Le Monde Perdu – Irwin Allen

Le bourru et imprévisible professeur de zoologie George Edward Challenger (Claude Rains) arrive à Londres pour une annonce des plus étonnantes. Dans les hauts plateaux de l’Amazonie vivent encore des créatures préhistoriques. Devant le scepticisme et les moqueries de ses confrères de l’Institut zoologique, il repart pour une nouvelle expédition accompagnée entre autres par sa fille Jennifer (Jill St. John) et un journaliste, Ned Malone (David Hedison). Une fois sur place l’expédition s’avère des plus dangereuses.

Le Monde perdu

Le Monde perdu est un film d’aventure de science-fiction à grand spectacle tourné en CinémaScope pour la 20th Century Fox. Il fait partie de ses films destinés au très grand écran, chargés de concurrencer au début des années 60 la place de plus en plus importante prise par la télévision au sein des foyers. Débauche de moyens et exotisme sont au rendez-vous du spectacle concocté par le réalisateur, producteur Irwin Allen. Le Monde perdu est son premier grand film. Cet ex-journaliste et animateur radio passionné par le cinéma avait obtenu l’Oscar du meilleur documentaire avec The Animal World sur l’évolution des espèces où il utilise la Stop motion (animation image par image) pour les dinosaures. Effets spéciaux conçus par deux maîtres du genre Willis O’Brian et Ray Harryhausen. Le succès du film l’incita à renouveler l’expérience dans le cadre d’une fiction. Le roman du créateur de Sherlock Holmes, Le Monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle paru en 1912 avait fait l’objet d’une première transposition à l’écran en 1925 par Harry O. Hoyt et des dinosaures animés par Willis O’Brien. Le film fut un grand succès. Les spectateurs étaient impressionnés par les effets spéciaux, certains allant même jusqu’à croire à l’existence réelle des dinosaures évoluant sur l’écran.

Dinosaure Le Monde perdu

Fort du souvenir de cette première version, Irwin Allen entreprend la réalisation de la sienne. Il embauche le grand Willis O’Brien pour les effets spéciaux, qui entre temps, aura conçu ceux de l’extraordinaire King Kong (1933). Mais plutôt qu’une animation image par image, Allen opte pour des vrais reptiles affublés de collerettes mis en situation dans des décors miniatures. L’idée étant de faire plus réaliste, mais aussi de réduire le temps de tournage et les coûts que nécessite l’animation image par image. Dommage quand on a à sa disposition l’un des plus grands animateurs de l’histoire du cinéma. La version d’Irwin Allen est un spectacle plaisant avec toutes les conventions de l’époque.

Irwin Allen homme de spectacle se consacra à la production de séries de science fiction dans les années 60. Perdus dans l’espace (1965-1968), Au cœur du temps (1966-1967), Voyage au fond des mers (1964-1968) ou Au pays des géants (1968-1970) contribuèrent  grandement à la popularisation de la science-fiction. Au début des années 70, il revient en tant que producteur sur le devant de la scène cinématographique avec deux énormes succès qui vont faire référence en matière de films catastrophes, L’Aventure du Poséidon (1972) que réalise Ronald Neame et La Tour infernale de John Guillermin, Irwin Allen se chargeant des séquences spectaculaires. Il est l’artisan d’un cocktail gagnant mettant en scène des stars de l’écran (Steve McQueen, Paul Newman, Faye Dunaway, Gene Hackman, Richard Widmark, Fred Astaire etc.) confrontés à des situations de crise extrêmes. Incendie, lame de fond, irruption volcanique, attaque d’abeilles tueuses, remettant au goût du jour le film catastrophe. Il réalise au cours des années 70, L’Inévitable catastrophe (1978) et Le Dernier secret du Poséidon (1979) suite de L’Aventure du Poséidon.

Le romancier et cinéaste Michael Crichton modernisera le roman de Sir Arthur Conan Doyle avec Jurassic Park que Steven Spielberg portera à l’écran en 1993 tout en innovant en matière d’effets spéciaux. La deuxième partie de Jurassic Park reprendra en hommage à Sir Arthur Conan Doyle le titre de Monde Perdu : Jurassic Park en 1997.  L’entrepreneur de spectacles John Hammond qu’incarne Richard Attenborough peut se voir comme une filiation directe du professeur Challenger du Monde perdu mais aussi comme d’un portrait d’Irwin Allen.

Paysages grandioses, opposition entre les personnages, romances et attaques de dinosaures, Le Monde perdu est un spectacle qui enchantera les plus petits et futurs cinéphiles.

Le Monde perdu est édité par Rimini Editions en DVD et Blu-ray dans une magnifique version restaurée en haute définition avec en bonus la première version du Monde perdu de Harry O. Hoyt, un entretien avec le paléontologue Jean Le Loeuff du Musée des Dinosaures et Le Monde fantastique de Conan Doyle par l’historien du cinéma Christophe Champclaux complète cette très belle édition.

August Tino

LEMONDEPERDUDVD

Le Monde Perdu (The Lost World), un film d’Irwin Allen avec Michael Rennie, Jill St. John,David Hedison, Claude Rains, Fernando Lamas, Richard Haydn. Scénario : Charles Bennett & Irwin Allen d’après le roman de Sir Arthur Conan Doyle. Directeur de la photo : Winton Hoch. Décors : Duncan Cramer & Walter M. Simonds. Effets Spéciaux : Willis O’Brien. Montage : Hugh S. Fowler. Musique : Paul Sawtell & Bert Shefter. Producteur : Irwin Allen.  Production : Irwin Allen Productions – Saratoga Productions, Inc. – 20th Century Fox. USA. 1960. 96 mn. CinémaScope. DeLuxe color. 16/9 compatible 4/3. Son Stéréo.