Gungala, la vierge de la jungle – Mike Williams (Romano Ferrara)

Dans la forêt de la Gassau au congo, Wolf et Dany, deux aventuriers s’emparent d’un diamant incrusté dans l’œil gauche d’un totem, le Dieu Mango. L’appât du gain est tellement fort pour Dany qu’il abat son coéquipier avant de prendre le large. Wolf survit. Quelques années plus tard, il est chargé de conduire un couple d’explorateurs, Johnny et Fleur, dans le Katanga, mais ils doivent faire un détour et passer par la forêt de la Gassau…

Gungala, la vierge de la jungle est aussi exotique que les cinémas où il était programmé, des salles avec leur lot de clodos, de mecs louches en gabardine, de cinéphiles déviants, de jeunes amoureux du cinéma, de couples illégitimes et des toilettes sous l’écran à éviter. La seule « préoccupation » d’une partie du public était de se rincer l’œil aguiché par une affiche et des photos particulièrement suggestives. Gungala était la promesse de voir la sœur dévoyée de Jane. Enfin, le héros ou plutôt l’héroïne s’affranchissait des codes moraux pour vivre en toute innocence sa sexualité naissante en offrant au public la beauté de son corps immaculé.

Dans Gungala, Romano Ferrara laisse libre cours à ses fantasmes, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Ruggero Deodato, dans les bonus du second volet des aventures la jeune femme, évoque un homme uniquement intéressé par les scènes de nus, laissant de côté l’histoire, le jeu des acteurs, la photo, et même la mise en scène au profit de longs plans sur le corps des actrices. Il faut reconnaître que le bougre a bon goût, Kitty Swan est charmante, un régal pour les yeux. Hélas, pour nous, Romano Ferrara n’est pas Josef von Steinberg, son imaginaire est très limité. Le simple fait de mettre son actrice au milieu d’animaux sauvages l’excite au plus au point, et la faire courir au ralenti avec ses petits seins se balançant délicieusement, le met, à ne pas en douter, en extase. Le rythme s’en ressent et c’est lentement que l’intrigue progresse.

Entièrement tourné dans les studios romains de Paolis, le film est truffé de stock-shots, c’est totalement folklorique. La bonne idée de Romano est d’avoir placé dans son corps expéditionnaire une autre actrice tout aussi charmante : Linda Veras. Petite blonde sexy qui, excusez du peu, est apparue brièvement dans Le General della Rovere de Roberto Rossellini, Connection de Shirley Clarke et dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, on la retrouve dans des rôles plus consistants dans plusieurs westerns italiens : Le denier face à face et Saludos, hombre de Sergio Sollima, Dieu les crée, moi je les tue de Paolo Bianchini,  Sabata de Gianfranco Parolini, elle abandonnera le cinéma après Le voleur de chevaux d’Abraham Polanski en 1971. Dans Gungala, la vierge de la jungle,  Linda Veras se dévoile gentiment offrant aux spectateurs érotomanes tantôt sa superbe chute de reins tantôt (rapidement) ses beaux seins.

La gageure pour l’équipe de prise de vues était de montrer Gungala nue tout en masquant son pubis, n’oublions pas que nous sommes en 1966, tout y passe: liane, branche, croisement des jambes, etc. jusqu’à ce qu’elle n’adopte une tenue cartoonesque de femme de la jungle. Le personnage de Gungala est limité à quelques longues apparitions et n’est absolument pas moteur de l’action. L’histoire se focalise sur Wolf et le couple d’explorateurs. La sauvageonne Gungala n’a pas une ligne de dialogue et ses apparitions coupent parfois l’action de manière totalement arbitraire. Ce qui importe, c’est sa présence dévêtue et sauvage.

Gungala, la vierge de la jungle est un bon exemple d’un sous-genre du film d’aventures exotiques dans le sillage des aventures de Tarzan revu par le prisme de l’érotisme. Vierge au début, vierge à la fin, Gungala reviendra…

Fernand Garcia

Gungala, la vierge de la jungle ouvre la collection « Filles de la jungle » d’Artus Films. La copie proposée est impeccable et en complément : Les Sauvageonnes, de la littérature aux fumettis en passant par les comics, l’histoire hyper sexy des filles de la jungle et de leurs multiples aventures au cinéma par Julien Sévéon, il en émane une nostalgie pour le XXe siècle, où la création ne connaissait pas les limites d’aujourd’hui et où toutes  les extravagances étaient possibles (30 minutes). Une belle galerie d’affiches et de photos d’exploitation et enfin les films-annonces de Gungala, la vierge de la jungle (1’24) et de Gungala, la panthère nue (2’49). Que du bon !

Gungala, la vierge de la jungle (Gungala, la vergine della giungla) un film de Mike Williams (Romano Ferrara) avec Kitty Swan, Linda Veras, Poldo Bendandi, Conrad Loth, Archie Savage, Alfred Thomas, Antonietta Fiorito, Valentino Macchi… Sujet et scénario : L.A. Rolhemann (Romano Ferrara). Directeur de la photographie : Augusto Tiezzi. Décors : Piervittorio Marchi. Costumes : Walter Patriarca. Montage : Jolanda Benvenuti.  Musique : A.F. Lavagnino. Producteur : Fortunato Misiano. Production : Romana Film. Italie. 1967. 83 minutes. Eastmancolor. VF et VOSTF. Techniscope. Format image : 2.35 :1. 16/9e compatible 4/3. Tous Publics.