Glauber Rocha

Le musée du Jeu de Paume organise jusqu’au 18 décembre 2012, sous le titre L’Age de Glauber, une rétrospective consacrée au cinéaste brésilien Glauber Rocha.

Cinéaste révolutionnaire, Glauber Rocha, dans une œuvre d’une grande force, esthétique et politique, ne sombrera jamais dans la nostalgie de la gauche ou d’une quelconque forme de sentimentalisme utopique. Jamais ses idéaux ne se verront atténués au contact d’un pseudo effet de réalité, sensé être l’élément réducteur de tout mouvement d’émancipation mis en place par les forces réactionnaires.

Films de mouvements, de luttes ou le renoncement n’existe pas, le cinéma de Rocha, c’est dans un premier temps le cri du peuple du Nordeste brésilien, des damnés de la terre, avant de devenir celui de tout le tiers-monde. Chez Glauber Rocha tout compromis est synonyme de défaite idéologique.

Découvert dans les années soixante avec Le dieu noir et le diable blond, Glauber Rocha se trouve propulsé sur la scène international, où les conflits ne manquent pas. L’impérialisme américain, la guerre du Vietnam, l’étouffement de la jeunesse, la non répartition des richesses, la soumission-aliénation de l’homme, les luttes de libérations sont les thèmes des nouvelles vagues cinématographiques, que ce soit en Tchécoslovaquie, en Italie, au Québec, au Japon ou d’une manière plus timide en France. Glauber s’inscrit dans son époque et il ne renoncera jamais à ses idéaux.

Cinéaste lucide et emporté, Glauber Rocha dans chaos d’images engendrés par la souffrance et en des monologues lyriques nous décortique, film après film, ce paysage mondial livré au capitalisme le plus sauvage.

« Quand je suis revenu à Eldorado

Je ne sais plus si avant ou après

Quand j’ai revu le paysage impassible les mêmes gens perdus dans leur impossible grandeur

Je portais en moi  la dure amertume des rencontres perdues

Et une fois de plus je m’égarais dans le tréfonds de mes oublis

Je ne croyais ni aux rêves ni à rien

Seule la chair me brûlais et je m’y rencontrais. »

Nous dit Paulo dans l’époustouflant Terre en transe.

La révolution de Glauber est charnelle et sensuelle, l’homme doit aller au-delà de la servitude, de Dieu, au-delà de tout système et atteindre une liberté, un nouvel horizon, un autre monde.

Cinéaste-poète « gladiateur défunt mais intact » Glauber Rocha nous rappelle dans son œuvre incantatoire qu’au début était le verbe… révolutionnaire…

Fernand Garcia