Toute la mémoire du monde

Toute la mémoire du monde, 1er Festival International du Film Restauré est organisée par la Cinémathèque Française du 27 novembre au 2 décembre 2012. Plus d’une soixantaine d’œuvres de tous pays sont présentées au public, réparties en plusieurs sections et hommages, auxquelles s’ajoutent des conférences et ateliers. C’est l’occasion pour les spectateurs de voir, de revoir, ou tout simplement de découvrir, aussi bien des grands classiques, des incunables, que des films considérés comme disparus dans des versions proches de l’image et du son d’origine. Cette excellente initiative de la Cinémathèque Française rappelle l’urgence de la sauvegarde du patrimoine cinématographique.

 

Restaurations et incunables, est la section la plus importante du festival, elle propose en ouverture, le film de Roman Polanski, Tess (1979). Signalons parmi les différents événements inclus dans cette section, la projection pour la première fois en France des versions restaurés d’Au feu les pompier (1967) le dernier film tchèque de Milos Forman, coproduit par Carlo Ponti, d’All That Jazz de Bob Fosse (Palme d’or, 1980), du rare M remake du classique de Fritz Lang dans une approche totalement différente par Joseph Losey (1951), ou de l’impressionnante relecture de Shakespeare par Orson Welles Falstaff (1965) en première mondiale. Cinq courts métrages de l’auteur de Parfum de femme, Dino Risi, réalisé dans l’immédiat après-guerre, Verso la Vita, 1848, La Fabbrica del Duomo, Tigullio Minore, La provincia dei Sette Laghi, inédits en France. L’étrange Documenteur d’Agnès Varda (1982) sur les relations mère/fils avec le tout jeune Mathieu Demy. Le truculent Les mariés de l’an II (1971) de Jean-Paul Rappeneau dans une version restaurée sous la direction du cinéaste. Le très expérimental We Can’t Go Home Again de Nicolas Ray (1973) incroyable production inachevé.

Le documentaire est aussi présent, Le Joli Mai de Chris Marker et Pierre Lhomme (1963) radiographie de Paris, Les deux mémoires de Jorge Semprun (1972-74) témoignage sur la guerre civile espagnole, invisible depuis des années. Le film de soutien aux classes sociales les plus pauvres, Misère au Borinage de Joris Ivens et Henri Storck (1933), et Charles Laughton dirige la Nuit du chasseur, documentaire sur le film à partir des rushes du chef-d’œuvre de Laughton. Un long travail de montage et de restauration de Robert Gitt, qui permet ainsi une approche intime du travail de direction du cinéaste.

 Le Festival propose également un hommage à la Film Foundation de Martin Scorsese à travers un programme composé par le réalisateur américain. Shanghai Gesture de Josef von Sternberg (1941), Péché mortel de John M. Stahl (1945), La poursuite infernale de John Ford (1946), L’Evadée, rareté avec Michèle Morgan d’Arthur Ripley (1946), Je suis un fugitif d’Alberto Cavalcanti (1947), Le Fleuve de Jean Renoir (1951), Sur les quai d’Elia Kazan (1954), et un programme consacré à l’Avant-garde américaine, avec entre autres des films Kenneth Anger, George Kuchar, Andy Warhol.

Une approche des débuts du son au cinéma, du Phono-Cinéma-Théâtre lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, la projection d’images synchronisées avec un cylindre phonographique, en passant par le Chronophone de la société Gaumont (1902), jusqu’au Vitaphone (1920). Des films à découvrir tant leurs projections sont rares.

A ce très riche programme s’ajoute une série de conférences et de tables rondes sur la sauvegarde des films, sur les financements et sur les questions d’éthiques liées au travail de restauration des films.

En clôture du Festival, le film d’Alfred Hitchcock Blackmail (Chantage, 1929) restauré en 2012 par les Archives Nationales du British Film Institute à partir du négatif original scanné en 4K, présenté dans sa version muette.

 

Le programme complet est disponible sur le site de la Cinémathèque Française.

Fernand GARCIA