Armageddon Time – James Gray

L’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.

Après s’être aventuré au cœur de la jungle avec l’impressionnant The Lost City of Z (2017) et nous avoir emmenés aux confins de l’univers avec l’odyssée spatiale Ad Astra (2019), Armageddon Time marque un retour aux sources à la fois cinématographique et personnel pour le cinéaste new-yorkais James Gray.

 « Je suis allé dans la jungle et dans le cosmos, et j’ai adoré ça. Mais à un moment donné, on comprend que l’infini est en soi. Et, si on parvient à s’exprimer sincèrement et sans détour, c’est ce qu’on peut faire de mieux. Je voulais rentrer à la maison, et faire un film qui serait le plus personnel possible. » James Gray.

Si les cinq premiers films de James Gray (Little Odessa, 1994 ; The Yards, 2000 ; La Nuit nous appartient, 2007 ; Two Lovers, 2008 et The Immigrant, 2013) se situaient déjà à New York, l’action d’Armageddon Time, son huitième long métrage, se déroule plus précisément en 1980 dans le quartier résidentiel de Flushing du Queens, le quartier d’enfance du cinéaste qui à l’époque était sous l’hégémonie du promoteur immobilier Fred Trump, père de Donald Trump, le futur président des Etats-Unis. Fred Trump siégeait également au conseil d’administration du lycée Kew-Forest School où le réalisateur (et le jeune Paul Graff dans le film) a été inscrit par ses parents afin de le protéger des difficultés et des injustices de la vie, afin de lui assurer le meilleur avenir possible.

Tout au long de sa carrière, James Gray n’a eu de cesse de faire de la famille (liens familiaux, filiation…) sa thématique centrale. Et le moins que l’on puisse dire, est qu’il n’a jamais été tendre avec elle. Chronique familiale presque autobiographique dont l’esprit s’inspire d’œuvres comme Les 400 coups (1959) de François Truffaut ou Amarcord (1973) de Federico Fellini, à travers le portrait du jeune Paul Graff et son passage initiatique de l’enfance à l’adolescence qu’il dépeint dans Armageddon Time, James Gray revisite son enfance avec honnêteté et sincérité. Auteur de tous les scénarios de ses films, sans utiliser ici le genre comme « artifice formel », James Gray se raconte et nous livre incontestablement son film le plus personnel.

Comme le jeune héros du film, James Gray a grandi avec un frère aîné et des parents tous deux enfants d’immigrés juifs aux États-Unis. Son père, fils de plombier, n’a pas eu une enfance facile, mais est parvenu à se hisser dans la classe moyenne en devenant ingénieur. Sa mère était enseignante et présidente de l’association des parents d’élèves de l’école. Lié d’amitié avec Jonathan, un petit garçon afro-américain avec lequel il a été surpris à fumer un joint dans les toilettes du collège, cet incident n’aura pas le même impact sur le parcours des deux enfants. Démunis face au comportement de leur fils qui refuse la monotonie d’une toute tracée et ne rêve que de devenir un grand artiste, les deux parents décident de l’inscrire dans une école plus stricte, la Kew-Forest School. Mais dans cette école, les comportements, les attitudes et les paroles des professeurs, mais aussi des jeunes élèves eux-mêmes, traduisent déjà les notions d’individualisme, de racisme, de discrimination et d’injustice sociale. Notions qui, ajoutées à la désagréable expérience des violences policières qu’il va vivre et au poids de son héritage familial qu’il découvre, vont sonner la fin de l’insouciance et de l’innocence du jeune héros pour laisser place aux peurs adultes. La différence de destin entre les deux écoliers dissipés illustre parfaitement l’implacable mécanique du racisme systémique qui rend le monde injuste et cruel et dont les enfants, premières victimes, prennent très vite conscience. A travers les inégalités socio-raciales que provoquent les rapports de domination entre ceux qui font partie de « l’élite » et « les autres », le cinéaste dénonce les prémices de la société américaine d’aujourd’hui. A l’heure de la contestation de l’autorité parentale et où les rêves qui habitent encore l’esprit participent à construire sa propre identité, sa relation avec ses parents était plutôt compliquée, voire conflictuelle. N’oublions pas d’ajouter la relation privilégiée que le réalisateur entretenait avec son grand-père qu’il admirait et qui lui a permis de développer sa conscience morale. Un grand-père auquel le film s’apparente manifestement à une lettre d’amour.

Si le titre du film fait référence à la chanson de reggae Armagideon Time, écrite et composée par Willie Williams et reprise par les Clash en 1979, il est aussi une manière d’évoquer la guerre froide et la menace d’une guerre nucléaire qui effrayait l’Amérique à l’époque. Armageddon Time raconte l’apprentissage de la vie d’un jeune garçon qui voit son monde bouleversé lorsqu’il prend conscience que le pays et la société dans lesquels il vit ne correspondent plus aux valeurs humaines transmises par la cellule familiale. On peut ainsi considérer qu’Armageddon Time vient aussi traduire ici le bouleversement intérieur que va ressentir le jeune Paul Graff au plus profond de son être.

