La vengeance du shérif – Burt Kennedy

Un train de militaire mexicain arrive dans un petit village. Le général vient pour l’exécution de plusieurs rebelles. Sur la place, (David Carradine) et (Robert Walker Jr.) discrètement se faufile dans le train tandis que les soldats exécutent les pauvres villageois…

Burt Kennedy aime le western, durant toute sa carrière de réalisateur, il n’aura de cesse de filmer les stars du genre. Scénariste reconnu pour les magnifiques westerns de Budd Boetticher, qu’il n’égalera jamais avec ses propres films. La vengeance du shérif est son septième western. Dans sa séquence de générique, un train dans les paysages de l’Arizona, on devine le plaisir de faire « western », un peu trop même, et le film accuse un étirement qui confine dans plusieurs séquences à la paresse. Ce qui motive Kennedy est de réunir des grands noms du genre devant sa caméra. Pour La vengeance du shérif, c’est Robert Mitchum et Angie Dickinson, deux légendes du western. Dans les seconds rôles, c’est un festival de fils et fille de… toujours en lien avec son genre de prédilection : David Carradine, le fils de John Carradine, Robert Walker Jr, le fils de Robert Walker et de Jennifer Jones, Deana Martin, la fille de Dean Martin et Christopher Mitchum incarne le fils de Robert Mitchum !

La bonne idée du film est d’avoir confié la musique de La vengeance d’un shérif à Shelly Manne, un des grands noms du jazz et prodigieux percussionniste. Il a signé peu de films, mais il a été un des musiciens les plus réguliers d’Henri Mancini et a participé à un très grand nombre de films. On a pu entendre ses percussions Des 10 commandements (The Ten Commandments, 1956) de Cecil B. DeMille aux Dents de la mer (Jaws, 1975) de Steven Spielberg en passant par L’homme aux bras d’or (The Man with the Golden Arm, 1955) d’Otto Preminger, La soif du mal (Touch of Evil, 1958) d’Orson Welles, Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot, 1959) de Billy Wilder, Spartacus de Stanley Kubrick, Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s, 1961) de Blake Edwards, West Side Story (1961) de Robert Wise et Jérôme Robbins, Hatari ! (1962) de Howard Hawks, Grand Prix (1966) de John Frankenheimer, Coup de cœur (One from the Heart, 1981) de Francis Ford Coppola, etc. Manne donne un rythme et une couleur à la Vengeance du shérif qui emporte l’adhésion du spectateur.

Le style de Kennedy est une alchimie de classicisme, d’humour et d’érotisme discret. Ses films sont réalisés convenablement. Curieusement, il pèche parfois côté scénario, un comble pour une des plus grands scénaristes du western. Le début de La vengeance du shérif laisse un peu sceptique sur les motivations des deux pistoleros au Mexique. L’essentiel de l’histoire est ailleurs, récit d’initiation pour le jeune Billy Young et de vengeance pour son mentor, le shérif Ben Kane. Le jeune Billy va reprendre le droit chemin tandis que le shérif va réussir à mettre à terre un despote qui règne sur la région et sous terre l’assassin de son fils. Thèmes conventionnels pour des figures archétypales du western où se retrouve la belle danseuse de saloon, ex-pute au grand cœur destinée au héros.

Angie Dickinson irradie de son charme la scène du saloon et l’écran. Ex-dauphine de Miss America, Angie Dickinson débute au cinéma sous la direction de Howard Hawks dans le mythique Rio Bravo. A 28 ans, sa carrière définitivement lancée. Angie avait déjà une belle carrière derrière elle à la télévision et dans de petits rôles au cinéma et avait même croisé Robert Mitchum dans l’Homme au fusil. Blonde ou brune, jambes magnifiques (assurés pour 1 million de dollars !), elle va toujours alterner cinéma et télévision. Angie est dans la première version de Ocean’s Eleven (L’inconnu de Las Vegas) de Lewis Milestone aux côtés de son amant, Frank Sinatra et dans son remake par Steven Soderbergh en 2001.

Elle est magnifique dans deux des plus importants polars des années 60 : A bout portant (The Killers, 1964) de Don Siegel et Le point de non-retour (Point Blank, 1967) de John Boorman, tous deux avec Lee Marvin. Elle est la femme de Marlon Brando dans l’apocalyptique : La poursuite impitoyable (The Chase) chef-d’œuvre d’Arthur Penn. Angie Dickinson n’hésite pas à se mettre nue, on découvre son magnifique corps dans Super nanas (Big Bad Mama, 1974) de Steve Carver, mais dans Pulsions (Dressed to Kill, 1980) de Brian De Palma, elle est doublée pour les gros plans de son anatomie sous la douche. Elle connaît une grande popularité avec la série Sergent Anderson (1974-1978). Angie est la partenaire de Lino Ventura dans L’homme en colère (1979) que Claude Pinoteau tourne au Canada. Dans La vengeance du shérif, elle nous offre une bien chaste scène de bain et retrouve, pour le bonheur des cinéphiles, son corset et collant noir d’entraîneuse de saloon.

La vengeance du shérif se situe après Cérémonie secrète (1968) de Joseph Losey dans la carrière de Robert Mitchum. L’acteur enchaîne directement avec le western suivant de Burt Kennedy, Un homme fait la loi (The Good Guys and the Bad Guys, 1969) avant de s’embarquer pour le long tournage de La fille de Ryan (Ryan’s Daughter, 1970) de David Lean. Il fait le job et chante même une chanson Young Billy Young.

Fernand Garcia

La vengeance du shérif une édition Sidonis Calysta pour la 1ère fois en combo Blu-ray – DVD, report HD tout à fait correct. En complément deux présentations : Patrick Brion sur les liens entre Burt Kennedy et Budd Boetticher (5 minutes) et Jean-François Giré, Kennedy « un habile faiseur » mais surtout « un des plus grands scénaristes du western » pour Boetticher (14 minutes). Une lettre vidéo Robert Mitchum, star hors-normes par Jean-Claude Missiaen, attaché de presse et ami de l’acteur (6 minutes). Enfin, la bande-annonce américaine de La vengeance du shérif (2 minutes).

La vengeance du shérif (Young Billy Young), un film de Burt Kennedy avec Robert Mitchum, Angie Dickinson, Robert Walker Jr., David Carradine, Jack Kelly, John Anderson, Paul Fix, Willis Bouchey, Parley Baer, Deana Martin, Christopher Mitchum… Scénario : Burt Kennedy d’après le roman de Heck Allen. Directeur de la photographie : Harry Stradling Jr. Direction artistique : Stan Jolley. Montage : Otho Lovering. Musique : Shelly Manne. Producteurs : J. Paul Popkin et Max E. Youngstein. Production : Talbot-Youngstein – United Artists Coporation. Etats-Unis. 1969. 89 minutes. DeLuxe. Format image : 1.85 :1. Son : Version originale sous-titrée en français avec ou sans sous-titres et Version française. DTS-HD. 2.0. Tous publics.