FFCP 2019 – Section Paysage

La section Paysage propose un panorama du meilleur du cinéma coréen d’aujourd’hui en 13 films : des films de genre aux films d’auteurs, des films commerciaux aux films indépendants en passant par des documentaires et des films expérimentaux.

A Boy and Sungreen (2019) de Ahn Ju-young

Bo-hee et Nok-yang ont 14 ans et traînent tout le temps ensemble. Il est timide et fragile, elle est culottée et intrépide. Elle se rêve cinéaste mais s’endort toujours au cinéma. Il a un prénom féminin et ne le vit pas très bien. Lorsque Bo-hee apprend que son père qu’il croyait mort est en fait bien en vie, il se met en tête de le retrouver, avec l’aide de Nok-yang.

Conte adolescent moderne, aussi tendre et rafraîchissant qu’attachant, A Boy and Sungreen est un très beau film indépendant qui suit avec justesse les pérégrinations de deux très jeunes amis confrontés au monde adulte en mettant l’accent sur les moments importants de l’enfance.

Née en 1981 à Séoul, Ahn Ju-young a d’abord étudié le français et la littérature à l’Université Hongik puis le cinéma à la Korean Academy of Film Arts. Après quelques courts-métrages remarqués, dont Cartwheel  en 2014, avec A Boy and Sungreen, Ahn Ju-young signe son premier long-métrage.

Another Child (2019) de Kim Yun-seok

Le père de Joo-ri a une liaison extraconjugale avec la mère de Yoon-ah. Sous le coup de la colère, Yoon-ah prévient la mère de Joo-ri, qui découvre rapidement que la maîtresse de son mari est enceinte. Cet événement bouleverse l’ordre familial et remet en perspective la vie des cinq personnages. Pris au piège de sentiments contradictoires, les trois parents et les deux adolescentes tentent de se préparer au mieux à l’arrivée de ce nouvel enfant.

Avec le drame familial inter-générationnel Another Child, l’acteur Kim Yun-seok réalise son premier long métrage. En questionnant les souvent difficiles et complexes rapports humains et familiaux, avec Another Child, le réalisateur fait le choix pudique d’épouser les différents points de vue des personnages qui tentent comme ils peuvent de composer avec la vie, sans jamais porter de jugement sur ceux-ci.

Né en Corée en 1968, Kim Yun-seok a été acteur de théâtre dès la fin des années 80, avant de se tourner vers le cinéma au milieu des années 2000 où il a été reconnu internationalement en interprétant le personnage principal dans l’époustouflant The Chaser (2008) réalisé par Na Hong-jin qui le dirigera à nouveau trois ans plus tard dans le sublime thriller noir The Murderer (2011) . On a également pu le voir entre autres à l’affiche de The Fortress (2017) de Hwang Dong-hyuk, Sea Fog (2014) de Shim Sung-bo ou encore 1987 (2017) de Jang Joon-hwan. Kim Yun-seok joue également dans Another Child.

Army (2018) de Kelvin Kyungkun Park

En Corée du sud, le service militaire est une étape longue et incontournable de la vie d’un jeune homme. Woochul s’apprête à commencer le sien, qui sera son quotidien pendant près de deux années. Le cinéaste Kelvin Kyungkun Park va le suivre de son premier à son dernier jour.

En filmant pendant deux ans un jeune appelé, avec Army, Kelvin Kyungkun Park dépasse la simple interrogation de l’utilité et de la nature du service militaire sud-coréen et propose une  réflexion sur l’art du documentaire. Habité et fortement marqué par son propre vécu, le cinéaste filme les nouvelles expériences auxquelles sont sujet la nouvelle génération en rompant radicalement avec les codes esthétiques et narratifs du genre. Véritable réflexion sur le pouvoir de l’image, Army est expérience déroutante, une œuvre fascinante et hypnotique.

Né en 1978, Kelvin Kyungkun Park a étudié à l’Université de Californie aux Etats-Unis. Il réalise Cheonggyecheon Medley, son premier long-métrage documentaire, en 2010, puis, un deuxième, le fascinant A Dream of Iron, en 2014. Tous deux ont été programmés au Festival du Film Coréen à Paris. Army est le troisième film documentaire de Kelvin Kyungkun Park.

Between The Seasons (2018) de Kim Jun-sik

Hae-su s’installe dans une nouvelle ville et ouvre un café pour commencer sa nouvelle vie. Ye-jin, une lycéenne et cliente régulière, commence à travailler au café et tombe peu à peu amoureuse de Hae-su. Ye-jin décide de lui avouer son amour quand elle est certaine de ses sentiments.

