Antiviral – Brandon Cronenberg

Le premier film de Brandon Cronenberg, sélectionné au festival de Cannes dans la section Un Certain Regard en 2012, insuffle de la fraîcheur aux films d’horreur, avec une idée originale menée à bout.

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Amoureux du corps humain et ses entrailles, ou plus précisément de ses mutations possibles, David Cronenberg (Scanners, Vidéodrome) ne pouvait pas s’empêcher de le transmettre à son fils Brandon. Néanmoins le talent du jeune homme se distingue déjà par l’originalité de sa  réalisation et du sujet même si le film pêche parfois des effets de sur-dramatisation un peu trop démonstratifs.

Syd March (Caleb Landry Jones) travaille dans une clinique, spécialisée dans la vente des virus prélevés le corps de célébrités. Malgré la protection particulière des virus, Syd s’injecte les maladies dans son corps afin de les vendre sur le marché noir à l’aide une machine spéciale. Le jour, où il s’injecte le virus mortel et très recherché de la magnifique Hannah Geist (Sarah Gadon), sa machine semble être corrompue.

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Le réalisateur choisit une ambiance cliniquement propre, blanchâtre.  Syd Marche, à la peau transparente, presque livide, on dirait un vampire, se focalise uniquement sur son but – vendre. Il amadoue ses clients avec sa voix posée, douceâtre en ventant les vertus du produit, qui peut apporter la béatitude tant désirée. Les clients, tels des zombies, se jettent sur les produits en espérant les nouveaux virus de leurs idoles.

Pas très éloigné de notre époque, Antiviral évoque la dégénérescence de la starification.  Souvenez-vous combien de fois vous avez vu la publicité avec Julia Roberts ou George Clooney ? La robe sans goût portée aux Golden Globe d’une telle, la cellulite d’une autre. Il suffit d’entretenir le matraquage médiatique pour créer la demande. Certains veulent avoir le grain de beauté de Marilyn Monroe, d’autres les mêmes lunettes que Brad Pitt, ou encore d’autres sont obsédés à perdre des kilos afin de ressembler à Angelina Jolie. Les défauts des stars deviennent leurs atouts, leurs marques de fabrique. Les gens ont un besoin vital des idoles, des dieux pour les suivre et leur ressembler.

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Dans le film, la soif de ressembler à son idole est un peu plus exagérée. Mangerez-vous un steak cellulaire de votre star préférée ? Brandon Cronenberg dit, qu’il faut une pénétration afin de s’approcher de votre idole – c’est beaucoup plus intime, plus sexuel.  Le produit, qui est une maladie, est beaucoup plus attractif grâce à cette approche-là. En exploitant votre rêve, l’industrie pharmaceutique pompe votre argent, votre santé et votre sang comme un vampire.

Pour Antiviral, Brandon, n’a pas eu recours à des comédiens connus, qui auraient peut-être pu nuire à la crédibilité du film, ce qui est courageux de sa part. Avec de véritables choix esthétiques, Brandon réussi son premier film et donne son point de vue intéressant sur les dérives de notre société. Diagnose : un cinéaste en gestation.

Rita Bukauskaite

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Antiviral un film de Brandon Cronenberg, avec  Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Douglas Smith, Lisa Berry, Malcolm McDowell. Scénario : Brandon Cronenberg. Photo : Karim Hussain. Musique : E.C. Woodley. Producteur : Niv Fichman. Production : Rhombus Media. Canada. 2012. 108 mn. Distribution : UFO Distribution.