Viva Django ! – Edward G. Muller (Edoardo Mulargia)

Une femme se prépare pour l’arrivée de son mari. En chemise de nuit, maquillée, elle a préparé un repas d’amoureux. On frappe à la porte. Elle ouvre, heureuse. Stupeur, quatre inconnus entrent. Ils la brutalisent, tentent de la violer et l’un d’eux l’abat froidement… Un an après… Django (Anthony Steffen) arrive à La Puerte, ville fantôme sur laquelle règnent Jeff (Stelio Candelli) et sa bande de hors-la-loi. Django traque les tueurs de sa femme. Il doit mettre la main le Mexicain Carranza (Glauco Onorato). Il tombe bien, Carranza va être pendu pour ses multiples forfaits…

Viva Django ! est un western européen à l’intrigue des plus classiques, une histoire de vengeance, de sales tronches prêtes à toutes les vilenies pour quelques dollars. Pas besoin de pousser toutes ces crapules pour faire parler les colts. Les cadavres vont s’amonceler sur le chemin de Django. La réalisation d’Edward G. Muller (Edoardo Mulargia) est efficace et plusieurs séquences font preuve d’inventivité. L’ouverture par la qualité photographique témoigne d’une volonté de faire un film de bonne tenue malgré la maigreur du scénario. L’entrée en scène de Django, nonchalance et la selle sur l’épaule, est aussi particulièrement réussie.

Django, tel que l’incarne Anthony Steffen, est un personnage tragique et tourmenté. Il donne à ses actions le poids de la douleur, sentiment au cœur du film, même si Mulargia se permet nombre de touches d’humour sans  jamais sombrer dans la pantalonnade. Pour mener à bien sa vengeance, Django va traîner à ses côtés Carranza, un bandit mexicain. Personnage fourbe qui évoque à bien des moments le Tuco du Bon, La Brute et le Truand. Glauco Onorato, n’a pas la puissance et le génie d’Eli Wallach mais s’en tire plus qu’honorablement. Il faut dire à sa décharge que  Carranza attire moins la sympathie que Tuco. Les amateurs de westerns à l’Italienne reconnaîtront une carrure du genre, Riccardo Pizzuti.

Dans cet univers de fous de la gâchette, les femmes n’ont qu’un rôle très secondaire, mais Simone Blondell arrive à faire exister son personnage de femme volage attirée par la force brute et le pouvoir ainsi qu’Esmeralde Barros en belle ingénue.

Soyons clairs, Viva Django ! est entièrement bâti autour d’Anthony Steffen, quasiment de tous les plans. S’il est un peu oublié aujourd’hui, il était dans les années 60/70 une des stars du western à l’Italienne. Anthony Steffen débute sous son vrai nom, Antonio de Teffé, au théâtre et au cinéma en Italie à la fin des années 50. Né en 1929 à Rome, Steffen est le fils de l’Ambassadeur brésilien alors en place dans la capitale italienne et d’une mère dont l’origine familiale remonte à la noblesse allemande. Repéré à Cinecittà où il exerce de petits boulots, il est encouragé à devenir acteur et apparaît dans des romans-photos. Le cinéma populaire étant un art en perpétuelle transformation, le péplum disparaît au profit du western, entrainant avec lui acteurs et techniciens. Antonio de Teffé tourne son premier western sous la direction de l’Allemand Harald Reinl, Le dernier des Mohicans (Der letze Mohicaner, 1966). Cette plaisante adaptation du roman de James Fenimore Cooper est un énorme succès. Antonio de Teffé se métamorphose en Anthony Steffen. Adieu le jeune premier propre sur lui et bonjour l’homme dur au visage buriné.  C’est le début d’une très belle carrière de héros de l’Ouest sauvage. Steffen a le physique idéal, il évoque Clint Eastwood, l’homme sans nom des Dollars, rôle pour lequel il aurait été pressenti par Sergio Leone. En huit ans, il tourne 25 westerns,toujours de bonne facture. Quentin Tarantino rendra hommage à l’acteur et à l’un de ses films, Une longue file de croix (Una longa fila di croci, 1969) à la Mostra de Venise en 2007, en le classant parmi les meilleurs westerns spaghetti et source d’inspiration pour l’auteur de Django Unchained.

Viva Django ! est à voir avec les yeux des spectateurs des cinémas populaires vibrant aux exploits de héros plus grands que nature. Une autre et belle époque du cinéma…

Fernand Garcia

Si vous êtes fan d’Anthony Steffen, cette édition s’apparente à la réalisation d’un rêve. Sinon, c’est l’occasion de découvrir cette légende du western européen.  Artus Films propose dans sa très soignée collection « Western Européen » Viva Django ! en combo (DVD + Blu-ray) image impeccable, nouveau master 2K restauré, en version intégrale. Le film s’accompagne d’une présentation par Curd Ridel (10 minutes), d’un diaporama d’affiches et de photos, du film-annonce italien original et curiosité le teaser de Django Begins, projet en développement de Manuel de Teffé, sur la grande époque du western à l’italienne. Mais la pièce de choix est un livret Anthony Steffen, le roi du western européen par Curd Ridel. Instructive et émouvante interview de Manuel de Teffé sur son père et sa famille avec l’analyse des 25 westerns d’Anthony Steffen, film par film, résumés et critiques, richement illustrée par les splendides affiches d’époque et les photos d’exploitation (96 pages). Viva Anthony Steffen !

Viva Django ! (W Django !) un film de Edward G. Muller (Edoardo Mulargia) avec Anthony Steffen, Stelio Candelli, Glauco Onorato, Donato Castellaneta, Esmeralda Barros, Simone Blondel, Cris Avram, Riccardo Pizzuti… Scénario : Nino Stresa. Directeur de la photographie : Marcello Masciocchi. Décors : Giorgio Postiglione. Montage : Cesare Bianchini. Musique : Piero Umiliani. Producteur : Pino De Martino. Production : 14 Luglio Cinematografica. Italie. 1971. 94 minutes. Eastmancolor. Format image : 2,35 :1. Master HD 1920/1080p. Version Originale italienne sous-titrée en français et Version Française.  Tous Publics.