Loin du jugement qui pèse par le regard d’une société trop conservatrice, avec Between The Seasons, le réalisateur Kim Jun-sik ose dresser le portrait magnifique et bouleversant de deux femmes singulières en quête d’identité et nous offre une très belle fable initiatique, un sublime message d’amour.

Kim Jun-sik a débuté sa carrière au cinéma en tant qu’assistant-réalisateur sur des films comme The Unjust de Ryoo Seung-wan en 2010 ou Nameless Gangster de Yoon Jong-bin en 2012. Between The Seasons est son premier long-métrage en tant que réalisateur.

Birthday (2019) de Lee Jong-un :

Jung-il est de retour en Corée après plusieurs années passées à l’étranger. Sa femme Soon-nam et sa fille Ye-sol ayant déménagé, il s’installe chez sa sœur. Jung-il cherche à se rapprocher de sa fille qu’il n’a plus vue depuis qu’elle était toute petite. Un deuil a brisé l’unité de cette famille, un enfant dont l’absence est au cœur de tout…

Imprégné du naufrage du Sewol, drame qui depuis 2014 a profondément marqué la société coréenne, avec Birthday, par le prisme du deuil qu’il a provoqué non seulement au sein des familles mais du pays tout entier, la réalisatrice Lee Jong-un traite le sujet de manière bouleversante. Procédant par touches, aidée par les comédiens remarquables que sont Jeon Do-yeon et Sol Kyung-gu,  Lee Jong-un filme avec sensibilité et retenue, l’absence, la douleur, la colère et le deuil. Produit par le cinéaste Lee Chang-dong à qui l’on doit entre autres Green Fish (1997), Peppermint Candy (2000), Secret Sunshine (2007), Poetry (2010) ou encore Burning (2018) et avec qui la réalisatrice a souvent collaboré, Birthday est habité d’une rare émotion et a connu un beau succès dans les salles en Corée.  

Née en 1974, Lee Jong-un a réalisé Farewell, son premier court-métrage, en 2000. Elle a commencé à travailler avec Lee Chang-dong comme script sur Secret Sunshine en 2007, puis a continué à collaborer avec lui, notamment sur Poetry en 2010. Birthday est son premier long-métrage en tant que réalisatrice.

Default (2018) de Choi Kook-hee

En 1997, la Corée du Sud fait face à une banqueroute totale de son économie. Han Shi-hyeon est à la table des négociations. Elle est une des rares femmes invitées à ce niveau de décision et se refuse à abandonner toute souveraineté au FMI. Jung-hyak, quant à lui, est un jeune trader ambitieux et opportuniste qui profite de ses connaissances et de son intuition de la crise imminente pour faire fortune. Gab-su, à la tête d’une toute petite société, est au contraire vite pris à la gorge par la situation. Ces histoires et trajectoires vont se croiser et révéler la perversité du système économique contemporain.

Dans la lignée de Margin Call (2011) de J.C. Chandor mais faisant la part belle à l’humain, à la diversité des points de vue et aux différentes classes sociales touchées par la crise économique de 1997, Default a la particularité de se distinguer de ce dernier, d’être moins technique et glacial et de gagner en émotion. Servi par un casting remarquable, avec en premier lieu l’excellente Kim Hye-soo, mais aussi Yoo Ah-in que l’on a pu voir à l’affiche de Burning (2018) de  Lee Chang-dong ou encore Vincent Cassel interprétant avec justesse un membre cynique et sans scrupule du FMI, Default a enregistré plus de trois millions d’entrées en Corée. 

Né en 1976, Choi Kook-hee a étudié le cinéma aux Etats-Unis à l’Université du Wisconsin, puis en Corée à la Korea National University of Arts. Après avoir tourné plusieurs courts métrages durant les années 2000, il réalise Split, son premier long-métrage, en 2016. Default est son deuxième film comme réalisateur.

House of Hummingbird (2018) de Kim Bora

Séoul, été 1994. Eun-hee est collégienne. Elle cherche sa place entre des parents qui se disputent, une sœur aînée qui fait le mur et un frère qui a la main lourde. Elle a un petit ami mais n’est pas très populaire à l’école. L’arrivée d’une nouvelle professeure dans l’institut privé où elle prend des cours de chinois va changer la façon dont Eun-hee voit le monde qui l’entoure.

A travers le portrait qu’elle fait de sa jeune héroïne habitée par le doute et témoin de violences quotidiennes, avec House of Hummingbird, son premier long métrage, Kim Bora dresse subtilement celui de la Corée et parle d’une époque. Une époque où, comme l’adolescente se situe entre l’enfance et l’age adulte, la Corée du sud, après la dictature, ne sachant pas ce que l’avenir lui réserve, est en pleine transition. House of Hummingbird traite avec émotion et poésie des difficultés de se trouver, de se construire et de l’importance des rencontres dans une vie qui aident à affronter la réalité qui nous entoure.

