Rampage: Capital Punishment – Uwe Boll

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Le gars s’appelle Bill Williamson. Il est assit revêtu d’une armure des temps modernes style Robocop, il a deux fusils d’assaut, AR 15, en main et tire, au hasard, sur des hommes et des femmes, qui passent devant lui. Des gens qui sortent de supermarché, qui vont au travail, des gens enfermés dans la routine de la société de consommation. Notre homme est comme devant un jeu vidéo, sauf qu’il est là, dans la rue.

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Bill Williamson est jeune, la trentaine, il vit caché au sein de l’autoproclamé première démocratie du monde. Trois ans auparavant, il avait buté une centaine de personnes dans la rue, décimant au hasard, puis avait disparu. Son « exploit » en a fait le plus grand tueur de masse de l’histoire. Mais son « message » contre le système est resté lettre morte. Les médias, l’ont présenté comme un vulgaire psychopathe. Au gré des ses errances, Bill rencontre dans la rue, deux SDF allongés entre deux poubelles. « Pourquoi ne braquez-vous pas une banque ? Il est mieux d’être en prison que dans la rue, d’être pris en charge au frais du contribuable. » Bill n’obtient aucune réponse, il comprend que même les plus démunies se sont faits une raison, que leur situation est de l’ordre des choses. Comment changer les mentalités et ouvrir les yeux de la populace sur leur condition de soumis ? Bill décide de prendre le problème à la racine, et c’est-à-dire à un média de propagande.

Il entre dans une station de télévision, il y tue un maximum de personnes. Leurs vies n’ont à ses yeux pas la moindre importance ne sont que des rouages interchangeables et maniables à souhait. A l’étage, il y trouve le présentateur vedette de la chaîne et des responsables qu’il prend en otage. Bill a un objectif. Enfermé dans un studio en sous-sol, il exige que l’on diffuse un DVD, où il énonce sa vision du monde, et exige une interview en direct.

Bill Williamson a un profond dégoût de la société, pour lui, tout n’est qu’un vaste mensonge. La démocratie n’est qu’une illusion mise en place par des puissances de l’argent, dont les politiques ne seraient que des VRP. Leur main mise sur les médias, une façon de contrôler les esprits. La société comme un spectacle permanent qui se réécrit son histoire en fonction de ses propres intérêts. Bill dénonce, les politiques, les grands patrons de multinationales, les banquiers, les politiques, il s’interroge sur le fait que Bush et son administration ne soit pas poursuivi pour crimes… et condamne le milliardaire Spielberg et son film, Lincoln, que l’on verra en boucle comme pièce d’histoire, alors que celui fait volontairement l’impasse sur la véritable raison de la guerre de sécession – l’argent.

Clairement le film et son personnage principal ne font qu’un. Le discours de Rampage est celui de son réalisateur Uwe Boll et de son acteur Brendan Fletcher, tous deux scénaristes du film. Le discours de Bill Williamson est peut-être tissé de lieu commun pour une partie du public, mais extrêmement rare dans une production. Boll n’hésite pas à mélanger sa  fiction à des images d’archives, des Bush, d’Obama, de la guerre en Irak, de Guantánamo, etc. Julien Assange et Edward Snodwen sont élevés au rang de « héros » car ils ont voulu briser la spirale du mensonge. Mais Boll et Fletcher, ne sont pas dupes du système. Ainsi, durant cette prise d’otages, l’audience de la chaîne monte en flèche et elle engrange les recettes. Bill est absorbé pas le système capitaliste qu’il dénonce et combat. C’est ironiquement que Uwe Boll interprète le patron de la chaîne suspendu au téléphone et les yeux rivés sur la courbe d’audience. Le monde peut-il changer ?

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La fin de ce brûlot est dans l’esprit du cinéma contestataire des années soixante, elle rappelle aussi bien El Chuncho que le film de Terayama, Jetons les livres et sortons dans la rue. La révolution ne se fera que dans la violence. Rampage: Capital Punishment est un film étonnant, totalement premier degré. Ironie de l’histoire, Rampage est produit de manière indépendante, via des fonds collectés auprès de riches allemands, qui défiscalisent ainsi leur investissement, dans une oeuvre d’extrême gauche ! Oui, Rampage est une œuvre au discours d’extrême gauche, ce qui par les temps qui courent est tout bonnement ahurissant!

Fernand Garcia

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Rampage: Capital Punishment, un film de Uwe Boll avec Brendan Fletcher, Lochlyn Munro, Mike Dopud, Michaela Mann, Bruce Blain. Scénario : Uwe Boll & Brendan Fletcher. Directeur Photo : Mathias Neumann. Décors : Caitlyn Burns. Musique : Jessica de Rooji.  Producteurs : Natalia Tudge & Uwe Boll. Production : Boll Kino Beteiligungs GmbH & Co. KG – Phase 4 Films. Canada – Allemagne, Couleurs, 1,78 :1. Dolby Digital. 2014. 93 mn. Sélection XXe édition de L’Etrange Festival, septembre 2014