11e Festival du Film Coréen à Paris

Moment privilégié qui met l’accent sur une des cinématographies les plus riches et les plus intéressantes de ces dernières années, le Festival du Film Coréen à Paris, au vu de la programmation de sa nouvelle édition, promet, cette année encore, de grands moments de cinéma.

Le programme ne nous annonce pas moins d’une trentaine de longs métrages et une vingtaine de courts métrages qui sont répartis en différentes sections et qui, pour beaucoup, seront présentés par leurs réalisateurs et/ou leurs comédiens qui ont fait le déplacement. La sélection très alléchante de cette onzième édition annonce déjà des moments exceptionnels.

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Tunnel, le film d’ouverture du festival est signé Kim Seong-hun. C’est son troisième long métrage après la comédie How the lack of love affects two men et l’excellent et jouissif polar Hard Day. Tunnel est un film catastrophe à la fois efficace et acerbe envers la politique du pays. Divertissant et intelligent, ce film qui réunit à l’affiche Ha Jung-woo, Bae Doo-na et Oh Dal-su a déjà rassemblé plus de 7 millions de spectateurs en Corée depuis sa sortie en août dernier. C’est l’évènement cinématographique de l’été en Corée.

C’est avec la tendre comédie Worst Woman, second long métrage après Come Closer du cinéaste Kim Jong-Kwan que l’on clôturera cette riche édition.

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Doux, drôle et romantique, Worst Woman est porté par l’excellente comédienne Han Ye-ri déjà bouleversante dans son personnage de réfugiée dans Sea Fog de Shim Sung-bo.

La section évènements est composée de deux long métrages : The Age of Shadows de l’immense Kim Jee-woon, et Asura : The City of Madness de Kim Sung-soo.

The Age of Shadows

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Réalisé par Kim Jee-woon, l’auteur entre autres de l’intriguant Deux soeurs, du virtuose A Bittersweet Life, du déjanté et sublime Le Bon, La Brute, Le Cinglé, et du brillantissime, pervers et jouissif J’ai rencontré le Diable, The Age of Shadows, sont huitième long métrage, s’annonce déjà (avec Mademoiselle de Park Chan-wook) tout simplement comme l’un des plus grands films de l’année. Le réalisateur signe ici un grand film d’espionnage qui a été présenté à la Mostra de Venise et qui fait s’affronter les comédiens Song Kang-ho (Le Bon, La Brute, Le Cinglé) et Gong Yoo (le héros de Dernier train pour Busan).

Asura : The City of Madness est le septième long métrage de Kim Sung-soo après Run Away, Beat, City of the Rising Sun, Musa: La Princesse du Désert, Please Teach Me English et Pandémie.

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Maître du cinéma d’action, avec ce film, le réalisateur pousse le cinéma noir coréen à sont paroxysme pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. Film phénomène de cette rentrée cinéma en Corée, Asura : The City of Madness réunit à l’affiche les comédiens Jung Woo-sung (déjà à l’affiche de Musa: La Princesse du Désert quinze ans plus tôt), Kwak Do-won et Hwang Jung-min, également à l’affiche ensemble cette année dans l’admirable The Strangers de Na Hong-jin, et aussi Ju Ji-hoon, l’acteur montant du moment.

La section paysage propose un panorama du meilleur du cinéma coréen récent en 13 films :

Collective Invention, premier long métrage audacieux de Kwon Oh-kwang. Ce dernier signe ici une aventure humaine noire et cynique et pourtant, dans le même temps, le film est également drôle et poétique. Collective Invention est une comédie dramatique qui dénonce les travers de la société coréenne actuelle avec une douce folie.

Dongju : The Portrait of a Poet, réalisé par Lee Joon-ik, à qui l’on doit déjà Kid Cop, Le Roi et le Clown ou encore Hope, Dongju : The Portrait of a Poet est le sublime biopic historique d’un grand nom de la littérature et de l’Histoire coréenne.

Inside Men

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Après Man of Vendetta et The Spies, Woo Min-ho réalise un troisième long métrage dense et ambitieux. Inside Men est un thriller brillant et vertigineux au casting duquel on retrouve le comédien habitué de Kim Jee-woon, Lee Byung-hun ( A Bittersweet Life, Le Bon, La Brute, Le Cinglé et J’ai rencontré le Diable) qui, aux côtés des acteurs Cho Seung-woo, Baek Yoon-sik et Lee Kyoung-young, fait un retour fracassant dans le cinéma coréen.

