Arnaud Desplechin – Bio-filmographie commentée

Arnaud Desplechin - photo Jean-Claude Lother-Why Not Productions

Né à Roubaix le 31 octobre 1960. Arnaud Desplechin est issu d’une famille nombreuse et unie, de tradition catholique, il y acquiert très tôt une vive sensibilité artistique (deux sœurs – Marie, romancière, et Raphaëlle, auteur dramatique -, et un frère Fabrice, comédien dans ses films). Ancien élève l’I.D.H.E.C. section : réalisation et prise de vue (1981-84).

1984.   LE POLICHINELLE ET LA MACHINE A CODER (Court métrage, film d’école)

1991.   LA VIE DES MORTS

LA VIE DES MORTS

1992.   LA SENTINELLE

La sentinelle

« C’est (…) l’histoire presqu’effacée de la fondation du monde. Il y a quarante-cinq ans à Yalta, trois hommes ont rêvé un nouvel ordre. La Sentinelle est l’histoire d’un garçon d’aujourd’hui qui – par le biais d’un bout de cadavre – entre dans ce rêve et s’y brise. » Arnaud Desplechin

1995.   COMMENT JE ME SUIS DISPUTE… (MA VIE SEXUELLE)

COMMENT JE ME SUIS DISPUTE

« Je suis persuadé que s’il n’y avait pas de films, il n’y aurait pas de monde. Comme tout se déréalise, il y a beaucoup plus de réalité au cinéma. Aujourd’hui, on ne voit plus rien dans le monde. L’argent, il n’y en a plus. Il n’y a plus d’oppression, plus de prolétaires, il n’y a plus que des images… Tout devient absolument virtuel, le monde a de moins en moins de consistance. Mais je ne pense pas que ce soit terrible : c’est le cinéma qui est chargé de constituer le monde. Quand le cinéma est bon, il y a un peu plus de monde. » Arnaud Desplechin

2001.   ESTHER KAHN d’après une nouvelle d’Arthur Symons

Esther

« La nouvelle d’Arthur Symons, Esther Kahn, m’a paru très choquante parce qu’elle dit qu’un être humain, c’est une machine plus quelques habitudes et de l’imitation. Alors est-ce que nous aurions un petit quelque chose qui est une âme ? Mais pas au sens spirituel, puisque c’est un écrivain athée, très vachard sur la religion. « Est-ce qu’on a une âme ? » est une très bonne question de cinéma. Bien sûr, des tas de gens sont persuadés que nous avons une âme, une « belle âme » évidemment, qui nous viendrait en droite ligne de Là-Haut. Tous ces gens qui sont persuadés d’être si singuliers, si personnels. Ce qui est beau chez Esther, c’est qu’elle a une âme, mais qui ne lui vient pas de Là-Haut, c’est une âme à elle. Esther est une fille très neutre, elle ne veut pas être particulière mais être comme tout le monde, ce qui me paraît être une grande vertu… » Arnaud Desplechin

2003.   ROIS & REINE

Rois & Reine

« Je me suis inspiré des cinq vers d’une poésie de Michel Leiris, « Rois sans arroi, Reine sans arène, Tour trouée, Fou à lier, Cavalier seul ». Je voulais montrer ce qu’il peut y avoir d’immense, de vertigineux, de majestueux dans nos vies alors qu’on a l’impression qu’elles n’ont rien d’extraordinaire. » Arnaud Desplechin

2002.   LEO EN JOUANT « DANS LA COMPAGNIE DES HOMMES » d’après la pièce d’ Edward Bond « La Compagnie des hommes » (In the Company of Men)

LEO

« A l’origine, c’est une pièce du plus Shakespearien des auteurs anglais contemporains, Edward Bond. Elle scrute les allées et venues du pouvoir et l’on y retrouve étonnamment la marque du cinéma américain des années 70. Un cinéma peuplé d’hommes tout entiers occupés à défier des appareils occultes : Les Hommes du Président, French Connection, Les Trois jours du Condor, Network, Marathon Man… Pour que soit enfin démasqué un coupable. C’est précisément cette rencontre entre le théâtre et la série B – comme caisse de résonance offerte par le film noir à l’art le plus politique – que j’ai eu envie d’orchestrer. Afin que s’accomplisse justement cette fonction libératrice du thriller. Il n’y a pas de coupable ultime, juste quelques hommes de pouvoir qui oeuvrent dans l’ombre et font du monde une jungle. » Arnaud Desplechin

2007.   L’AIMEE (Documentaire, autobiographie)

« Il y a un an, mon père quittait la maison dont il a hérité à 21 ans, et qu’il a habitée depuis. Mon frère et ses garçons s’apprêtaient à quitter Bucarest pour s’installer à Téhéran. J’ai pensé que filmer une dernière fois la maison et les souvenirs de mon père ; – filmer des trajets sur des lieux minimaux, vers des maisons vides ou un cimetière ; – filmer la dernière visite à Roubaix de mon frère et ses fils, oui, filmer cela, c’était mon travail. » « Peut-on porter le deuil de quelqu’un qu’on ne connaît ? C’est un peu imprudent (…) Le narrateur a lui le deuil d’une femme dont il n’a pas d’image.  » Arnaud Desplechin

2008. UN CONTE DE NOEL

Un conte de Noël

« Le film explore ces désordres psychiques des personnages qui s’interrogent sur qui est compatible avec qui, qui transmet la maladie à qui et sur l’origine du mal. Mais une famille, c’est fait pour dysfonctionner. Si on fait un film sur l’armée, son organisation, sa hiérarchie, les liens qui unissent les uns aux autres, ça va dysfonctionner aussi. » Arnaud Desplechin

2013. JIMMY P. (PSYCHOTHÉRAPIE D’UN INDIEN DES PLAINES)

JIM_DAY_9_2958 photo Nicole_Rivelli_-_Why_Not_Productions

« C’est au cœur du film. L’un vient du Montana, l’autre de France, et ils se retrouvent au milieu de nulle part, à Topeka, donc ils ne peuvent que devenir amis. Ni l’un ni l’autre ne sont vraiment américains, l’un parce qu’il est indien et l’autre Européen. Dans le film, ils apprennent comment vivre aux Etats-Unis et à la fin, ils commencent à être américains. Mais ce qui compte énormément, c’est que Devereux est un psychanalyste qui a travaillé avec la communauté « native ». Freud disait parfois que, peut-être, la psychanalyse devait être réservée, hélas, à la bourgeoisie. Que des aventuriers comme Devereux franchissent cette barrière et disent qu’elle devrait être autorisée à tout le monde, cela me touche car il regarde avec autant de respect, de dignité et d’acuité des patients venus d’une réserve indienne que s’ils étaient des Viennois du XIXème siècle. Et j’espère que c’est ma façon de regarder mes personnages indiens, comme s’ils étaient issus de livres de Thomas Hardy. Au montage, en regardant Benicio, je pensais à Jude l’obscur. Je voulais donner à des personnages qui viennent de condition humble la noblesse des personnages de Thomas Hardy. » Arnaud Deplechin

Biofilmographie commentée établie par Fernand Garcia

Source des commentaires

Libération, vendredi 16 mai 2008, propos recueillis par Bruno Icher.  Le Figaro,  22 décembre 2004, propos recueillis par Emmanuèle Frois. Entretien à Venise avec Léa Rinaldi – MK2. Entretien avec Frédéric Bonnaud, Les Inrocks n°456 (3/10/2000) Entretien avec Arnaud Desplechin, Fabien Lemercier, Cineuropa, 2013