La Levée des Tomahawks – Spencer G. Bennet

1812. Une barge en provenance de Vincennes dans l’Indiana est attaquée et ses hommes massacrés. La cargaison de sel était destinée aux Indiens Shawnee dans le cadre d’un traité : du Sel contre des terres. Cette attaque signifie la rupture du traité entre les Indiens et la jeune nation Américaine. Le fier Indien Prophet (Le Prophète) entend empoigner les haches face aux Américains qui ne respectent pas leur engagement, tandis que son frère Tecumseh, chef de tribu, a une attitude plus réservée… mais qui manipule qui ?…

La Levée des Tomahawks est un western aux péripéties historiquement totalement fantaisistes. Si la plupart des personnages ont existé, Tecumseh et Prophet, le film de Spencer G. Bennet prend de grandes libertés avec la vérité historique. Comme le rappelle François Guérif, Tecumseh est mort l’année où se déroule l’action du film dans une bataille contre les Américains. Dans le film, il est associé aux Américains contre son frère Prophet. Le scénario confronte les deux frères indiens alors qu’en réalité ils étaient alliés. Ils poursuivaient un même but : fédérer les Indiens pour créer leur propre Nation. La Levée des Tomahawks est donc un pur spectacle de série B dans la tradition des sérials ce qui n’est guère étonnant, puisqu’il est signé par Spencer Gordon Bennet, le « King » des réalisateurs de serials.

Spencer Gordon Bennet a une longue carrière qui s’étend des années 20 – il débute au temps du muet – jusqu’au milieu des années 60. Bennet va élaborer, au sein de ses serials puis dans ses séries B, un cocktail des plus efficaces composés d’action, de romance, de trahison et d’une succession de rebondissements tous plus invraisemblables les uns que les autres, tout pour le spectacle en somme. Bennet avait une prédilection pour la science-fiction et pour le western. La Levée des Tomahawks est un bon exemple de sa manière de faire. Sa réalisation est simple: ce qui prime avant tout, c’est la mise en place et le déroulement de l’action. Avec La Levée des Tomahawks, il est dans son élément, il aime les extérieurs, les explosions, les ponts, les chevauchées, les villes qui brûlent… Le résultat est plaisant, c’est du cinéma dans sa dimension la plus visuelle. Il est par contre moins à l’aise dans les scènes de dialogues, platement réalisées, soit en plan large assez long ou en champ contrechamp pas réellement inspiré. Les acteurs sont parfois quelque peu livrés à eux-mêmes. Les seconds rôles s’avèrent, comme souvent dans les petites productions, bien plus solides et truculents que les personnages principaux.

Les meilleurs moments de La Levée des Tomahawks sont les séquences d’actions, de la première attaque sur la rivière à la dernière, la spectaculaire bataille finale. Le matte painting des ruines de de la ville est de toute beauté. On retrouve dans ce western toutes les qualités de Bennet: sens du rythme, de la transition, du montage avec cette manière d’interrompre une action pour passer à une autre puis revenir à la première. En vieux roublard, Bennet n’hésite jamais à utiliser deux fois un même plan. La Levée des Tomahawks est un bel exemple d’un savoir-faire aujourd’hui disparu de la part d’un réalisateur rodé par des kilomètres de serials.

Fernand Garcia

Le Levée des Tomahawks est édité pour la première fois en DVD dans une édition spéciale par Sidonis – Calysta dans la collection Western de légende. Comme pour les autres titres de la collection, la copie de La Levée des Tomahawks est superbe, image et son restaurés. En complément, deux interventions: l’une de François Guérif sur les incohérences historiques du film (4 minutes), l’autre par Patrick Brion où il évoque rapidement les westerns de l’année 1952 et revient longuement sur la carrière de Spencer G. Bennet, ses principaux films et les acteurs de Brave Warrior (7 minutes), enfin une galerie photos des affiches du film.

La Levée des Tomahawks (Brave Warrior) un film de Spencer G. Bennet avec Jon Hall, Christine Larson, Jay Silverheels, Michael Ansara, Harry Cording, James Seay, George Eldredge… Scénario : Robert E. Kent. Directeur de la photographie : William V. Skall. Consultant couleur : Francis Cugat. Décors : Paul Palmentola. Montage : Aaron Stell. Producteur : Sam Katzman. Production : Columbia Pictures Corporation. Etats-Unis. 1952. 70 mn. Couleur (Technicolor). Format image : 1.33 :1. Radio 16/9e. Son: Version Française et VOSTF. Tous Publics.