Née en 1981, Kim Bora est diplômée de l’Université Dongguk en Corée et de Columbia aux Etats-Unis. Après avoir remporté plusieurs prix en 2011 avec son court-métrage The Recorder Exam, Kim Bora réalise House of Hummingbird, son premier long-métrage, qui triomphe dans chaque festival où il est projeté.

Invitée du Festival du Film Coréen à Paris, la réalisatrice Kim Bora sera présente pour présenter son film et rencontrer le public.

Kim-gun (2018) de Kang Sang-woo

Qui est le jeune homme armé sur cette photographie emblématique du soulèvement populaire de Gwangju ? En 2015, le politicien conservateur Jee Man-woo, analyses faciales à l’appui, affirme qu’il s’agissait d’un agent nord-coréen mandaté pour inciter à la violence contre le gouvernement dictatorial sud-coréen. Les survivants n’acceptent pas cette théorie du complot ; une témoin des événements de mai 1980 croit d’ailleurs y reconnaître Kim-gun, un simple sans abri vivant sous un pont de Gwangju.

Avec Kim-gun, documentaire retraçant les évènements de Gwangju au travers de photographies d’archives et de témoignages, Kang Sang-woo rend compte avec recul et pédagogie de la complexité de l’histoire de la Corée du sud.

Né à Séoul en 1983, Kang Sang-woo a étudié la physique et l’informatique. Dans les années 2010, il commence à tourner des courts-métrages tout en travaillant comme programmeur. Il a également été assistant-réalisateur sur le long-métrage Manshin : Ten Thousand Spirits de Park Chan-kyong en 2013. Kim-gun est son premier long-métrage comme réalisateur.

Last Scene (2018) de Park Bae-il

Le cinéma Gukdo anime la vie culturelle de son quartier à Busan depuis 2008. Mais après une dizaine d’années de bons et loyaux services, il est sur le point de fermer définitivement ses portes. Last Scene suit le quotidien de ce cinéma de quartier, pendant les dernières semaines de sa vie, au milieu de ceux qui le gèrent et ceux qui le fréquentent…

Bien qu’il traite de la triste disparition du cinéma indépendant en Corée au travers des témoignages et des souvenirs que partagent les employés et les cinéphiles d’un cinéma de quartier de Busan qui va fermer ses portes, avec la passion, le partage et tout l’amour du cinéma qui s’en dégage, Last Scene est un documentaire paradoxalement poétique et lumineux qui parle à tous les cinéphiles et amoureux du cinéma.

Né en 1981, Park Bae-il a réalisé Just Their Christmas, son premier court-métrage documentaire, en 2007. Il réalise en 2010 Cruel Season, son premier long métrage de fiction, avant de revenir au documentaire avec des films engagés comme Miryang Arirang et Soseongri.

MAL.MO.E : The Secret Mission (2019) de Eom Yuna

Durant l’occupation japonaise en Corée, la Société de la Langue Coréenne bâtit le projet de publier un dictionnaire complet de la langue nationale. L’occupant japonais impose sa langue à l’école et fait disparaître petit à petit le coréen dans un esprit colonisateur très agressif. Quelques hommes et femmes vont se battre pour que demeure un pan majeur de leur culture face à l’oppression militaire.

Les mots étant indispensables pour structurer la pensée, rappelant que la colonisation linguistique est une étape importante dans un projet impérialiste de contrôle des masses, à l’image de 1984 de George Orwell, MAL.MO.E : The Secret Mission est un drame historique qui traite de faits réels survenus en Corée sous l’emprise du Japon avant la Deuxième Guerre mondiale. Avec plus de trois millions d’entrées, MAL.MO.E : The Secret Mission a remporté un beau succès dans les salles en Corée.

Née en 1979, Eom Yuna a étudié le cinéma et le théâtre à l’Université Dongguk à Séoul, puis l’écriture scénaristique à la Korea National University of Arts. Elle a connu un grand succès comme scénariste avec A Taxi Driver (2017) de Jang Hoon, présenté il y a deux ans au Festival du Film Coréen à Paris et qui a attiré 12 millions de spectateurs en Corée en 2017. MAL.MO.E : The Secret Mission est son premier film comme réalisatrice.

