et incontournable. Phil Tippett – Mad Dreams and Monsters révèle le portrait de l’artiste fou qui se cache derrière le brillant technicien hollywoodien récompensé aux Oscars pour Le Retour du Jedi ou encore Jurassic Park de Steven Spielberg.

Digne successeur de leur déjà fascinant Le Complexe de Frankenstein en 2015, le nouveau documentaire du duo Gilles Penso / Alexandre Poncet lutte avec panache pour la reconnaissance des artistes de l’ombre à leur juste valeur. Tandis que des intervenants aussi passionnants que Joe Dante et Paul Verhoeven rendent hommage aux talents de celui qu’ils élèvent au rang de co-réalisateur, Phil Tippett, homme de l’ombre, ouvre les portes de son studio. Défile alors tout un pan essentiel de ce qui constitue la pop culture des quarante dernières années. Quand l’imagination et la technique rencontre l’esthétique… Entrez dans la Légende !

Invités du Festival, les réalisateurs Gilles Penso et Alexandre Poncet seront présents lors de la projection du film.

Steve Le Nedelec