« C’était dans la bouche de tous les hommes politiques, et derrière ce titre, il y a l’idée que cette « mise à l’écart » de Paul représente pour lui un Armageddon. Le fait d’aller dans une nouvelle école, d’entendre le mot « nègre » proféré sans retenue, d’assister aux interventions de la famille Trump leur expliquant qu’ils n’avaient jamais été des privilégiés, quand c’est tout le contraire, tout ça le choque profondément. » James Gray.

A la base de notre conscience morale, les « petits » moments de la vie nous construisent et nous façonnent pour faire de nous qui nous serons une fois adulte. Concentrés sur ces « petits riens », ces instants « anodins » qui constituent les plus importants moments de la vie, les repas mouvementés, les éclats de violence, les démonstrations d’amour ou les quatre-cents coups des enfants qui font l’école buissonnière, les moments de vie que capture et retranscrit James Gray avec justesse, tendresse et humour, viennent traduire le quotidien d’une famille modeste, unie face aux difficultés du quotidien et toujours habitée par le souvenir de la Seconde Guerre Mondiale, ses racines d’immigrants russes d’origine ukrainienne et l’ombre menaçante de l’antisémitisme. Dans l’univers juif new-yorkais privilégié mais conscient du traitement réservé aux minorités dans le pays, à l’âge de tous les possibles, le jeune Paul Graff se rêve artiste et va se heurter aux règles rigides des adultes que la société tend à lui faire intérioriser.

D’une vérité terrassante, témoin de la fin d’une époque et d’un pays à un tournant important de son Histoire, Armageddon Time est une puissante lecture à la fois politique et sociale qui, malheureusement, résonne toujours quarante ans plus tard. Si c’est Reagan qui est ici aux portes du pouvoir, c’est bien l’Amérique de Trump qui est déjà là. Trump est le constat glacial de ce qu’est devenu l’Amérique des années 80. Si l’histoire du film se déroule dans le passé, celui-ci raconte aussi l’Amérique d’aujourd’hui. Sans avoir recours à un misérabilisme facile et sans crainte de se confronter à ses propres fautes ou à ses erreurs du passé, James Gray inscrit donc ici prodigieusement son histoire personnelle dans l’histoire américaine et les courants culturels des années 1980 tout en faisant exploser au passage le mythe de l’« American Dream ».

Doté d’une sublime esthétique, à la fois sobre et douce, qui donne au film l’air d’avoir été tourné à l’époque à laquelle il se déroule malgré le fait qu’il ait été tourné en numérique, après avoir travaillé ensemble sur The Immigrant et The Lost City of Z, Armageddon Time marque les retrouvailles du cinéaste avec l’immense directeur de la photographie Darius Khondji. On doit au grand chef opérateur les splendides images de films de grands cinéastes comme entre autres : Delicatessen (1991) et La Cité des Enfants Perdus (1995) de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro ; Seven (1995) de David Fincher ; Evita (1996) d’Alan Parker ; Beauté volée (Stealing Beauty, 1996) de Bernardo Bertolucci ; La Neuvième Porte (The Ninth Gate, 1999) de Roman Polanski ; Anything Else (2003), Minuit à Paris (Midnight in Paris, 2011), To Rome with Love (2012), Magic in the Moonlight (2014) et L’Homme Irrationnel (Irrational Man, 2015) de Woody Allen ; My Blueberry Nights (2007) de Wong Kar-Wai ou encore Okja (2017) de Bong Joon-ho, pour ne citer qu’eux.

« L’aspect du film est très différent de tout ce que j’ai pu faire jusqu’à présent. J’ai dû approcher les couleurs, les noirs, tout à fait différemment, parce que ce que James m’a dit de l’histoire était radicalement différent de tout ce qu’un réalisateur avait pu me dire avant. Le film est enraciné dans la réalité, presque comme un film d’anthropologie : l’étude d’une famille à un moment donné de l’histoire. Mais c’est en même temps totalement fictif et poétique, une sorte d’illusion. J’ai adoré l’approche très picturale de James, il m’a encouragé à peindre avec la lumière. » Darius Khondji.

