Desplechin-Briaud à la BnF

Pourquoi le montage est toujours aussi inventif chez Desplechin ?

Desplechin - Briaud

Ce n’est pas un hasard si Arnaud Desplechin et sa monteuse Laurence Briaud ont fait salle comble dans le grand auditorium de la BnF, le mercredi 3 février 2016, lors de la première rencontre d’un cycle de conférences consacrées au tandem cinéaste – monteur, animées par Frédéric Sojcher et N.T Binh en partenariat avec l’Université de Paris/Panthéon-Sorbonne.

Arnaud Desplechin est un des rares cinéastes français où le montage de ses films apparaît d’une grande liberté et d’une grande variété. L’effet global de son dernier film, Trois Souvenirs de ma jeunesse, c’est à dire le montage, est inventif, percutant, inspiré avec ces fermetures au iris, ces sublimes split-screens 70’s imprévus. On n’en finirait pas d’énumérer les preuves de virtuosité, mais ce sens du rythme n’est jamais gratuit, il est un personnage du cinéma de Desplechin.

Trois souvenirs de ma jeunesse Arnaud Desplechin

Pour Antoine Gaudin, maître de conférences en Etudes cinématographiques à l’Université Paris 3 et critique à nonfiction.fr : « Au-delà de la maestria et de la précision de son écriture et de son interprétation, ce beau film romantique et sombre figure ici pour une raison très simple : le rythme de son montage. Á ce niveau, Desplechin touche ici à une forme d’accomplissement rarement ressentie au cinéma : dans le flot impétueux de ce torrent d’idées et de sentiments esquissés puis contrariés, les raccords ressemblent à des sauts, et les ellipses à des gouffres, sur lesquels se dressent des ponts : voix-off et musique, unifiant le tout dans un même mouvement de l’âme. Ainsi le découpage du film parvient à être à la fois brusque et heurté, et en même temps parfaitement fluide et cohérent. La vibration qui s’en dégage à la projection est unique et bouleversante : ce ne sont pas seulement les souvenirs (quelque peu idéalisés) de la jeunesse que l’on retrouve ici, c’est surtout son mouvement, sa temporalité, son flow, captés dans la forme pleinement maîtrisée qui accompagne la maturité d’un cinéaste. »

L’association Arnaud Desplechin – Laurence Briaud est l’une des plus belles du cinéma.

August Tino

a lire : Entretien avec Laurence Briaud, Critique de Trois souvenirs de ma jeunesse