Borgman – Alex van Warmerdam

Borgman

Des hommes armés, dont un prêtre, déboulent dans une forêt. Ils jaugent le sol à l’aide d’une longue barre métallique dont le bout en forme de cône est fait pour tuer. Sous terre, un homme, maigre, vêtement juste propre. Il est le traqué. Il réussit à s’enfuir et en chemin alerte ses « compagnons » troglodytes. Il débarque dans une banlieue bourgeoise. Sonne à une porte et demande au propriétaire de prendre chez lui une douche. La discussion s’envenime et le SDF est frappé violemment par le propriétaire sous les yeux de sa femme. Quelques heures après cette altercation, l’homme sonne de nouveau, cette fois c’est la femme qui ouvre, son mari étant parti. Elle accepte de le nourrir, et qu’il prenne une douche. L’homme dont le nom est Camiel Borgman entre dans la maison…

Première sélection cannoise pour le cinéaste hollandais, Alex von Warmerdam, découvert à la fin des années 80 avec un enchaînement de trois films tout à fait singuliers, Abel (1986), Les Habitants (1992) ressortie en salles récemment et La Robe (1996). Depuis nous l’avions quelque peu perdu de vue. Le réalisateur poursuit son travail, et le traitement de la narration de Borgman est assez particulier, nous sommes visuellement proches de Tati ou Kaurismaki. Le film évoque tout aussi bien Théorème de Pasolini que L’Ange exterminateur de Buñuel. Film à la lisière du fantastique, Borgman, raconte l’éclatement d’une famille bourgeoise dans une Europe du nord en pleine forme économique. La crise ici n’est donc pas financière, mais  d’ordre morale. Camiel Borgman est un révélateur, celui de la tristesse et de la pauvreté intellectuelle dans laquelle s’est enfoncée la petite bourgeoisie hollandaise. Le film d’Alex von Warmerdam est particulièrement réjouissant, le déroulement de l’histoire privilégie les effets de surprises, et la mise en scène utilise avec bonheur l’espace intérieur et extérieur de la maison. Pourtant pour celui qui connait l’univers du réalisateur, on reste un peu sur sa faim avec cette impression de « déjà vu » à laquelle s’ajoute certains effets qui datent un peu. Ce qui n’empêche pas le film d’être bien construit, de faire sens, en plus d’être un spectacle intelligent et de qualité.

 August Tino

Borgman affiche

Borgman, un film d’Alex van Warmerdam avec Jan Bijvoet, Hadewych Minis, Jeroen Perceval, Alex van Warmerdam. Scénario : Alex van Warmerdam. Photo : Tom Erisman. Montage : Job Ter Burg. Musique : Vincent van Warmerdam. Producteur : Marc van Warmerdam. Production : Granet Film – NTR – Epidemic – Angel Films. Pays-Bas – Belgique – Danemark. Format image : 2,35 :1. Couleur. Durée : 113 mn. 2013. Distribution (Salles France) : ARP Sélection. Sélection Officielle – Cannes 2013