Miklós Jancsó

Agnus Dei

Miklós Jancsó fait partie de ces grands cinéastes dont on n’évoque que rarement le nom, à tort. Chaque fois que l’on a l’opportunité de revoir l’un de ses films, l’on reste épaté par l’ampleur de sa mise en scène, de ses choix esthétiques et par sa vision marxiste de l’histoire. Son nom nous était revenu récemment en mémoire grâce à Kornél Mundruczó qui lui avait dédié White God. Les films de Miklós Jancsó sont, hélas, pour la plupart rarement diffusés. La rétrospective qu’organise La Cinémathèque Française cet automne est donc un événement d’importance qui permet de revisiter ses grands classiques des années 60/70 et de découvrir la dernière partie de sa carrière dont la plupart des films sont restés inédits en France. En complément de cette manifestation, dix titres de Jancsó sortent en DVD chez Clavis Films qui, par ailleurs, distribue en salle Les Sans-espoir dans une version restaurée 4K. Signalons aussi aux Editions Yellow Now l’éclairant livre d’Emile Breton, Miklós Jancsó, une histoire hongroise.

Psaume Rouge

Repéré dès 1963 avec Cantate, Miklós Jancsó accède à une notoriété internationale avec la sélection au Festival de Cannes en 1966  des Sans-espoir; le film y fait sensation. Jancsó développe de film en film les rapports oppression-révolution et bourreaux-victimes au sein d’une mise en scène qui atteint une sorte de stylisation abstraite. Il transforme des épisodes de l’histoire de la Hongrie en des chorégraphies tragiques qui s’ouvrent sur une dimension poétique. Ses somptueux mouvements de caméra, ses actions sur plusieurs plans, sa magnifique utilisation aussi bien du noir et blanc que de la couleur, témoignent de sa formidable maîtrise formelle. Dans cet univers de confrontation, de violence et de trahison, les femmes y représentent la liberté. Leurs corps nus font face aux uniformes, à la répression et à la domination, elles sont l’essence de la pureté et de la liberté. Cinéma éblouissant, expérimental, métaphorique, d’une liberté totale sur une société humaine, où le chaos et l’oppression sont prêts de prendre, à la moindre occasion, le dessus. Il est grand temps de réévaluer cet immense cinéaste.

Fernand Garcia

Rétrospective Miklós Jancsó à la Cinémathèque Française du 28 octobre au 30 novembre 2015.

Miklós Jancsó-Affiche