Caroline Munro

La dix-neuvième édition de l’Etrange Festival rend hommage à l’une des « déesses du cinéma populaire » des années 70-80.  Souvenir…

Sinbad

Caroline Munro frappe l’imagination des spectateurs en débuts des années soixante-dix dans sa tenue particulièrement sexy du Voyage Fantastique de Sinbad que réalise Gordon Hessler et Ray Harryhausen pour ses merveilleux effets spéciaux. 

Née le 16 janvier 1949, Caroline Munro se destine à des études d’art, quand sa mère fait parvenir une photo de sa fille au l’Evening News pour le concours « Le plus beau visage de l’année ». Elle gagne le premier prix et entre à 17 ans dans le fichier de l’agence de modèles de Lucy Clayton. Elle enchaîne très vite les couvertures et spots publicitaires.

Sa premier apparition au cinéma se fait dans un film d’Alberto Sordi, tourné en partie à Londres, Fumo di Londra (1966).  L’ex-agent artistique devenu producteur, Charles K. Feldman l’embauche pour une apparition en James Bond girl dans sa parodie de 007, Casino Royale, segment que dirige Val Guest.

Repérée en couverture de Vogue par le grand patron de la Gulf and Western, Charles Blundorn, société dans le pétrole et à l’époque propriétaire de la Paramount, il lui fait signer un contrat d’exclusivité pour une année. Elle tourne pour lui sous la direction de Richard Quine, un western en Espagne – nous sommes en plein boom du western européen. A Talent for Loving n’est pas une œuvre impérissable, mais Munro partage l’affiche avec Richard Widmark, elle joue sa fille, et rencontre sur le plateau son futur mari Judd Hamilton.

En 1971, elle décroche à nouveau une apparition dans l’excellent L’abominable Docteur Phibes ainsi que dans sa suite Le retour de l’abominable Docteur Phibes, tous deux de Robert Fuest. Elle y incarne la femme du docteur… décédée ! Son rôle se limite à son cadavre et à des photos.

Caroline Munro devient l’égérie du rhum Lamb’s Navy, et son visage est placardé dans tout le pays. Et c’est dans le hall de la station de métro Victoria, que le patron de la Hammer, Sir James Carreras, la remarque. Il charge son bras droit, James Liggett de faire un teste avec elle. Celui-ci s’avérant concluant, la Hammer signe avec elle un contrat d’un an. Son premier film est Dracula 73 (Dracula A.D. 72) que réalise Alan Gibson avec dans le rôle-titre l’immense Christophe Lee.

 draculac munro

Le Voyage Fantastique de Sinbad est l’œuvre d’un solide artisan du cinéma fantastique, Le cerceuil vivant, Lâchez les monstres, Gordon Hessler. Il offre à Caroline Munro un rôle tout en beauté, celui de l’esclave Margiana. Elle suit Sinbad dans des combats contre des créatures légendaires, œuvres de ce magicien du merveilleux cinématographique Ray Harryhausen. Le film est un beau succès et une indéniable réussite.

La Hammer, lui offre le rôle de Carla dans le plaisant Captain Kronos, Vampire Hunter (1974), écrit et réalisé par Brian Clemens, auteur du scénario du Voyage Fantastique de Sinbad. Clemens, auteur de talent à l’imagination fertile, il travaille pour différentes séries anglaises et écrit pour elle un rôle dans Chapeau melon et bottes de cuir en 1977.

I Don’t Want to Born (1975), est un film fantastique anglais qui bénéficie d’une distribution solide, Ralph Bates, Joan Collins, Donald Pleasence, John Steiner, mais Peter Sasdy n’est pas un réalisateur particulièrement inventif. Munro y incarne une strip-teaseuse dans un rôle secondaire.

C’est pour la société concurrente de la Hammer, l’Amicus, qu’elle tourne sous la direction de Kevin Connors dans l’adaptation d’un classique de la science-fiction d’Edgar Rice Burroughs, Centre terre, septième continent (1976). Le film, aux effets spéciaux un peu désuet, est un grand succès.

C’est un autre rôle secondaire qui va la rendre extrêmement populaire. En 1976, elle croise donc 007, dans un James Bond officiel, L’espion qui m’aimait. Au sommet de la beauté, elle irradie l’écran, dans une participation enfin de compte assez courte. Le film de Lewis Gilbert est non seulement un énorme succès mais l’un des meilleurs de la série. Élégance, humour et trouvaille scénaristique caractérise cet opus. La carrière de Caroline Munro prend un nouveau tournant, les rôles en têtes d’affiches affluent.

James Bond

Stella Star personnage écrit plus ou moins pour elle dans le space opera  StarCrash, mélange de Star Wars et de Barbarella. Réalisé par un ex-assistant de Dario Argento, Luigi Cozzi réussit un film sympathiquement kitch. Munro est entourée par un très bon casting masculin, Christopher Plummer, Marjoe Gortner, David Hasselhoff, Joe Spinell et son mari Judd Hamilton. Fausse grosse production, le film se paie le luxe d’avoir une partition musicale de John Barry, utilisée en boucle. Stella Star est le plus grand rôle de Caroline Munro, durant plusieurs années il fut question d’une suite.

A quelques semaines du début de tournage d’un petit slasher indépendant américain, Daria Nicolodi se désiste de son rôle dans Maniac. Joe Spinell se rappelle alors de Caroline Munro avec qui il avait partagé l’affiche dans Star Crash. Le jeune réalisateur, William Lustig, n’a à son crédit que deux films porno, pourtant séduite par le personnage et la personnalité de Joe Spinell, elle accepte au pied levé, le rôle. Maniac est un choc. L’ambiance glauque du film, la musique électronique obsédante, la composition incroyable de Joe Spinell et les incroyables effets spéciaux de maquillage de Tom Savini. Maniac devient instantanément en ce début des années 80 un classique absolu. Dans un rôle quasi-muet, Caroline Munro trouve ici son meilleur rôle.

maniac Spinell

Elle retrouve avec Joe Spinell, The Last Film Horror (Les frénétiques,1982), tourné en grande partie pendant le Festival de Cannes. Co-écrit par son mari, Judd Hamilton, le film est toutefois bien moins fort que Maniac, avec le même couple de vedette. Cette année-là, elle divorce de Judd Hamilton. Caroline Munro fait alors un break dans sa carrière et ne revient à l’écran qu’en 1986 dans une série B pour teenager Slaughter High.

Produit par René Château, elle est la vedette au côté de la star française de X, Brigitte Lahaie, dans Les Prédateurs de la nuit (1987), comme beaucoup de réalisations de Jess Franco, le casting est des plus étonnants, Helmut Berger, Telly Savalas, Christopher Mitchum, Howard Vernon et Stéphane Audran.

Elle apparaît ensuite dans des films de moindre importance et dans des séries TV. On annonce son retour dans le cinéma de genre pour cette année… un hommage à l’Étrange Festival fort bienvenue…

August Tino