Kissing Cousin, deuxième long métrage après Neverdie Butterfly du réalisateur Chang Hyun-sang qui signe ici un film sensuel et délicat. Une histoire d’amour simple et sincère.

Old Days, documentaire réalisé par Han Sun-hee, Old Days revient, douze ans plus tard, sur celles et ceux qui ont travaillé sur le film Old Boy, chef-d’œuvre réalisé par le génial Park Chan-wook, et dresse dans le même temps le portrait de toute une génération du cinéma coréen. Une magnifique leçon de cinéma.

Press, deuxième long métrage après Path du réalisateur Choi Jeong-min qui signe avec Press, un drame psychologique à la fois original et simple.

Project Get-up-and-Go, deuxième long métrage après Project 577 du réalisateur Lee Keun-woo qui signe avec Project Get-up-and-Go, une comédie, façon « documentaire », aussi ébouriffante qu’attachante.

Reach for the SKY, documentaire réalisé par Steven Dhoedt & Choi Woo-young, Reach for the SKY observe les mécanismes et le business du système éducatif coréen avec notamment la pression obsessionnelle qu’impose la société à sa jeunesse qu’elle prive de liberté. SKY représente l’acronyme utilisé en Corée pour désigner les trois plus prestigieuses universités du pays.

Séoul Station

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Film fantastique d’animation inédit réalisé par Yeon Sang-ho. Comme se doit d’être tout bon film de zombies, Séoul Station est très noir et son propos est sous-tendu d’une critique de la société. Après The King of Pigs et The Fake, Séoul Station est le troisième long métrage d’animation du réalisateur qui, tout de suite après ce film, s’est lancé dans la réalisation d’une suite mais en réalisant cette fois un long métrage, son premier, « non-animé »: Dernier Train pour Busan.

 Steel Flower, deuxième long métrage après Wild Flowers du réalisateur Park Suk-young qui signe avec Steel Flower, un drame social brut et froid, sans concession. Le film est littéralement habité par son personnage de la jeune fille sans domicile fixe rejeté par la société et son système. Après l’avoir déjà dirigée dans Wild Flowers, le réalisateur retrouve pour le rôle principal du film, la formidable jeune comédienne Jeong Ha-dam qui interprète avec force et conviction son très beau et difficile personnage.

The Tiger : An Old Hunter’s Tales, après le film d’époque The Showdown et l’excellent thriller New World, The Tiger est le troisième film réalisé par Park Hoon-jung qui avait participé à l’écriture des scénarios de J’ai rencontré le Diable de Kim Jee-woon et The Unjust de Ryoo Seung-wan. Dans ce film d’action épique à voir absolument sur grand écran et au coeur duquel est traité le rapport de l’homme à la nature, le réalisateur retrouve le charismatique comédien Choi Min-sik (Old Boy).

The Truth Beneath

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Deuxième long métrage après Crush and Blush, qu’avait produit Park Chan-wook, de la réalisatrice Lee Kyung-mi qui signe avec The Truth Beneath, un thriller politique aussi original que maîtrisé qui offre à l’actrice Son Ye-jin l’un de ses plus beau rôle. Park Chan-wook co-signe le scénario de ce film noir rythmé, efficace, élégant et inattendu dans son traitement.

Weekends, documentaire réalisé par Lee Dong-ha, Weekends suit les membres, d’âges et de milieux différents, du seul groupe de chorale gay de Corée du Sud. Ce premier documentaire, fort et touchant, qui décrit avec émotion et intelligence non seulement la vie de ses membres et leur situation dans la société coréenne et qui montre également leurs combats et leurs revendications au quotidien, interroge sur la condition homosexuelle en Corée.

La section Séances spéciales : Liaisons dangereuses propose de voir ou revoir trois films qui sont chacun spécifiquement liés à un film présenté dans une autre section pour des doubles programmes passionnants.

