David Bowie

Il fallait être sacrément attentif pour repérer David Bowie dans Twin Peaks: Fire Walk With Me de David Lynch. Image fantomatique dans un moniteur de surveillance qui en l’espace d’un instant s’évaporer comme ça dans un souffle engloutie dans le monde des pixels. Invisible à l’œil, David Bowie s’est infiltré dans notre vie quotidienne, présence immatérielle, dont nous avons de temps à autre des nouvelles dans les salles obscure où ses magnifiques morceaux callés sur des génériques de fin rehaussés subitement de médiocres films hollywoodien.

David Bowie c’est deux films admirables, L’homme qui venait d’ailleurs (The Man Who Fell to Earth, 1976) et Furyo (Merry Christmas Mr. Lawrence, 1983), tournée à quelques années d’écart.

Bowie

Perdu sur terre, Newton, un humanoïde extraterrestre, devient un puissant industriel en développant des brevets photographiques, son comportement atypique et excentrique intrigue ses proches et les services secrets. Newton révèle sa véritable identité et devient un objet d’étude. Choix magnifique de Nicolas Roeg que de mettre en scène Bowie dans ce personnage, sorte de double parfait de l’auteur de Space Oddity. Cocaïnomane au moment du tournage, Bowie traverse le film comme en apesanteur, absent et étranger à ce qui l’entoure imprimant à L’Homme qui venait d’ailleurs (très beau titre français) un rythme lancinant comme une longue litanie mélancolique.

Furyo

Sept ans après cette magnifique expérience cinématographique, David Bowie se retrouve dans une aventure tout aussi passionnante. Mis en scène par Nagisa Oshima, Furyo (1983) est le premier film hors du Japon pour l’auteur de L’Empire des sens (1976). Film d’une grande force sur un choc culturel entre les prisonniers de guerre anglo-saxon et leurs geôliers japonais. Les thèmes abordés par Oshima ne sont pas si éloignés de ceux développés par son confrère Roeg. Sexualité, choc des cultures, incompréhension, éloignement de la terre natal, etc. Bowie y partage l’affiche avec un autre auteur-compositeur Ryuichi Sakamoto. Dédoublement fascinant d’un même personnage ancré dans des cultures et dans une approche comportementale aux antipodes l’une de l’autre.

Les prédateurs

Signalons aussi Just a Gigolo (Schöner Gigolo, amer Gigolo, 1978) film du comédien David Hemmings, ratage absolu mais pièce de curiosité devenue rarissime qui réunit à l’écran Sydne Rome, Kim Novak, Maria Schell, Curd Jürgens et en guest star l’immense Marlène Dietrich. Les Prédateurs (The Hunger, 1983) premier film de Tony Scott que l’esthétisme MTV très année 80 anéantie complètement toutes les belles perspectives en filigrane dans le corps du sujet. Seul élément positif, l’érotisme permanent qui émane de la relation entre David Bowie, Catherine Deneuve et Susan Sarandon. Labyrinthe (Labyrinth, 1986) du créateur du Muppets Show, Jim Henson, sympathique film pour enfants certes moins novateur que Dark Crystal (1982) mais tout à fait estimable. Il privilégie rapidement les petits rôles comme dans Série noire pour une nuit blanche (Into the Night, 1985) perle noir de John Landis et personnifie Ponce Pilate pour Martin Scorsese dans La Dernière tentation du Christ (The Last Temptation of Christ, 1988). En 1996, il incarne l’une de ses influences majeurs  Andy Warhol dans le biopic Basquiat signé par Julian Schnabel.

Exception faite des films de Roeg et d’Oshima, c’est peut-être dans ses vidéos clips (d’Ashes To Ashes à Lazarus) que David Bowie va trouver un espace de création plus en phase avec sa, ses personnalités.

Do you remember a guy that’s been

In such an early song ?

(Ashes To Ashes).

Fernand Garcia