Film aux tonalités automnales et sombres mais baigné d’une lumière solaire dorée, Armageddon Time est nourri des souvenirs d’enfance du cinéaste. Aussi bien en extérieur qu’en intérieur, de jour comme de nuit, basse en contraste, comme une vision qui semble s’évaporer, l’image vient divinement traduire l’idée du souvenir et accentuer une sensibilité à fleur de peau. Bien que son histoire soit personnelle et que sa mise en scène soit toute en retenue, puissamment communicative, l’ambiance très émouvante que dégage le film avec son souffle romanesque et émotionnel singulier, emporte le spectateur et l’amène à se remémorer ses propres souvenirs, à se remémorer ses douze ans avec nostalgie comme peut le faire la lecture d’A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. L’infiniment intime rejoint l’universel.

Parmi les références qui ont guidé le travail de Darius Khondji pour composer la lumière dépouillée de la photographie du film qui lui donne des aspects presque religieux, ce dernier évoque entre autres les peintures de Rembrandt, l’« Arte Povera » – mouvement artistique italien des années 1960 – de Germano Celant ou encore le travail de Gordon Willis sur Le Parrain (The Godfather, 1972) et Le Parrain, 2è partie (The Godfather : Part 2, 1974) de Francis Ford Coppola.

« James voulait donner à son film cette impression de temps perdu, d’un lieu et de personnes qui ne sont plus, à travers la lumière, les mouvements de caméra. Il voulait que son film ait un peu l’air d’une histoire de fantômes. J’adore les fantômes et les histoires de fantômes, et c’est comme ça que j’ai interprété les choses. Je me suis mis en mode passéiste, sachant qu’il voulait aussi certains moments de comédie. » Darius Khondji.

Armageddon Time est un film à la fois hanté et habité. Tirée de sa propre enfance, l’histoire du film est constituée de personnages ayant tous existé. Peuplé de « fantômes », on trouve ici la thématique de « la perte ». L’enfant à la recherche de lui-même qui est au centre de l’intrigue n’est autre que James Gray lui-même, qui, par son geste de cinéaste, ressuscite pour l’éternité les personnes aujourd’hui disparues qui lui sont chères.

Armageddon Time est avant tout un film de personnages nuancés au casting parfait. Sans que le réalisateur n’ait eu d’acteurs précis en tête au moment de l’écriture du scénario, les comédiens à l’affiche du film ont tous ici le privilège d’incarner de très beaux personnages et, dans la véracité des sentiments, leurs interprétations sont d’une rare et précieuse justesse.

Le premier choix du réalisateur pour incarner le personnage de sa mère, Esther Graff, était la comédienne Anne Hathaway (Rachel se marie, 2009 de Jonathan Demme ; The Dark Knight Rises, 2012 et Interstellar, 2014 de Christopher Nolan ; Dark Waters, 2019 de Todd Haynes ; Sacrées Sorcières, 2020 de Robert Zemeckis…) dont il appréciait le travail et ses interprétations audacieuses. Elle est exceptionnelle dans le rôle de cette mère aimante, protectrice et complice qui ne parvient pas à se fâcher contre son fils et va se retrouver dépassée par les évènements.

« J’ai tout de suite eu beaucoup de tendresse pour l’histoire. Connaissant la force de conteur de James, autant au niveau visuel qu’émotionnel, je pouvais imaginer la façon dont il allait faire de cette histoire personnelle, un film aussi touchant que dérangeant. » Anne Hathaway.

C’est sur les conseils d’un ami que James Gray a regardé la série Succession et a été séduit par le jeu du comédien Jeremy Strong (Zero Dark Thirty, 2012 et Detroit, 2017 de Kathryn Bigelow ; Lincoln, 2012 de Steven Spielberg…) qu’il a contacté pour incarner le personnage complexe de son père, Irving Graff. Sa composition du père maladroit, tantôt tendre, tantôt trop violent, est saisissante.

« Il y avait beaucoup de choses à emmagasiner : la musique qu’il écoutait, ses goûts et ses intérêts. On s’est baladés ensemble dans le Queens et c’était pour moi comme une visite guidée de son univers. Je l’ai bombardé de questions pour essayer de me faire un portrait composite de son père et d’en intégrer certains aspects, l’idée n’étant pas d’en faire une imitation, mais de comprendre la nature de cet homme, son essence. » Jeremy Strong.

Le grand-père du cinéaste a grandi en Angleterre où sa mère avait trouvé refuge après le meurtre de ses parents par les Cosaques. Celui-ci a toujours eu un style distingué et très raffiné qui venait d’Angleterre. Magnifiquement incarné par l’acteur britannique Anthony Hopkins (Audrey Rose, 1977 de Robert Wise ; Magic, 1978 de Richard Attenborough ; Elephant Man, 1980 de David Lynch ; Le Bounty, 1984 de Roger Donaldson ; Le Silence des Agneaux, 1991 de Jonathan Demme ; Dracula, 1992 de Francis Ford Coppola ; Les Vestiges du jour, 1993 de James Ivory ; Nixon, 1995 d’Oliver Stone…), Aaron Rabinowitz alias Tony, le grand-père de Paul, est le seul adulte qui parvient à canaliser et à capter l’attention de l’enfant. Paul admire son grand-père et l’écoute. Tout en l’accompagnant et en l’encourageant dans ses choix et ses rêves d’artistes, ce dernier lui inculque son expérience, lui transmet sa sagesse ainsi que de grandes et belles valeurs, dans de merveilleux et très émouvants moments de partage. C’est lui qui, tel un mentor, lui communiquera aussi son désir de liberté et de justice. C’est également à travers lui que Paul fera l’expérience de la maladie et de la mort qui mettra fin à toute une part de rêve comme à son sentiment d’éternité. Anthony Hopkins est à la fois impérial et lumineux dans le rôle du grand-père aimant et aimé.