Ode to the Goose (2018) de Zhang Lu

Yoon-young et Song-hyun viennent d’arriver à Gunsan pour y passer quelques jours de vacances. Les deux amis posent leurs valises dans une mystérieuse auberge dirigée par un homme élevant seul sa fille autiste. Au fil des rencontres et de la déambulation dans Gunsan, la relation de Yoon-young et de Song-hyun se redessine…

Fable mélancolique habilement ancrée et incarnée par la ville de Gunsan avec une subtile mise en scène qui dissèque les liens invisibles qui unissent et désunissent les êtres, Ode to the Goose pose de manière brillante la question de la mémoire individuelle et collective. Les comédiens Park Hae-il que l’on a pu voir entre autres à l’affiche de Memories of Murder (2003) et The Host (2006) du génial Bong Joon-ho ou encore de The Fortress (2017) de Hwang Dong-hyuk, et Moon So-ri que l’on a vue quant à elle à l’affiche de Peppermint Candy (2000) de Lee Chang-dong, Une Femme Coréenne (2003) et The Housemaid (2010) de Im Sang-soo, Ha Ha Ha (2010), In Another Country (2012) et Hill of Freedom (2014) tout trois réalisés par Hong Sang-soo, ou encore de Mademoiselle (2016) de l’immense Park Chan-wook, incarnent avec une rare justesse ces personnages qui cherchent à se connaître, à se comprendre et à trouver leur chemin dans la vie.

Né en Chine en 1962, après une première carrière dans la littérature, Zhang Lu a commencé sa carrière de cinéaste en 2000 avec le court-métrage Eleven. En 2003, il signe son premier long-métrage avec Tang Poetry. Il réalise ensuite Rêve de Désert (2006), La Rivière Tumen (2009), Gyeongju (2014) et A Quiet Dream (2016) qui a été programmé au Festival du Film Coréen à Paris en 2017. Ode to the Goose est son sixième long métrage.

Our Body (2018) de Han Ka-ran

Ja-young prépare avec assiduité un concours devant lui permettre de trouver un emploi dans la fonction publique. Cependant, contre toute attente, elle renonce à se présenter à l’examen. L’intelligente Ja-young croise alors par hasard le chemin de Hyun-joo, une joggeuse à la plastique irréprochable. Les deux jeunes femmes se lient très vite d’amitié mais l’admiration de Ja-young pour Hyun-joo vire progressivement à l’obsession.

Critique de l’aliénation qu’impose la société coréenne à la performance physique et intellectuelle, avec Our Body, la réalisatrice Han Ka-ram dénonce la course effrénée des individus au conformisme de la réussite à tout prix. Traitant du corps, Our Body est un film sensoriel remarquablement interprété par la comédienne Choi Hee-seo, récompensée pour son rôle au Festival de Busan, qui incarne ici avec force et conviction un personnage désenchanté en quête de beauté, de jeunesse, de perfection, un personnage perdu dans cette société déshumanisée qui est en fait, en quête d’identité.

Née en 1985 à Séoul, Han Ka-ram est diplômée en sociologie de l’Université d’Ewha, et en cinéma de la Korean Academy of Film Arts. En 2017 elle réalise le court-métrage Tombstone Refugee. Our Body est son premier long-métrage.

Invitée du Festival du Film Coréen à Paris, la réalisatrice Han Ka-ram sera présente pour présenter son film et rencontrer le public.

Second Life (2018) de Park Young-ju :

Sun-hee est une adolescente introvertie que personne ne remarque dans son lycée. Issue d’une famille aisée, trop occupés par leurs activités professionnelles et leurs problèmes de couple, ses parents aussi se désintéressent d’elle. Après un drame, la jeune fille décide de s’enfuir et de commencer une nouvelle vie, une vie différente, sous un nouveau nom.

Peut-on tout recommencer et devenir quelqu’un d’autre, juste parce qu’on le désire et le décide ? Qu’est-ce qui nous détermine et nous définit ? Ne sommes-nous que ce que nous décidons d’être ? Peut-on choisir sa vie ? C’est sur ce postulat de base que dans Second Life le personnage de Sun-hee se réinvente telle qu’elle a toujours rêvé d’être afin de pouvoir enfin se sentir vivre et exister.

Née en 1985, Park Young-ju est diplômée en cinéma de la Korea National University of Arts. Tout en travaillant comme assistante réalisatrice sur diverses grosses productions, Park Young-ju a réalisé les courts-métrages A Delivery Girl et 1 Kilogram. Second Life est son premier long-métrage.

Allant du blockbuster au film d’auteur indépendant, la sélection très alléchante de cette quatorzième édition du Festival du Film Coréen à Paris met une fois encore à l’honneur un cinéma à l’exception culturelle singulière. De par sa diversité, son éclectisme et sa richesse, cette nouvelle édition s’annonce déjà exceptionnelle. N’hésitez plus! Venez découvrir le meilleur du cinéma coréen d’hier, d’aujourd’hui et de demain !

Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous au Publicis Cinémas du 29 octobre au 5 novembre.

Steve Le Nedelec