Ainsi, Dernier Train pour Busan de Yeon Sang-ho viendra accompagner la projection de Séoul Station du même Yeon Sang-ho. Old Boy de Park Chan-wook complétera la projection du documentaire Old Days de Han Sun-hee qui lui est consacré. Et enfin, Musa: La Princesse du Désert de Kim Sung-soo avec Jung Woo-sung viendra précéder la projection de Asura : The City of Madness qui marque la nouvelle collaboration du réalisateur avec l’acteur.

La section Portrait vient cette année mettre à l’honneur une jeune cinéaste coréenne pleine de promesse. Avec The World of us, magnifique premier long métrage, et The Taste of Salvia, Guest, et Sprout, trois de ses courts-métrages, le Festival met en lumière le travail de Yoon Ga-eun dont l’enfance est le thème de prédilection.

The World of us

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Sélectionné au dernier Festival de Berlin, ce premier long métrage de la jeune et déjà talentueuse Yoon Ga-eun est un drame qui traite habilement des relations humaines par le prisme de l’enfance où déjà se dessinent les comportements et caractères adultes. Juste et délicat, The World of us peint un magnifique portrait contemporain de l’enfance en Corée.

La section Avant-Premières propose cette année deux films avant leurs sorties en salles en France : The Bacchus Lady, drame réalisé par E J-yong, et Madame B, Histoire d’une Nord-Coréenne, documentaire réalisé par Yun Jero.

The Bacchus Lady

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Après An Affair et Actresses, E J-yong dresse avec The Bacchus Lady un magnifique portrait de femme en abordant avec justesse des sujets difficiles. Le film est porté par l’incroyable actrice Yoon Yeo-jeong que l’on a vu entre autre chez Hong Sang-soo ou encore Im Sang-soo.

Madame B, Histoire d’une Nord-Coréenne, documentaire réalisé par Yun Jero, Madame B, Histoire d’une Nord-Coréenne suit une femme installée en Chine depuis qu’elle a fui la Corée du Nord. Elle est aujourd’hui passeuse. Elle s’occupe de faire sortir clandestinement les nord-coréens de leur pays. Après un premier documentaire intitulé A la recherche des Nord-Coréens, Yun Jero dresse le portrait et décrit le parcours d’une femme qui force l’admiration.

La section Classiques nous propose cinq films inédits en France de Shin Sang-ok (né en 1925 et mort en 2006), l’un des plus grands noms de l’histoire du cinéma coréen. Réalisateur aux 78 films, Shin Sang-ok a exploré, dans tous les genres, les possibilités qu’offre le cinéma tant sur le plan esthétique que technique. La section propose donc de découvrir A College Woman’s confess, drame réalisé en 1958, Madam White Snake, film fantastique réalisé en 1960, Love Affair, comédie réalisée en 1963, The Red Scarf, film de guerre réalisé en 1964, et The Homeless Wanderer, western réalisé en 1968.

Enfin, la section Shortcuts propose quant à elle, de mettre à l’honneur le meilleur des courts-métrages coréens avec trois sélections de programmes variés représentant tous les genres, de l’animation au fantastique en passant par la comédie ou encore le drame :

Shortcuts 1 est composé des six courts-métrages suivants :

A Virgin Rider de Kim Jiyoung; Bargain de Lee Chung-hyun, First Love de Kang Ji-sook, Vending Machine de Kong Jihye, Fente de Yang Jinyeul et Click de Lee Jung-min.

Shortcuts 2 est composé des sept courts-métrages suivants :

All Star de Yang Joon-tae, Piano and Kid de Lee Hyunmi, The Cockroach de Lee Jinho, Zinnia Elegans de Jeong Chaewon & Choe Saebomna, Secret on everyone’s lips de Tak Sewoong, Home sweet Home de Yang Ji-hye, Park Sung-ik, Park Seung-ji, Joe Soo-min & Lee Seo-yeon et Wake up de Yoo Jae-hyun.

Shortcuts 3 est composé des six courts-métrages suivants :

Summer Night de Lee Ji-won, Before & After de Kang Minji, Begin Again de Lee In-seong, The Game of all de Jo Yeseul, Dhampir de Cho Kyuil et End & And de Hong Sungwoo & Kim Jinwoo.

Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous au Publicis Cinémas du 25 octobre au 1er novembre.

Steve Le Nedelec

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