Pulsions – Brian De Palma

Pulsions 1

Des nuages de vapeur s’échappent d’une cabine de douche dans une immense salle de bain. Nous nous approchons sur une musique aux accords feutrés. Un homme se rase dans un miroir, tandis qu’une femme, Angie Dickinson, sous la douche l’observe. Elle l’admire et le désire; petit à petit, son savon glisse sur son corps, que nous contemplons en plans successifs, ses seins, son ventre, son pubis, jusqu’à ce qu’un homme la prenne par derrière. Ce que nous identifions comme une scène de désir sexuelle se métamorphose en scène de violence sexuelle. La femme pousse alors un cri qui la ramène à la  réalité d’une étreinte dans une chambre d’hôtel. Cette ouverture qui mélange fantasme et réalité, englobe les enjeux que le film développera par la suite. Mais De Palma vise avec cette séquence une sorte d’empathie érotique du spectateur envers Angie Dickinson. L’élégance et l’extrême habileté technique de sa réalisation, introduit dans le cinéma de Brian De Palma, un érotisme, qui renvoie à Carrie (sa scène d’ouverture dans les vestiaires), mais que l’on ne retrouvera plus sous cette forme, dans ses films suivants.

Pulsions Angie Dickinson

Très mal accueilli par la critique aussi bien outre atlantique qu’en France, considéré comme un vulgaire pastiche pornographique de Vertigo et de Psycho, Pulsions  est taxé de misogynie par les ligues féministes et d’homophobie par les associations gays. Pourtant les américains n’ont eu droit, à l’époque en salles, qu’à une version remontée et raccourcie de la séquence d’ouverture et de la fameuse scène de l’ascenseur. Le film rencontre toutefois au Etats-Unis et en Europe, un véritable succès public. Si Pulsions est techniquement impeccable et sa première partie tout à fait maîtrisée scénaristiquement, la seconde partie, après la séquence de l’ascenseur, est plus chaotique. Pourtant Pulsions occupe une place charnière dans l’oeuvre de Brian De Palma, il est la matrice de deux films importants, Blow Out qu’il réalisera l’année suivante et Body Double en 1984. De Palma reprendra la séquence d’ouverture de Pulsions sous une forme parodique dans Blow out et Body Double. Il mettra en pièce la séquence d’ouverture de Pulsions, son artifice c’est-à-dire qu’Angie Dickinson a une doublure pour les gros plans de son corps.

Pulsions 3

Pulsions, ce film mal aimé est à redécouvrir pour, non seulement, l’élégance et la maîtrise de sa mise en scène mais aussi pour l’habileté de son scénario bien loin d’un simple pastiche Hitchcockien.

Fernand Garcia

Pulsions (Dressed to Kill) un film de Brian De Palma avec Michael Caine, Angie Dickinson, Nancy Allen, Dennis Franz, Keith Gordon. Scénario : Brian De Palma. Photo : Ralf D. Bode. Musique : Pino Donaggio. Montage : Gerald B. Greenberg. Producteurs : Samuel Z. Arkoff, George Litto. Production : Filmways Pictures – Cinema 77/Film Group. Pays d’origine : USA. Format d’image : 2,35 :1. Couleur. Durée : 105 mn. Année de production : 1980. Distribution (re-sortie, 2012) : Mission

Pulsions est édité en DVD-Blu-ray par Carlotta

dvd-pulsions