Enfin, si le casting des enfants n’a pas été chose aisée (recherches, auditions), les choix des presque débutants Banks Repeta, pour le rôle de Paul Graff, et de Jaylin Webb, pour celui de son copain Jonathan « Johnny » Davis qui rêve de travailler pour la NASA mais dont la couleur de peau et l’origine sociale font de lui un « outsider » qui sera abandonné de tous, semblent être une évidence à l’écran tant ils sont justes dans chacune de leurs scènes, qu’elles soient intimes (seul ou en tête-à-tête) ou collectives (les repas de famille, en salle de classe, sortie scolaire). Ils excellent dans ces rôles d’enfants qui, à travers le poids du mensonge, de la trahison et de la responsabilité, découvrent la dureté du monde et perdent leur innocence. Ils brillent dans ces rôles d’enfants en devenir qui rêvent d’un avenir meilleur mais qui seront rattrapés par la brutale réalité des injustices d’un monde impitoyable qui va prendre le dessus sur leurs vies et leurs personnalités. La réalité qui va leur faire comprendre qu’ils vont devoir composer et vivre avec leurs origines, leurs cicatrices et leurs résignations coupables. La réalité qui va leur faire prendre conscience que la vie en société nécessite de faire des compromis et que les individus doivent faire preuve de résilience. Rétrospectivement, on comprend mieux maintenant pourquoi le sentiment de culpabilité hante les personnages de presque tous les films du cinéaste.

« Avant, quand on parlait de franchises, c’était à propos de Mc Donald’s et de Burger King. Maintenant on parle de franchises pour le cinéma. Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment en est-on arrivé là ? » James Gray.

Si James Gray, cinéaste en marge du système (dans le même temps, comment pourrait-on encore considéré qu’il existe des cinéastes dans le système ?), s’interroge à juste titre sur ce qu’est devenu l’art qu’il aime et qu’il défend, Armageddon Time est le parfait contre-exemple du « cinéma » de la « malculture » (Produits culturels de mauvaise qualité, nuisibles à la santé.). Intelligemment mis en scène, Armageddon Time fait acte de résistance. Aller voir Armageddon Time est le meilleur choix à faire pour échapper aux inepties qui inondent les écrans.  

Derrière son récit filmé à hauteur d’enfant et l’apparente « simplicité » de sa forme intimiste de laquelle émerge toute l’ampleur d’Armageddon Time, l’impressionnante maitrise du film, aussi bien scénaristique et thématique que technique ou esthétique, force le respect comme l’admiration. James Gray est indiscutablement l’un des derniers grands auteurs du cinéma américain.

Portrait sublime et délicat d’une famille, mais aussi d’une époque vue à travers les yeux d’un enfant, Armageddon Time est un admirable et puissant drame familial au discours politique critique et engagé. Grand film comme on aimerait en voir plus souvent en salle, brillant, élégant et bouleversant, Armageddon Time invite avec subtilité le spectateur à penser la tolérance et l’« évolution » de la société. Armageddon Time s’inscrit déjà comme un classique incontournable de l’histoire du cinéma. Immanquable.

Steve Le Nedelec

Armageddon Time un film de James Gray avec Anne Hathaway, Jeremy Strong, Banks Repeta, Jaylin Webb, Anthony Hopkins, Ryan Sell, Andrew Polk, Tovah Feldshuh… Scénario : James Gray. Image : Darius Khondji. Décors : Happy Massee. Costumes : Madeline Weeks. Montage : Scott Morris. Musique : Christopher Spelman. Producteurs : Marc Butan, James Gray, Anthony Katagas, Rodrigo Teixeira et Alan Terpins. Production : Focus Features – Keep Your Head – MadRiver Pictures – RT Features – Spacemaker Productions – Universal Pictures. Distribution (France) : Universal Pictures (Sortie le 19 octobre 2022). Etats-Unis. 2022. 1h54. Couleur. Format image : 2.39 :1. Dolby Digital. Tous Publics. Sélection officielle, Festival de Cannes, 2022.