La Grande Bellezza – Paolo Sorrentino

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Rome, l’été. Sur le Janicule, un touriste japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté devant ses yeux ébahis, victime d’une sorte de syndrome de Stendhal. La ville éternelle c’est la fête, et son chroniqueur le plus cynique et détaché n’est autre que Jep Gamberdella. Bel homme élégant, il est de toutes les soirées, de tous les événements qui comptent dans la capitale depuis de fort nombreuses années. Auteur dans sa jeunesse d’un unique livre, l’âge avançant, il regrette cette carrière d’écrivain avortée.

Paolo Sorrentino retrouve son acteur de prédilection Toni Servillo pour cette déambulation dans Rome. Son personnage principal, une sorte de Truman Capote hétéro, nous entraîne dans des lieux, performances d’artistes et fêtes durant les 150 minutes de ce pensum. Sorrentino pose son regard sur ce petit monde snob par le biais de son chroniqueur, mais que de lieux communs, de redites, cherchant désespérément à être de son temps, Sorrentino multiplie les mouvements de caméra (steadycam, grue, etc.). Se croyant dans les pas du grand Fellini et de sa Dolce Vita, il ne réussit qu’un morne plagiat visuel d’un Dario Argento. Dès les premières images le film accuse son côté toc. Et que dire de sa pseudo dénonciation d’une performeure d’art contemporain, sinon qu’elle touche au ridicule. Son personnage principal n’a strictement aucun intérêt, qu’avons-nous à faire des états d’âme d’un tel has-been ? A quoi renvoi-t-il ? A la nostalgie d’un monde perdu, à sa première relation sexuelle, tout ceci est pauvre, très pauvre… Récemment, l’américain Woody Allen, proposait un To Rome with Love, autrement plus inventif. Mais soyons certain de revoir Sorrentino avec son prochain film à Cannes, tant il représente pour les sélectionneurs le cinéma italien à lui seul. Triste.

August Tino

La Grande Bellezza

La Grande Bellezza, un film de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo, Serena Grandi, Vernon Dotcheff, Sabrina Ferilli, Isabella Ferrari, Carlo Verdone. Scénario : Paolo Sorrentino & Umberto Contarello. Photo : Luca Bigazzi. Musique : Lele Marchitelli. Production : Indigo Film – Medusa Film – Babe Film – Pathé. Italie – France. Format image : 2,35 :1. Couleur. Dolby Digital. Durée : 150 mn. Distribution (salles) : Pathé.